Les crypto-monnaies, c'est comme la bourse, ça monte et ça descend. Mais une semaine après les annonces de Donald Trump sur les droits de douane appliqués au monde entier, ça descend. Ça descend même beaucoup: le Bitcoin a perdu pas loin de 10% en une journée, tombant de 83 000 à moins de 75 000 dollars.
Il est donc temps de remettre une crypto-pièce dans la machine: le bitcoin va-t-il remonter? Est-ce de l'histoire ancienne? On en discute avec Dirk Niepelt, professeur de macro-économie à l'Université de Berne, qui donne notamment un cours nommé «Actifs, dette gouvernementale et cryptos».
Question naïve: c'est la fin du Bitcoin? Va-t-il remonter?
Je n'ai aucune idée. Ce que je sais, c'est que de nombreuses personnes ont pensé qu'il était opportun d'en acquérir comme de bons hedge assets, c'est-à-dire des actifs constituant une sécurité en cas de perturbations du marché.
En tant que valeur refuge, comme l'or?
C'est ça. Certains investisseurs en ont acheté en espérant que, si le marché s'écroule, au moins la valeur de son or ou de ses bitcoins serait préservée. Mais comme on peut le voir aujourd'hui, ce n'est pas forcément le cas, puisque tant l'or que le bitcoin sont en baisse.
Le bitcoin se veut donc plus instable que prévu.
Est-ce qu'il était vraiment plus stable ces six derniers mois? Je vous laisse en juger.
Le Bitcoin devient de plus en plus populaire, pourtant...
Certains en achètent pour être autonomes vis-à-vis des gouvernements, ce qui peut se comprendre rationnellement. D'autres pour spéculer, et encore certains pour de l'évasion fiscale, voire du blanchiment d'argent. Ce que j'observe, sur le temps long, c'est que les banques ont changé d'attitude face au Bitcoin et aux crypto-monnaies: elles s'y intéressent de plus en plus.
Désormais, elles encouragent leurs clients à y être exposés comme une forme d'assurance. Mais jusqu’à présent, les bénéfices restent assez limités.
Comment expliquer ce changement d'attitude des banques?
Les autorités de régulation sont, elles aussi, beaucoup plus ouvertes aux crypto-actifs, en tout cas aux Etats-Unis. En Europe, leur utilisation est très questionnable en termes de régulation financière.
Comment expliquer ce changement d’attitude des banques?
Les autorités de régulation sont devenues nettement plus ouvertes aux crypto-actifs, du moins aux Etats-Unis. Et tant outre-Atlantique qu’en Europe, les banques ont compris que la gestion de crypto-actifs pour le compte de leurs clients était rentable.
Trump avait annoncé vouloir investir dans une «réserve stratégique» de crypto-monnaies. Juste un effet d'annonce?
Les Etats-Unis ont déjà un petit stock, constitué d'actifs saisis à la criminalité organisée. Mais je n'ai pas connaissance du fait qu'ils ont commencé à en acheter. La «Fed» est indépendante du pouvoir politique.
Si les autorités fiscales se décident à le faire, je pense que ce sera en petites quantités.
En tant que professeur, recommandez-vous à vos étudiants d’investir dans les cryptos?
Mes étudiants savent au moins aussi bien que moi ce qu’il faut faire. Je ne leur recommanderais donc pas d’y investir.