Cette série Netflix va vous mettre les nerfs à vif
Indociles dans son appellation française, Wayward pour la scène internationale, est une série qui sent bon le mystère: des gamins rebelles sont envoyés dans un lycée thérapeutique dans le Vermont pour être remis sur le droit chemin.
Le lieu, Tall Pines, file des boutons à des ados qui n'en ont pas besoin. Cette poussée d'acné se matérialise sous la forme de Toni Collette, directrice d'un établissement pas comme les autres. Evelyn Wade est une réhabilitatrice en chef, une gourou déclarée pour remettre sur les rails une bande de jeunes récalcitrants.
Une thématique qui relance le débat de ces lycées américains aux méthodes douteuses. Ces institutions «thérapeutiques» privées promettent de réhabiliter les adolescents «difficiles» et de les transformer en citoyens civilisés.
Le propos est empoigné par Mae Martin, humoriste de stand-up et auteure de la comédie Feel Good qui a forgé son succès. A la création, Martin endosse également le rôle principal de l'agent de police Alex Dempsey, un homme trans, qui débarque avec sa femme dans le patelin de Tall Pines pour enclencher un nouveau départ après des déboires à Détroit. L'histoire se déroule en 2003, là même où Alex Dempsey découvre cette petite ville (fictive) où tout le monde semble mener une petite existence sympathique, sans histoire, où la communauté évolue en harmonie. Mais bien sûr, comme vous vous en doutez, derrière le vernis, ce n'est pas joli.
Alex va croiser le chemin d'un élève de cet établissement et découvrir alors les méthodes d'une académie qui flirte avec une secte. L'autorité invisible, voire maléfique d'Evelyn va se vérifier sur la femme d'Alex, Laura (Sarah Gadon), ancienne élève et disciple de la directrice du lycée. On découvre alors l'effet et l'emprise de cette bonimenteuse. Passer entre les murs de ce lycée, c'est y laisser son âme à jamais.
Deux ados dans la panade
La toxicité de cet établissement va empoisonner la vie de deux autres lycéennes. On découvre Leila (Alyvia Alyn Lind), l'âme chagrine et toxicomane en dehors des heures de cours, et Abbie (Sydney Topliffe), en perdition scolaire. Cette dernière est envoyée par ses parents à Tall Pines, tandis que son amie fonce à sa poursuite pour la délivrer des mains crasses d'Evelyn. Ces deux jeunes femmes vont constituer la deuxième intrigue du show et passer sous le scalpel de l'autorité d'Evelyn.
Indociles reprend des effets de manche souvent appliqués dans ce genre de série. On pense alors à Wayward Pines, et bien sûr à un Twin Peaks du pauvre, où les habitants tirent à la même corde et complotent en silence. Chez Netflix, ce sont les mêmes ingrédients, les mêmes ressorts d'écriture.
Le trouble est plus ou moins bien tenu, spécialement grâce au talent de Toni Collette, la reine de l'ambiguïté. Ajoutons à cela ce motif qui représente une porte et nourrit notre appétit de l'étrange; ce dessin devient même obsédant et favorise une foule d'interprétations psychanalytiques.
Le mystère couve et Indociles infuse dans nos esprits à force de binge-watcher les 8 épisodes proposés. Et même si les limites du scénario se font sentir, la recette fonctionne plus ou moins bien. La succession de scènes inquiétantes pour muscler la sensation d'effroi et un casting intéressant, les abonnés de Netflix vont découvrir un programme solide, où les indices sont distillés au compte-gouttes pour charpenter ce mystère opaque qui entoure le lycée thérapeutique du Vermont.
«Indociles» est diffusé sur Netflix depuis le 25 septembre.