La mode, c'est quand même pas mal cyclique. Le slim, ça a été cool, moche, recool, remoche... Et si vous êtes un peu paumés, c'est en passe de redevenir cool (mais allez-y molo quand même).
Idem avec les ballerines: quand j'étais au gymnase (ou au lycée, ou au collège, appelez ça comme vous voulez), on en portait par tous les temps. Les miennes avaient fini par décéder: en plus de puer aussi fort qu'un compost mal oxygéné, il y avait des trous sous chaque semelle. Donc pieds nus sur le trottoir dans la neige. Et là, depuis quelques années, la ballerine a elle aussi fait son retour... Mais avec une bride, sinon vous êtes des ploucs de la fin des années 2000, merci.
Cette fois, c'est au tour d'une chaussure qui était déjà moche jadis et qui n'a pas beaucoup changé de faire son come-back: la basket avec talon intégré, portées jadis dans mon école par un certain nombre de filles courtes sur pattes (et pas hyper sympas, façon petits Yorks qui aboient plus fort qu'un Doberman). Send help.
Au début des années 2010, c'est la créatrice parisienne Isabel Marant qui crée cet objet. Un talon dans une basket, il fallait y penser (ou pas). La fameuse Bekett s'est vendue comme des petits pains, si bien qu'à l'époque, certaines fashionistas ont dû se mettre sur liste d'attente pour acquérir cette chose.
On l'a vue aux pieds de stars comme Rihanna, Beyoncé, Gisele Bündchen... L'étrange basket à talon a même volé la vedette à Queen B dans le clip de sa chanson Love On Top.
La chaussure moche d'Isabel Marant est ainsi devenue l'icône des «ugly shoes». Rappelez-vous de cette sombre époque, où porter la godasse la plus hideuse possible, que ce soit n'importe quelle Balenciaga (ou imitation), des Crocs ou ces sandales UGG poilues qui me donnent presque envie de tout péter, vous envoyait au firmament du cool.
Et celles qui n'avaient pas 500 balles à claquer dans une vraie paire de Bekett ont vite pu se consoler: d'autres marques y sont allées de leurs baskets talons, si bien qu'encore aujourd'hui, on en croise parfois dans les rues de Lausanne.
Difficile à dire toutefois s'il s'agit de fashionistas à la pointe de la mode actuelle, ou si ce ne sont pas simplement des gens du Gros-de-Vaud qui les portent toujours sans savoir que ça ne se faisait plus depuis de longues années. Jadis, on portait la chose avec un slim vraiment très slim, le genre qui coupe la circulation sanguine. Là encore, on ne sait pas si les personnes qui portent le combo baskets à talons + jeans slim le font parce que c'est de nouveau cool, ou parce qu'elles n'ont jamais cessé.
Il y a une douzaine d'années, on en a tant vu qu'on a fini par se lasser. Très fort. Même la créatrice parisienne a fini par le dire dans une interview en 2019: les Bekett et les «contrefaçons vulgaires» lui sortent par les yeux.
Mais oooh, en 2021, que voilà? A peine deux ans après avoir clamé à quel point elle avait été dégoûtée, la créatrice française a semble-t-il digéré la «vulgarisation» de sa chaussure... puisqu'elle en a imaginé une nouvelle version. La Balskee, c'est son nom, est tout aussi vilaine que la Bekett qui a fait les «beaux» jours des années 2010.
La différence avec son ancêtre? La Balskee est encore plus haute, plus compensée, donnant à quiconque la porte une dégaine de cheval (ou de poney).
Le mieux reste tout de même de vous abstenir. Mais si vous voulez vraiment dépenser entre 450 et 500 francs, vous pouvez les porter avec à peu près n'importe quoi: le training informe pour zoner le dimanche sur le canapé, votre skinny jeans dont les coutures écrasent vos veines tant il est trop serré, votre sarouel shoppé à Paléo après vous êtes salopé avec de la moutarde...
Vous pouvez même opter pour une jupe, une robe, un body, comme Beyoncé en 2011, un short avec des franges ou une combinaison d'astronaute. Les fashionistas portent désormais ces chaussures avec absolument tout. C'est ce qu'il y a de magique quand on crée quelque chose qui va avec rien.
@barbara_ines They’re backkk 😍😍
♬ original sound - Adam Wright
A noter qu'il existe quelques modèles un peu moins coûteux, notamment cette paire, issue d'une étonnante collaboration entre Isabel Marant et Converse. Il vous faudra débourser environ 180 francs pour acquérir ces choses.
Rappelons tout de même que ça n'est pas parce que Rihanna a un jour porté de telles horreurs qu'il faut forcément l'imiter. En avril dernier, dans une interview, l'artiste a justement admis regretter s'être montrée seins nus en public ou encore d'avoir laissé sa «culotte à l'air» lors d'événements mode sur le tapis rouge.
Au moins, lorsque la première basket compensée est devenue une it-godasse, les réseaux sociaux n'en étaient qu'à leurs balbutiements. A moins d'avoir eu un Skyblog spécialisé dans la mode, vous pouvez toujours nier avoir porté cette chaussure jadis. Aujourd'hui, ce serait plus compliqué. Protégez-vous: renoncez à cette mode, elle vous veut du mal.