Le dollar et l'euro sont à parité. Le franc se vend 1,01 euro et/ou dollar. Au centime près, le taux de change de trois des monnaies phares de l'économie occidentale et mondiale est quasiment équivalent.
Pour la zone euro, la tendance est regrettable. La monnaie commune européenne s'est dépréciée d'environ 40% par rapport au franc suisse depuis sa création, il y a une bonne vingtaine d'années. L'euro est retombé à son plus bas niveau depuis 2015, lorsque la Banque nationale suisse (BNS) avait annoncé la suppression du taux plancher de l'euro à 1,2 franc et créé la panique sur les marchés financiers.
Si la tendance du taux franc-euro était connue, la chute de l'euro face au dollar est plus notable, la monnaie européenne se vendant encore à 1,14 euro au 1er janvier de cette année. En cause: la guerre en Ukraine. La parité avec l'euro représente le niveau le plus bas du dollar depuis... fin 2002. Et cette dégringolade est importante! Car le taux de change dollar-euro est l'un des facteurs les plus essentiels de l'économie mondiale.
Pour les touristes suisses, le moment est parfait pour partir en vacances! Un franc solide, même s'il est surévalué, est un avantage considérable pour les touristes suisses à l'étranger, qui peuvent dépenser plus d'argent qu'au pays.
Les prix de la plupart des pays de la Zone euro sont inférieurs aux prix suisses, et nos salaires sont plus élevés. Avec un taux de change à la parité, cela signifie que vos vacances en Italie, en Espagne ou en Grèce seront moins chères!
Le prix des produits et des services sera plus abordable, et ce dans des secteurs de l'hôtellerie et la gastronomie qui se remettent du Covid, certains commerces en profitant pour proposer des offres alléchantes. Attention du côté des Etats-Unis, où les prix des services sont sensiblement plus proches des prix suisses.
L'invasion russe de l'Ukraine a eu un impact délétère sur les marchés financiers européens et américains, notamment à cause de la forte dépendance en matières premières de l'UE envers Moscou. Dans le viseur: le pétrole et le gaz.
Début juillet, les prix du gaz en Europe, qui craint de possibles pénuries, ont atteint leur plus haut niveau en quatre mois. Une récession sur le Vieux Continent semble inéluctable.
De plus, explique Bilan, la Russie a récemment limité ses exportations de gaz russe en Europe, à cause d'une panne de turbine du pipeline Nordstream 1, ce que les observateurs occidentaux estiment être un prétexte. Le Canada a fourni une turbine à l'Allemagne, mais pour l'heure «sans impact positif» sur le marché, analyse un expert.
Et le dollar a plus que profité de la chute de l'euro provoquée par la guerre en Ukraine. De nombreux investisseurs considèrent la monnaie étasunienne comme plus sûre et apprécient également de pouvoir investir dans une devise disposant de grande quantité de liquidités (comprendre: de jolis billets verts), présente sur le massif marché américain.
La dépréciation rapide de l'euro par rapport au dollar, d'environ 12% depuis le mois de mars, aura donc des conséquences. Les entreprises européennes pourront profiter d'un euro faible pour exporter plus facilement leurs produits, mais seront mises en difficulté sur le marché des matières premières, qui deviendront plus chères, car leur commerce est effectué... en dollars.
La parité euro-dollar a entraîné un phénomène rare: en mai, l'Allemagne, qui est d'habitude la championne du monde des exportations, a fait état d'un déficit commercial pour la première fois depuis 1991.
Une autre raison expliquant la faiblesse de l'euro est la réaction de la Banque centrale européenne (BCE) face à l'inflation galopante. C'est bien simple: elle n'a quasiment rien fait. A titre de comparaison, la Réserve fédérale américaine a relevé son taux directeur à plusieurs reprises et de manière significative — certains diront: de manière agressive.
Pendant ce temps, la BCE s'est contentée de faire une annonce: elle relèvera son taux directeur à la mi-juillet. Une augmentation... d'un petit 0,25%. Il s'agit tout de même d'une première depuis onze ans. Mais la BCE a les mains liées. Elle doit tenir compte des intérêts de pays comme la France, l'Italie ou encore l'Espagne, qui ont tous des dettes nationales record et qui seraient impactés négativement par une trop grande hausse des taux.
Même la BNS s'est émancipée du cours de la BCE, osant faire cavalier seul, et a récemment augmenté de manière surprenante le taux directeur de 0,5%.
Du côté des exportations suisses, les entreprises espèrent que leur chiffre d'affaires, affaibli par la cherté du franc, pourra être stabilisé par la hausse de l'inflation qui affecte leurs concurrents en Allemagne et en France, ce qui régulerait l'offre et la demande. En outre, pour rester compétitives, les entreprises suisses misent beaucoup sur la spécialisation, ce qui leur réussit.
Autrement dit: cela pourrait être pire pour l'économie suisse. D'ailleurs, la part de loin la plus importante des exportations suisses est destinée à l'industrie pharmaceutique, qui est relativement insensible aux fluctuations monétaires. Globalement, ce n'est donc pas la cata.
(acu/daniel zulauf/philip löpfe/igname/ats/awp/dpa)