Après sept films mettant en scène le terrifiant Xénomorphe, le monstre de la saga Alien se décline pour la première fois en série, mise en ligne ce mercredi sur Disney+. Cette première adaptation télévisée marque un tournant pour la franchise qui, près de 50 ans après sa première apparition au cinéma, avait déjà été déclinée en deux spin-off avec la saga Predator, ainsi qu’en romans et jeux vidéo, mais jamais encore pour le petit écran.
Le monstre avait déjà fait son retour l’an passé dans le très bon Alien: Romulus du réalisateur uruguayen Fede Álvarez. Le film revenait à l’essence du chef-d’œuvre Alien de Ridley Scott, sorti en 1979, celui par qui tout a commencé. Revenir aux sources, c’est également l’ambition de la série Alien: Earth, qui situe son intrigue deux ans avant la mission du vaisseau spatial Nostromo, où Ellen Ripley (Sigourney Weaver) fera la découverte de l’implacable organisme extraterrestre.
Si les films nous avaient habitués aux stations spatiales isolées ou aux planètes éloignées, la série Alien: Earth se passe sur notre bonne vieille Terre et tente (enfin) de développer un peu plus l'univers cryptique de la saga. C'était d'ailleurs une des principales volontés de Noah Wiley, showrunner de la série, à qui l'on doit notamment la série Fargo.
Nous sommes en 2120 et les choses ne se sont pas améliorées: il ne fait pas vraiment bon vivre sur la planète bleue. Dans ce monde où coexistent humains et androïdes, l’idéal d’une société démocratique a disparu au profit d’une corporatocratie dominée par cinq multinationales aux ressources infinies.
Parmi elles figure également la société Prodigy, installée dans une mégalopole du même nom, qui n’est pas sans rappeler l’univers de l'autre film culte de Ridley Scott: Blade Runner (1982). Cette multinationale a mis au point une technologie révolutionnaire permettant de transplanter un esprit humain, celui d'une enfant mourante, dans un corps synthétique. Une prouesse donnant naissance à Wendy (Sydney Chandler), un être hybride doté de capacités physiques impressionnantes et d'une conscience humaine.
Or, lorsqu’un vaisseau spatial appartenant la Weyland-Yutani, une mégacorporation concurrente, et contenant des échantillons de vie extraterrestre, s’écrase lors de son retour sur Terre, l’occasion est rêvée pour Prodigy d’y envoyer sa nouvelle création et quelques soldats afin de récupérer la précieuse cargaison.
À partir de là, nul besoin de vous raconter la suite: les fans d’Alien seront en territoire connu. On retrouve évidemment un œuf gluant renfermant un «Facehugger», cet organisme dont la forme évoque des mains prêtes à vous sauter au visage et, dans l’ombre, un Xénomorphe traquant patiemment ses proies. Et pourtant, la série réserve également son lot de surprises, avec d’autres monstres particulièrement répugnants.
Alien: Earth est le reflet de notre époque, projeté un siècle en avant. Un monde où les milliardaires sont devenus des billionnaires, tandis que les plus précaires restent esclaves d’un capitalisme moribond, responsable du réchauffement climatique et de la montée des océans. Dans cet avenir que personne ne souhaite, la technologie a progressé au point que l’intelligence artificielle a atteint son paroxysme, poussant les ultra-riches à rechercher l’immortalité.
La série multiplie également les références à Peter Pan, au travers de son personnage principal, Wendy (Sydney Chandler), une synthétique animée par l’esprit d’une enfant mourante et qui semble entretenir un lien mystérieux avec les créatures. À ses côtés, d’autres «enfants perdus», victimes des ambitions transhumanistes de la corporation. Condamnés par la maladie, ces enfants servent de cobayes à Boy Kavalier (Samuel Blenkin), le jeune dirigeant de la société Prodigy, qui tente de transférer leur conscience dans des corps synthétiques. Ainsi naissent des êtres physiquement supérieurs, mais dotés de la naïveté propre à l’enfance.
La série fait honneur à la science-fiction en abordant des questions éthiques et philosophiques sur l’intelligence artificielle, le transhumanisme ou encore le techno progressisme. Une couche de profondeur qui vient soutenir, tout au long des huit heures que dure la série, des moments anxiogènes, de stress intense et de gore qui ne font pas dans la demi-mesure. La série fait preuve de vrais moments d'horreurs, parfois même bien plus explicites que ce que l'on avait pu voir au cinéma. Elle est d'ailleurs réservée aux estomacs les plus accrochés.
Dans cette série où des êtres synthétiques côtoient des créatures sanguinaires, Alien: Earth a l'intelligence de rappeler que le vrai monstre n'est peut-être pas celui qui vient de l'espace, mais bien celui qui peuple cette planète.
Les deux premiers épisodes de «Alien: Earth» sont disponibles sur Disney+ depuis le 13 août 2025 avec une diffusion hebdomadaire à raison d'un épisode chaque mercredi.