Un peu comme ce mal de dos que vous vous traînez depuis une semaine après avoir éternué trop fort, Eminem vient de nous rappeler qu'on vieillit. Le rappeur de Détroit qui a rythmé nos jeunes années, s'apprête à devenir grand-père. Oui, Marshall Bruce Mathers III, celui qui rappait sa colère dans Stan et Lose Yourself, va bientôt chanter des berceuses à son petit-fils ou sa petite-fille.
L'Américain nous apprend l'heureuse nouvelles avec des images du clip Temporary, publié il y a quelques heures sur sa chaîne YouTube:
Il faut le reconnaître, on s'est déjà sentis un peu nostalgiques (et croulants) en découvrant sa prestation sur la scène des MTV Video Music Awards il y a quelques semaines, lorsqu'il avait débarqué avec une armée de clones pourtant une perruque peroxydée. Oui, comme en l'an 2000 (mais avec ses vrais cheveux, jadis).
Mais on pouvait encore faire semblant que tout allait bien, malgré le fait d’être, en 2024, derrière notre télé au lieu d’être en boîte à hurler «You better lose yourself in the music, the moment, you own it, you better never let it gooooo».
Là, avec ce qu'Eminem nous annonce, on franchit tous un cap. Qui nous démontre que même Slim Shady n’échappe pas aux affres du temps qui passe.
Pour beaucoup, Eminem, c'est cette bande-son de la fin des années 90 et des débuts des années 2000. C'était nos premiers MP3 grésillants, l'époque des baladeurs CD planqués dans les poches de baggy et des écouteurs mal camouflés sous la manche du pull au fond de la classe pour écouter de la musique au lieu d’apprendre le théorème de Pythagore.
The Real Slim Shady tournait en boucle sur nos radios préférées, et on chantait fort et faux en yaourt les paroles de Without Me, jusqu’à en perdre la voix (ou en faire perdre la boule à nos parents - pardon Maman <3).
Eminem, c’était ce rebelle qui parlait de ses emmerdes avec un langage cru, direct, sans détour. C’était un peu notre voix, le porte-parole de notre génération, avec sa rage, ses incertitudes, ses envies d’émancipation.
Et aujourd'hui, ce même Eminem, celui qui incarne encore pour certains d'entre nous, dans le déni, l'adolescence à vif, va devenir grand-père. Hailie Jade, la gamine qu’il nous présentait tendrement dans ses titres, a bien grandi. Elle et son mari seront parents en 2025.
Le plus étrange dans cette annonce, c’est la prise de conscience qu’elle induit chez nous, pauvres adolescents paumés de 30 ans et des poussières: nos idoles vieillissent. Et nous avec. On a troqué nos baggys pour des pantalons de bureau, nos nuits blanches pour des nuits… presque blanches, mais pour cause de bébés qui hurlent ou de dossiers urgents à boucler. Pendant ce temps, Marshall, lui, se prépare à être un grand-père. Un papy.
Mais si cette nouvelle a un goût de nostalgie douce-amère, elle nous rappelle aussi quelque chose de réconfortant. Eminem a beau vieillir, devenir grand-père, il est toujours là. Et sa musique aussi. Parce que même si l'artiste s'est assagi – il a arrêté de boire et de prendre des substances – son groove reste intact. On l’a encore vu récemment, sur des collaborations ou des featurings, prouver qu’il peut rivaliser avec les jeunes rappeurs. A presque 52 ans, Eminem a traversé les décennies, les tempêtes médiatiques, les crises personnelles.
Alors oui, le temps file, et cette annonce de grand-paternité le prouve et le rappelle. Eminem, l’enfant terrible du rap américain, est en train de devenir un patriarche. Mais si on se sent un peu vieux en apprenant ça, rappelons-nous que même si nos idoles vieillissent, la musique, elle, reste éternelle. Et tant qu'on pourra appuyer sur play pour réécouter (et rapper fort et faux - pardon Maman <3) Without Me, on se sentira toujours un peu jeunes. Même avec cette saloperie de mal de dos.