Dans les Alpes suisses, en 1899. Le début du tourisme hivernal est narré à travers le destin d'André Morel (Cyril Metzger), un hôtelier ambitieux, épaulé par l'aristocrate anglais Lord Fairfax (Simon Ludders).
Un palace en montagne, des péripéties, un climat rude et tempétueux (dans tous les sens du terme), et surtout un pari sur le tourisme qui dessine les contours de la superproduction. Voilà qui qualifie la première série co-produite par la SSR et le mastodonte Netflix. On parle d'un investissement de la SSR à hauteur de 7 millions de francs.
A la manoeuvre, Pierre Monnard (Platzspitzbaby) et la scénariste Lindsay Shapero. Lancée le 26 décembre, Winter Palace se profilait comme le beau cadeau de Noël de la SSR aux téléspectateurs helvétiques, une grande saga alpestre ambitieuse et appétissante sur le papier.
Qu'on se le dise d'emblée: la série mérite qu'on s'y attarde. On se laisse facilement imprégner par les désirs de réussite d'André Morel, personnage inspiré de Cesar Ritz, dont la volonté de réussir coûte que coûte se frotte à l'échec. La rançon des pionniers de chaque secteur.
Les éléments perturbateurs sont d'abord climatiques, puis ils sont humains. Les problèmes viennent d'un Américain qui débarque avec ses grosses bottes pour semer la zizanie et tirer profit d'un tourisme hivernal à ses prémices. Le grand capitaliste tout droit venu du lointain continent compte se faire quelques billets, et manigance dans l'ombre.
En somme, les manoeuvres et les coups bas sont légion dans la série. Une dimension criminelle vient même se greffer, pour mettre un peu de piment à l'histoire.
Des vengeances viennent noircir le tableau de cet élan pionnier au milieu des paquets de neige. Comme tout un symbole, la face sauvage de la montagne laisse transparaître celle de l'hôtellerie. Et dans cette équation de la création d'un nouveau tourisme, il y a des entreprises pour captiver une nouvelle et riche clientèle, user d'une multitude de stratagèmes pour réussir là où personne n'a osé.
Outre les contours de l'épopée économique, on apprécie l'intérêt qui est porté à l'invention du tourisme hivernal, et à son aspect humain. Winter Palace, dans son emballage historique, a des atouts à faire valoir. Mais il manque peut-être du rythme, et d'un vertige; on sent la série un poil figée et très sage dans son exploration du sujet, même si elle ose, parfois, sortir des entiers battus et empoigner pleinement son sujet à deux mains.
On aurait espéré un peu de vaillance, mais Winter Palace reste, au final, une production soignée, qui fait du bien à la création sérielle helvétique. Un projet qui en appellera d'autres, espérons.
«Winter Palace» est à découvrir dès le 26 décembre sur Play RTS et RTS 1.