Lana Del Rey est la cible d'une théorie du complot
Elle est adorée ou détestée. Lana Del Rey est une artiste polarisante; talentueuse pour les uns, artificielle et même qualifiée d'arnaque de l'industrie pour les autres
C'est ce deuxième camp qui cherche à décrédibiliser la chanteuse en s'acharnant sur leur clavier pour cracher leur poison sur l'auteure du tube Video Games.
Comme le rappelait Arte, c'est à la suite de son changement de nom et de style qu'elle va s'attirer les foudres des musicos. Passant de Lizzy Grant en 2008 à, trois ans plus tard, Lana Del Rey avec le succès planétaire qu'on lui connaît, c'est à cet instant que les forums de musique ont transpiré cette fumeuse théorie du complot.
Pour faire vite, elle est accusée d'être une «Industry Plant» (une «plante industrielle» transformée en agent secret de l'industrie), selon l'expression consacrée pour caractériser un artiste façonné par une maison de disques.
La première fois que ce terme apparaît, c'est sur le forum Kanyetothe, souligne Arte. Il était question d'un plan machiavélique des studios, selon les fans de Ye, et tous les rivaux de l'artiste sont au final des agents de l'industrie - 50 Cent, Drake, Lil Wayne sont les premiers agents de l'industrie ciblés.
Mais comment ces spécimens sous couverture sont-ils reconnaissables? Il vous faut quatre points pour affiner votre jugement:
- L'ascension doit être fulgurante.
- Accès à des producteurs qui pèsent ou des collabs de renom.
- Avoir des parents riches ou un lien avec l'industrie.
- Posséder une backstory, un passé pour faire vendre.
Lana Del Rey répond à ces caractéristiques, mais il lui est surtout reproché d'avoir cherché à modifier son apparence et changé son style pour mieux percer. Sa stratégie a changé le jour où Lizzy Grant a fait place à Lana Del Rey, qui devient «la version gangster de Nancy Sinatra».
Un coup de comm' pour la New-yorkaise qui a empilé les millions de vues après la diffusion du clip Video Games, en 2012. La recette est gagnante et le pognon pleut comme chez Picsou.
Jalousie, quand tu nous tiens. Pour sûr, le succès n'attire pas que des louanges et Lana Del Rey débecte une paire de puristes. Elle se voit taxée d'apprenti pop star emballée dans un costume d'artiste indie pour ramener des biffetons. En réponse, l'artiste assure pondre des ballades qui sont autobiographiques.
Formatée ou non, l'Américaine a surtout su se réinventer pour mieux percer. Au bûcher les pros de la diatribe.
Or, Lana Del Rey n'est pas la seule à avoir essuyé ces mêmes coups bas. Billie Eilish, Lil Nas X, Doechii, Lizzo, Miki et même Rick Ross ont eux aussi vu leur nom associé à ce phénomène d'«Industry Plant».
Si la «coquille vide botoxée et sans le moindre talent» est devenue une faiseuse de tubes, une icône pour certains, il y a bien sûr des personnes dans l'ombre qui participent au succès. L'industrie a souvent usé de stratagèmes pour concevoir de toutes pièces des superstars qui rapportaient gros. L'exemple actuel de Taylor Swift illustre bien cette tendance loin d'être nouvelle: la pop star était une chanteuse country avant de prendre un virage folk-pop. Et derrière, c'est une armée de personnes: des producteurs, des auteurs-compositeurs en passant par des managers.
Del Rey a réussi à transformer son style et sa musique pour s'adapter à un public de niche. Et ça a fonctionné dans une galaxie virtuelle où les morceaux se ressemblent et sont mitraillés par des algorithmes. Il est difficile de gober cette notion de fausseté dans un monde où l'artificiel règne. Cocasse.