Les têtes tombent dans cette série avec Jennifer Aniston
UBA affrontait l'incertitude après la fusion avortée avec Hyperion, et un avenir trouble se dessinait après de multiples révélations à l'interne. La chaîne devait restructurer sa hiérarchie, faire le ménage pour repartir du bon pied.
UBA fusionne au final avec le réseau NBN: la chaîne s'appelle dorénavant UBN. Alex Levy (Jennifer Aniston) pilote ce nouveau projet et Bradley Jackson (Reese Witherspoon) a pris le large, dans l'Etat de Virginie. Cory Ellison (Billy Crudup) est à Los Angeles, hors du navire, pour produire un métrage. Chip Black (Mark Duplass) vient de diffuser son film documentaire. Et Stella Bak (la toujours intense Greta Lee) continue de survivre dans cette structure qui flippe.
La grande famille UBA qu'on connaissait a volé en éclats. Pour de bon? Sous l'étendard UBN, pas si sûr, mais les morceaux sont difficiles à recoller à force de séismes.
Un puzzle constitué de nouvelles et d'anciennes pièces qui peuvent se transformer en bris de verre - et lacérer froidement. C'est le cas de nouveaux visages appelés à mettre leur grain de sel: Marion Cotillard (présidente du conseil d'administration) et Jeremy Irons (le père d'Alex Levy), par exemple, sans oublier un personnage étonnant campé par Boyd Holbrook.
Désinformation et intelligence artificielle
On plonge alors dans un premier épisode qui (re)plante les enjeux et dépoussière les personnages appelés à donner vie à ce nouveau chapitre, fait de luttes intestines, de désinformation à la pelle ou encore d'interventions liées à l'intelligence artificielle - le désastre guigne.
Dans l'intervalle, Cory revient en trombe pour financer son film jouant de filouteries (et de bassesses) pour soutirer du fric à UBN. Alex Levy va découvrir les deepfake qui vont lui pourrir la vie dans le début de la saison. Bradley Jackson revient au bercail, avec des idées derrière la tête et un étrange informateur qui l'emmène dans un jeu de pistes pour un scoop.
L'adn de The Morning Show n'a pas changé pour un sou: il s'agit toujours de cette grande maison digne d'un panier de crabes, où tout le monde tente d'exister et ses occupants de se tolérer.
Après un premier épisode poussif, très poussif où chacun et chacune verse dans une crise existentielle générale, l'intérêt se porte sur la transformation de la consommation de l'information. Les discussions se multiplient et dérivent vers l'infodivertissement, un mot vulgaire pour les anciens d'UBA lors d'échanges verbaux dignes d'un débit de boissons le soir d'un match de foot.
Des personnages toujours aussi nombreux
Loin de l'intensité de Succession, à distance respectable d'une production telle que The Newsroom, la série Apple plaît toujours par sa grande palette de personnages, d'histoires qui s'enchevêtrent entre scoops et indiscrétions, entre romances et trahisons. UBN encapsule sous nos yeux rougis par la cadence des épisodes, des âmes tourmentées et flottantes qui se fraient un chemin dans la jungle de l'information.
Lors de la saison 3, UBA prenait l'eau au moment de la diffusion des «UBA Leaks». Un avis de tsunami frappait la boîte, après des accusations de racisme et tout le tintouin.
Le récit montre, sans exception aucune, des personnages qui sont au bord du précipice - certains vont d'ailleurs dégringoler. Tout ça paraît insupportable pour notre cohorte de dépressifs et frustrés des médias.
On pense alors à Cory Ellison, le si excellent Billy Crudup, qui rôde et tente de faire financer son film. Il est l'ombre dans le sillage de UBN, les casseroles en prime et les munitions pour répondre. Un combat que mène également Stella, en usant de son intransigeance pour naviguer dans les eaux troubles de l'entreprise, quitte à se noyer. On peut désormais intégrer dans cette clique le trublion campé par Boyd Holbrook, Brodie, un podcasteur qu'on qualifiera de détonateur à plusieurs égards.
Comme les nombreux plans s'évertuent à le capturer, cette tour qui abrite UBN est un château de cartes qui peut s'effondrer à tout moment. La métaphore est toute trouvée. Et la seconde partie de la saison imprime un rythme qui s'intensifie pour balayer les cartes maîtresse de la maison, méticuleusement.
Certes, ce quatrième chapitre reste un petit cran en dessous de la saison 1 ou 2, mais cette écriture, ce ton qui réussit à convaincre et ce talent indéniable pour cracher un récit choral cohérent dans un milieu instable et toujours explosif nous démontre la force de The Morning Show.
«The Morning Show» est disponible sur Apple TV+ à partir du 17 septembre. Les épisodes seront diffusés à raison d'un par semaine, jusqu'au 19 novembre.