Les chiffres 6 et 7 rendent dingues les profs de maths
Il est des signes qui ne trompent pas. Lorsque le très sérieux Wall Street Journal charge l’une de ses prestigieuses journalistes de pondre une large tartine sur une tendance en provenance des réseaux sociaux, il faut arrêter de scroller et essayer de comprendre. Si on décapsule l’histoire ainsi c’est surtout parce que, sans la plume et l’œil vif d’Ellen Gamerman, on n’aurait jamais pris connaissance du phénomène. Oui, un phénomène. Et il porte un nom: le «Six Seven».
(Calmez-vous au fond de la classe, tout le monde finira par comprendre qu’il n’y a rien à comprendre.)
Pour dire à quel point le sujet est grave, le WSJ est allé à la pêche aux témoignages d’enseignants américains qui sont apparemment au bout du rouleau: «Si vous demandez aux élèves de répondre aux questions six et sept, ils se mettent immédiatement à crier "Siiiix Seveeeeeennnnn"», explique Cara Bearden, une prof de mathématiques qui désormais fait tout ce qui est en son pouvoir pour éviter les équations qui auraient pour réponses les chiffres 6 et 7.
La prof va même plus loin pour que l’on comprenne son enfer quotidien:
@sportscenternext It’s everywhere 😂 (via globalacademyofphoenix_aesd/IG) #espnsocial #67 ♬ original sound - SportsCenter NEXT
Si les ados deviennent dingues à la moindre évocation de de [ce que vous savez], ce serait à cause d’un rappeur, baptisé Skrilla et son morceau Doot Doot (67), qui est sorti il y a 7 mois, alors que son clip date d’il y a... 6 mois (non, ça ne s’invente pas). Le jeune homme de 2...6 ans n’a pourtant pas de grandes théories sous ses dreads pour calmer notre questionnement sans fond, puisqu’il y évoque simplement la 67e rue de Philadelphie, sa ville natale.
Quelques mois plus tard, c’est une vidéo longue de 3...6 minutes qui va ancrer ce nouveau mème internet dans les préaux. Au beau milieu de cette longue séquence, deux gamins crient «Siiix Seveeeennnn» depuis les gradins d’un match de basket. La version raccourcie, postée il y a un mois, a déjà attiré plus de 4 millions de curieux.
Pourquoi? Parce que. Dans l’esprit tiktoké de la nouvelle génération, moins ça a de sens, plus ça se propage. Dans la même veine que le très célèbre et très vite oublié «Quoicoubeh», «Six Seven» abrite tous les ingrédients pour agacer les adultes en quête de réponses qui ne viendront jamais.
D’ailleurs, à l’heure d’écrire ces lignes, il est probable que le phénomène commence gentiment à s’estomper et que le fameux «69» puisse reprendre ses lettres de noblesse au sommet des nombres les plus sexy. Car il n’y a rien de pire pour les mioches qu’une tendance qui se retrouve disséquée par des yeux de personnes matures (vous et presque nous).
Il n’empêche, le délire est allé très loin: «Récemment, une bande de jeunes a poireauté des heures dans un fast-food In-N-Out en attendant l'annonce de la commande numéro 67», lit-on enfin dans le Wall Street Journal. De là à dire que la génération Alpha va d’un jour à l’autre aimer l’algèbre à cause d’un nouveau tic de langage, il y a un pas qu’on ne franchira pas.