Souvenez-vous, jadis, lorsque l’on planifiait nos soirées autour de la télé et en fonction du programme. Il y avait un horaire précis, un épisode par semaine, et ce bon vieux magnétoscope à programmer à la seconde près si on avait l’outrecuidance d’avoir autre chose de prévu ce soir-là. Vous vouliez regarder Desperate Housewives? Vous aviez intérêt à avoir bien réglé la chaîne, sinon vous vous retrouviez avec 10 minutes de Questions pour un champion.
Puis est arrivé le binge-watching. Tout d’un coup. Pouf, la magie à la Netflix. On s’est mis à s’enfiler les épisodes comme des shots de tequila un samedi soir.
Sauf que la plateforme a fait machine arrière. Pas complètement. Pas comme HBO qui balance un épisode par semaine aux pauvres camés que nous sommes. Non, Netflix a trouvé un entre-deux: le fameux découpage en deux parties. Et devinez quoi? Ce n'est absolument pas pour des raisons artistiques.
Prenons l’exemple de Mercredi. La saison 2? Coupée en deux. Première moitié ce 6 août. Deuxième le 3 septembre. Et ce n’est pas une exception: Stranger Things, The Witcher, La Casa de Papel, La Chronique des Bridgerton… même merde schéma. Netflix appelle ça une «expérience utilisateur améliorée». Nous, on appelle ça «se faire empapaouter et attendre encore un mois pour voir la suite alors qu’on a déjà payé le renouvellement».
Selon le média Wired, cette stratégie permet tout simplement d’empêcher les gens de s’abonner pour un mois seulement, de tout regarder, puis de se désabonner avant même que leur carte soit débitée pour un deuxième mois. Notamment. Et sur Reddit, les abonnés ne sont pas dupes. Sur le thread r/Netflix, un utilisateur résume l’idée ainsi:
En gros, il y a ainsi deux moments où tout le monde parle de la série. Deux pics d’articles dans la presse. Deux fois plus de tweets. Deux fois plus de vues.
Netflix a commencé à tester ce format dès La Casa de Papel, et le succès a été tel qu’ils ont appliqué le concept à presque toutes leurs séries phares depuis. Plus de visibilité. Plus de temps passé sur la plateforme. Et surtout, plus d’abonnés qui oublient qu’ils payent un mois de plus.
Du côté de Netflix, la réponse officielle est floue. Béla Bajaria, la Chief Content Officer, a confié dans la presse que le modèle du binge reste leur marque de fabrique.
Mais elle ne dit pas non plus que découper une série en deux, c’est mauvais pour le business. Disons que c’est… créatif. Et pratique quand les tournages et la production prennent du retard. Ou en tout cas, c’est une manière presque crédible de l’expliquer.
Au final, ce découpage un brin agaçant nous permet de regoûter un peu à notre ancienne addiction: attendre. Mais cette fois, au lieu de souffrir chaque semaine en attendant un épisode de Lost comme en 2006, on attend un mois pour voir la fin d’une série qu’on a déjà binge-watchée à moitié un dimanche pluvieux.
Et tant pis si ça casse un peu le rythme. Tant pis si on a oublié qui est mort à la fin de la partie 1. La plateforme, elle, n’oublie pas de nous débiter.
Au passage, si vous pensiez vous inscrire pour une semaine gratuite, binge-watcher Mercredi en août, puis revenir en septembre pour la suite… eh bien, sachez que Netflix a supprimé l’offre d’essai gratuit depuis plusieurs années dans la plupart des pays, y compris en Suisse, en France et aux Etats-Unis. Une autre manière de verrouiller les abonnements. Si vous voulez connaître la fin, il faudra passer à la caisse. Au moins deux fois.