Genève ressuscite ce cinéaste à la carrière inachevée
Le 25 décembre 2021, Jean-Marc Vallée s'est éteint. Le cinéaste québécois a succombé à un arrêt cardiaque laissant derrière lui une filmographie encore en construction, entre films à succès et séries. Mais surtout inachevée, avec des projets plein la tête qui devaient l'envoyer toujours plus haut dans les sphères du cinéma mondial.
Depuis la parution de son premier long métrage, en 1995 avec Liste noire, Jean-Marc Vallée a compilé de nombreuses oeuvres, porté par un désir de mettre au centre de son art les émotions. Mélomane averti, il composait ses partitions avec la douceur des notes et accrochait son spectateur à coups de mélodies poignantes. La musique donnait une résonance pour que l'alchimie cinématographique opère.
Le Geneva International Film Festival (GIFF) lui rend hommage à travers une liste de films qui ont façonné la popularité du Québécois. On peut y retrouver Dallas Buyers Club, Wild, C.R.A.Z.Y. et deux de ces courts-métrages diffusés lors du festival genevois.
Son film Café de Flore ou encore le très sous-estimé Demolition ne sont pas au programme, tout comme ses deux séries d'un très bon calibre: Big Little Lies et la puissante (et sa meilleure réalisation) Sharp Objects - deux séries réalisées pour la chaîne HBO. Qu'importe. Découvrir le metteur en scène canadien, c'est verser dans une toile vertigineuse, où la générosité se démarque par la franchise de son coup de pinceau.
Grand directeur d'acteurs
Parfois un brin mélo, Vallée rééquilibrait le navire grâce à un facteur clé: il était considéré comme un excellent directeur d'acteurs, voire le meilleur du monde par le gratin hollywoodien, écrivait Le Devoir. Il se dit que durant le tournage de Big Little Lies, Reese Witherspoon et Nicole Kidman ont poussé pour qu'il réalise la totalité du show - alors qu'il ne devait qu'en faire deux.
Il suffit également de rappeler comme il a sublimé des acteurs comme Matthew McConaughey et Jared Leto dans Dallas Buyers Club (deux Oscars à la clé), Amy Adams tout en mélancolie dans Sharp Objects, Reese Witherspoon en randonneuse toxicomane dans Wild, ou encore Jake Gyllenhaal brûlé par le chagrin et le deuil dans Demolition.
Celui qui privilégiait caméra à l'épaule et la lumière naturelle avait également une autre obsession: il puisait dans le musique un puits de création pour charpenter ses films. La pianiste Alexandra Stréliski, qui a collaboré avec Jean-Marc Vallée, nous confiait l'amour inconditionnel et la culture musicale qui habitait le réalisateur.
Une ballade voulue par le Giff
Le Giff a la bonne idée de lui rendre hommage à travers ses deux passions: ce parfait mariage (du siècle) entre le cinéma et la musique. Un refrain que Vallée n'a jamais renié. Une immersion créatrice qui prend la forme d'une installation nommée «Mixtape». Une exploration de «l’univers sonore unique du cinéaste mélomane, dont le processus de création est entièrement guidé par la musique», décrit le festival genevois.
Cette exposition permet de capturer les vibrations d'un cinéma doux et abrasif, qui collecte une palette d'âmes aux multiples émotions. Se rendre au GIFF, pour mesurer ce condensé de sensations en musique, est un premier pas dans l'univers du Canadien - si ce n'est déjà fait.
«Mixtape» est à découvrir du 31 octobre au 9 novembre à la Maison Communale de Plainpalais.
