1930. Dans un monde en pleine mutation où tout s'accélère, des moeurs aux automobiles, et où le grand Krach boursier de Wall Street occupe tous les esprits, la riche et noble famille Crawley semble ne plus savoir où se mettre.
Lord Grantham, désormais patriarche vieillissant un peu à l'étroit dans son costume queue-de-pie, voit la société bouger plus vite que lui. La tête remplie d'interrogations sur l'avenir de son fastueux domaine de Downton Abbey, des mauvaises finances familiales et de sa fille aînée et principale héritière, Lady Mary.
Il y a de quoi s'inquiéter, en effet. Mise au ban de la bonne société britannique, après la fuite de son divorce dans la presse à scandale, Mary accepte les humiliations la tête haute et les lèvres pincées, en même temps que les avances d'un séduisant Américain. Entre ses vagues promesses de tirer la famille d'un mauvais pas et quelques Old Fashioned bien corsés, Lady Mary n'est pas difficile à convaincre - nous non plus.
A l'exception de la regrettée comédienne Maggie Smith, décédée l'an dernier à l'âge de 90 ans et dont l'absence pèse sur l'ambiance comme une chape de plomb, tous les protagonistes qui ont fait le sel de ce drame historique pendant quinze ans sont de retour pour son dénouement.
Après six saisons, suivies de deux films en 2019 et 2022, il est donc temps de dire adieu à Downton Abbey. Plus que temps, sans doute, à en juger par un scénario qui manque autant de fraîcheur qu'une tapisserie séculaire dans une forteresse. On a parfois l'impression d'assister à un épisode de cinquante minutes qui traîne exprès en longueur. Juste pour faire durer le plaisir.
On retrouvera en revanche avec délectation le casting royal, les décors pompeux et tous les ingrédients qui ont fait le succès de la saga, ainsi que quelques punchlines délicieusement hors-sol.
Du tintement d'une cuillère à dessert sur un verre en cristal aux accents british, en passant par le sabot des chevaux dans un hippodrome, les gants de dentelle et les robes de gala, sans oublier les innombrables tea-times: les amateurs se régaleront des ultimes troubles familiaux, manigances domestiques et autres prises de tête sur l'organisation du prochain dîner mondain de la famille Crawley.
Axé sur le passage des années et la difficulté de «céder le trône» (ou, à défaut, le témoin), Le Grand Final se joue dans l'atmosphère feutrée caractéristique, entre les pierres de Downton Abbey, les cuisines du sous-sol et les draps de satin de la chambre à coucher. Tout ce qui fait le charme de cette série familiale, tendre et élégante.
Bien que cet ultime volet s'adresse avant tout aux fans nostalgiques, pas besoin d'avoir scrupuleusement suivi tous les épisodes pour savourer ces adieux. Des adieux peut-être pas grandioses, mais émouvants, qui ne manqueront pas d'arracher quelques larmes à ses adeptes.
(Downton Abbey: Le Grand Final, uniquement au cinéma dans les salles romandes à partir du 10 septembre.)