Les autorités napolitaines ne s'attendaient probablement pas à une telle polémique, bien que la réaction suscitée par leur dernière initiative était assez prévisible. Mercredi dernier, la mairie a inauguré une imposante statue sur la Piazza del Municipio, en plein centre-ville.
L'œuvre prend la forme d'une colonne de douze mètres, entourée par un drap coloré et surmonté par une sorte de chapeau blanc, également en tissu. Elle a été réalisée en suivant le projet du désigner italien Gaetano Pesce, décédé en avril dernier, et a coûté 200 000 euros (environ 187 000 francs).
Sur le papier, elle était censée représenter Polichinelle, personnage iconique du théâtre napolitain. Sauf que, pour de nombreux habitants, la statue fait penser à autre chose: «un gigantesque pénis», pose joliment le New York Post. Eh oui, car, en l'espace de deux jours, la statue a fait le tour du monde, et pas pour les bonnes raisons. Les réactions des badauds, recueillies par le quotidien américain, ne sont pas tendres:
«Comment les Napolitains peuvent-ils tolérer une telle abomination? C'est un mystère», ajoute une troisième personne. Pourtant, selon la presse italienne, d'autres riverains ont réagi de manière plutôt amusée. Les commentaires ironiques, les mèmes et les jeux de mots ont fusé sur les réseaux sociaux.
Même le maire de Naples a reconnu qu'il n'a pas pu s'empêcher de penser à un phallus, la première fois qu'il a vu la statue. «L'art doit susciter le débat», s'est-il empressé d'ajouter.
«Il est évident que l'interprétation d'une œuvre est toujours subjective», lui a fait écho Silvana Annichiarico, conservatrice de la statue. «La robe colorée et bigarrée nous dit que Polichinelle a mille identités. Selon une interprétation, il serait même hermaphrodite», a-t-elle osé.
D'autres ont nettement moins apprécié. Dans une lettre adressée aux autorités et signée par plus de 200 femmes, on déplore le «caractère effrontément phallique» de la statue. L'œuvre est «un symbole de la dictature patriarcale», estiment encore les auteurs de la missive, qui exigent son «retrait immédiat».
Face aux critiques, la mairie s'est fendue d'une explication très technique, que voici:
Pas sûr que cela suffira à apaiser les esprits. (asi)