L'éternel et mythique Don Draper dans Mad Men est toujours là, magnétique, charismatique dès les premières minutes.
Pour s'en convaincre, il suffit simplement de découvrir la première séquence de Vrais voisins, faux amis: Andrew Cooper (Jon Hamm), une pointure de la gestion de fonds spéculatifs, répond à la drague d'Olivia Cross (Kitty Hawthorne), une femme qui bosse également dans le milieu de la finance. Il va lui exposer les soucis qui vont se présenter à elle si elle décide de continuer sa petite entreprise. Ce simple monologue, piquant et cynique, expose de quel bois se chauffe Vrais voisins, faux amis.
Cette nouvelle série estampillée Apple, créée par Jonathan Tropper, qui s'ajoute à la jolie liste (toujours plus longue et solide) produite par la firme à la pomme, offre une jolie vitrine d'un homme au parcours sans faille en face d'une chute certaine.
Car l'histoire du financier au porte-feuille bien garni est un parfait basculement social. Lui, le riche cadre et propriétaire d'une Maserati qui fait du bruit, perd la boussole au moment où il se fait virer comme un malotru.
Non, il ne va pas sombrer dans la folie comme Michael Douglas dans Chute libre (1992), mais la glissade sera bien réelle.
Retrouver de l'embauche? Pour Andrew, ce sera plus complexe que prévu. Ce monde de requins affamés auquel il appartient voudra le manger tout cru; ces mêmes squales qui complotent discrètement pour lui barrer la route et l'accuser (injustement) d’avoir eu une relation sexuelle avec une employée, la fameuse Olivia.
«Coop» dérange et de gros loubards de la finance souhaitent s'en débarrasser pour lui choper ses clients.
Echaudé, fatigué par cette société friquée et cloisonnée, Andrew Cooper voit rouge et décide de cambrioler ses potes blindés pour s'en mettre plein les poches. Il lui faut faire vite, car Cooper a des pensions alimentaires à honorer. Un divorce avec Mel (Amanda Peet), son ex-femme qui l'a trompé avec son meilleur pote, lui pompe pas mal de cash.
Résultat: une crise existentielle, un conseiller financier qui lui affirme qu'il n'a que 6-7 mois d'autonomie avant de voir le navire couler à pic. L'ardoise est plutôt corsée et Andrew étrenne son lot de frustrations.
Avec ses délires de cambriolages, il vise certes à se renflouer, et à se venger de sa classe sociale. Mais surtout, il cherche à étancher une soif d'autodestruction.
La série Vrais voisins, faux amis, alors que son récit semblait sans intérêt à la lecture au premier abord, se révèle être drôle, cynique, excellente quand elle décide de ne pas épargner un certain refrain de la grande bourgeoisie new-yorkaise. Elle l'est d'autant plus lorsque «Coop» s'amuse à revendre des objets tout en insinuant que ses victimes ne se rendront même pas compte de la disparition d'une montre valant plus de 200 000 dollars.
Comme son personnage mythique de Don Draper, Jon Hamm s'enfile des whiskies, jette un regard jugeant sur le monde qui l'entoure. Le publicitaire n'est jamais très loin pour Jon Hamm, usant du même sourire narquois et le front du même genre.
Si le charisme de l'acteur américain est dévastateur, que sa présence peut aisément vous tenir devant l'écran sans rechigner, la série, elle, n'atteint pas des sommets d'écriture. Mais force est de constater que, dans ce mélange de dégringolades conjugale et sociale, harnachée à cette folie cleptomane naissante, le jeu de massacre orchestré par «Coop» pulse une divine sensation pétaradante dans ce monde tout lissé et ennuyeux des riches new-yorkais.
Jon Hamm prend son pied, Amanda Peet ou encore Olivia Munn (autre personnage intéressant) sont au top aux côtés de l'acteur. Vrais voisins, faux amis offre un divertissement de très bonne qualité.
Et comme l'écrivait un critique américain, lors de la sortie de la série The Studio: «Encore une excellente série Apple que personne ne regardera». Cette fois-ci, il faudra vous réveiller et activer votre abonnement Apple pour vous délecter d'Andrew Cooper et de son double voleur. L'entreprise en vaut la chandelle.
Vrais voisins, faux amis est disponible sur Apple TV+.