Depuis que je suis maman, c'est-à-dire 9 mois, 6 semaines et 8 heures (oui, je compte comme les prisonniers), je me suis rendu compte que je faisais un truc étrange. Un truc que j'avais déjà vu chez d'autres couples sans vraiment y prêter attention.
Quand je veux signifier quelque chose à mon partenaire concernant l'enfant, mais que je ne veux pas l'accabler, parce que je sens que c'est un sujet sensible, je ne vais pas lui dire: «T'étais tout l'après-midi avec elle et tu l'as laissée dans son caca pendant 4 heures???»
Ce genre de remarque, qui, même si on essaie de le dire de la manière la plus neutre possible, découlera forcément sur une tension ou pire, un clash. Alors pour éviter ce genre de désagrément, je passe par mon bébé:
Il est important pour que cela fonctionne que ce genre de remarques soient dites avec la voix «bébé», celle qu'on utilise pour parler à sa progéniture pour lui exprimer qu'on l'aime en lui disant: «Tu sais que tu es le plus beau des bébés? Tu le sais?». C'est la voix mignonne, cul-cul, celle qui part dans les aigües. Avec cette voix et ce ton, on peut dire les pires crasses du monde et c'est bien ça l'avantage.
Evidemment, ça ne sert à rien de parler à l'enfant si votre partenaire n'est pas dans les parages. C'est à lui/elle que le message s'adresse. L'enfant fait juste office de talkie-walkie.
Je me suis rendu compte que cette méthode passive-agressive, je l'utilisais désormais pour des domaines de la vie courante qui, pour le coup, n'ont rien à voir avec l'enfant.
Parfois, quand je suis motivée et inspirée, je me surprends à faire ce genre de remarques en partant en freestyle sur une petite chanson, ce qui amuse beaucoup bébé (beaucoup moins papa).
Est-ce que le message rentre mieux ainsi? Absolument pas, mais cette technique permet de désamorcer une situation tendue, qui, avec un peu de chance, se terminera avec humour et légèreté.
Vous allez vous dire «pauvre papa», mais ne vous inquiétez pas, ça va dans les deux sens. Cette voix perchée dans les aigus, je l'entends aussi de son côté:
Au final, tous les deux, maman comme papa, nous utilisons cette arme sournoise dans un but en particulier: nous refiler la patate chaude (c'est-à-dire l'enfant).
Après avoir marché avec bébé pendant une heure en lui tenant les bras, après l'avoir laissé grimper sur tous les meubles, l'avoir empêché de se tenir aux cactus de la maison, après avoir évité le dixième accident de la journée en l'empêchant de se tenir à une chaise bancale, nous avons cette phrase:
Cette méthode n'est pas éternelle. Au bout d'un moment, l'enfant va vouloir répondre à ce genre de questions débiles ou pire, poser d'autres questions. Il faudra donc trouver d'autres entourloupes.