«Le 20 janvier, pour l'un de mes nombreux premiers décrets, je signerai tous les documents nécessaires pour imposer au Mexique et au Canada des droits de douane de 25% sur tous les produits entrant aux Etats-Unis», a écrit le président élu dans une publication sur son réseau social Truth Social.
Dans un message séparé, il a annoncé une augmentation des taxes douanières de 10%, qui vient s'ajouter à celles existant déjà et à celles supplémentaires qu'il pourrait décider, sur «tous les nombreux produits arrivant de Chine aux Etats-Unis».
Selon Donald Trump, il souvent évoqué le problème de l'afflux de drogues, notamment de fentanyl, un des principaux responsables de la crise des opiacés aux Etats-Unis, avec des dirigeants chinois qui lui ont promis de punir sévèrement les «trafiquants» - «jusqu'à la peine de mort». «Mais ils ne sont jamais allés au bout des choses», regrette le président élu.
L'augmentation des droits de douane, qu'il a souvent décrite comme son «expression préférée» durant sa campagne, est une des clés de la future politique économique du président élu, qui n'a pas peur de relancer la guerre commerciale, notamment avec la Chine, commencée lors de son premier mandat. A l'époque, il avait justifié cette politique par le déficit commercial entre les deux pays et des pratiques commerciales chinoises qu'il estimait déloyales, accusant aussi Pékin de vol de propriété intellectuelle. La Chine avait répliqué par des droits de douane aux conséquences néfastes pour les agriculteurs américains notamment.
Le gouvernement de l'actuel président américain Joe Biden, quant à lui, avait maintenu certains droits de douane sur les produits chinois et en avait imposé de nouvelles taxes en ciblant certains produits.
Des raisons de sécurité nationale peuvent être invoquées pour déroger aux règles fixées par l'Organisation mondiale du commerce (OMC), mais les pays se gardent généralement de recourir à cette exception comme un outil régulier de politique commerciale.
«Personne ne gagnera une guerre commerciale», a prévenu la diplomatie chinoise dans la foulée des déclarations du président élu américain.
Pour sa part, le gouvernement canadien a estimé que la relation entre les deux pays était «équilibrée et mutuellement bénéfique, surtout pour les travailleurs américains». Avant de rappeler en guise d'avertissement que le Canada était «essentiel pour l'approvisionnement énergétique» des Etats-Unis d'Amérique. Dans le pays, où 75% des exportations partent pour les Etats-Unis, la nouvelle a fait l'effet d'une onde de choc. Le premier ministre québécois, François Legault, a estimé que cette annonce représentait «un risque énorme» pour l'économie canadienne. Son homologue de la Colombie-Britannique, David Eby, a estimé qu'«Ottawa devait répondre avec fermeté».
Le Mexique «n'a aucun motif de préoccupation», avait tenté de rassurer la présidente Claudia Sheinbaum au lendemain du scrutin américain. Les trois pays sont liés depuis trente ans par un accord de libre-échange, renégocié sous la pression de Donald Trump lors de son premier mandat.
La capacité des deux voisins des Etats-Unis «à ignorer les menaces du président élu est limitée» tant ils en dépendent, estime Wendy Cutler, vice-présidente de l'Asia Society Policy Institute, cercle de réflexion américain. Et puis, leur accord devait de toute façon être renégocié en 2026.
La désignation la semaine dernière au poste de secrétaire au commerce d'Howard Lutnick, directeur de la banque d'investissement Cantor Fitzgerald et vif contempteur de la Chine, a confirmé la volonté du président élu de tenter de faire plier ses partenaires commerciaux pour obtenir de meilleurs accords et relocaliser la production aux Etats-Unis.
Concernant la Chine, Donald Trump a promis des droits de douane pouvant aller jusqu'à 60% pour certains produits, voire 200% sur les importations de véhicules assemblés au Mexique. Il souhaite aussi réintroduire des droits de douane de 10 à 20% sur l'ensemble des produits entrant aux Etats-Unis et l'Union européenne s'est d'ores et déjà dit «prête à réagir» en cas de nouvelles tensions commerciales. Les économistes alertent sur le potentiel inflationniste d'une telle hausse des droits de douane. (mbr/ats)