Bien décidé à ne pas répéter les «erreurs» du passé en s'entourant de personnes «mauvaises et déloyales», le 47e président élu n'a engagé jusqu'à présent que ses partisans les plus fidèles. Des candidats à même de remplacer les bureaucrates de longue date, que Trump soupçonne de faire partie de ce qu’il appelle «l’Etat profond».
D'Elon Musk à un militaire de Fox News, en passant par une gouverneure au lance-flamme et un tsar des frontières, voici les premiers noms de la «dream team» de Donald Trump.
Cette avocate de 52 ans originaire du Texas a déjà servi servi à la Maison-Blanche pendant le premier mandat de Donald Trump en tant qu'assistante du président au sein du Bureau de l'innovation américaine. Se décrivant elle-même comme profondément conservatrice et fascinée par Ronald Reagan depuis l'âge de huit ans, elle a travaillé plusieurs années pour un groupe de réflexion, la Texas Public Policy Foundation.
En lieu et place de Matt Gaetz, l'élu trumpiste truculent du Congrès dont la nomination avait suscité autant d'émoi que de scandale, Donald Trump a désigné Pam Bondi, qui a assuré sa défense en 2020, pour devenir la nouvelle procureure générale du pays. Forte de vingt ans d'expérience, cette juriste a exercé deux mandats en tant que procureure générale de Floride et a même été la première femme à être élue à ce poste en 2010.
L'ancienne patronne de la fédération de catch WWE, Linda McMahon, a été nommée ministre de l'Education. Un ministère éminemment sensible, alors que l'éducation divise profondément les Etats démocrates et conservateurs, ceux-ci étant farouchement opposés aux questions liées aux droits des femmes, des minorités ou encore des communautés LGBT+.
Après avoir été la porte-parole de la campagne Trump, Karoline Leavitt, 27 ans, deviendra celle de la Maison-Blanche. Un poste aussi prestigieux qu'exposé, qui implique de répondre face caméra aux questions de la presse de manière quasi quotidienne. Rien qui n'effraie ce jeune prodige et la plus jeune personne jamais nommée à cette position.
Chris Wright est le patron d'une société de fracturation hydraulique basée dans le Colorado, Liberty Energy. S'il ne nie pas le changement climatique, ce fervent défenseur des énergies fossiles a émis des doutes sur les liens entre ce dernier et l'aggravation des phénomènes météorologiques extrêmes. Entretenir la flotte d'armes nucléaires américaine et développer la production d'énergie du pays ne sera pas sa seule mission; Chris Wright devrait également rejoindre le potentiel futur ministre de l'Intérieur, Doug Burgum, au sein du tout nouveau Conseil national de l'énergie.
Principal porte-parole de la campagne Trump, Steven Cheung a été nommé tout nouveau directeur de communication à la Maison-Blanche. Cela ne devrait pas tellement dépayser celui qui a occupé le poste de directeur de la réponse stratégique au sein de la première administration Trump, et qui s'est taillé une spécialité pour les attaques agressives et masculinistes. Il a semblé prendre un plaisir particulier à remettre en question la virilité du gouverneur de Floride, Ron DeSantis, qu'il a qualifié d'«eunuque désespéré».
Le gouverneur du Dakota du Nord, Doug Burgum, 67 ans, prendra les rênes du ministère de l'Intérieur, ainsi que du tout nouveau «Conseil national de l'énergie», chargé de «TOUTES les formes d’énergie américaine», a précisé Donald Trump dans un communiqué vendredi. Cerise sur le gâteau, Burgum, qui a brièvement tenté sa chance comme candidat à la présidentielle avant d'appeler à voter pour Trump, siégera en outre au Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche.
L'ancien candidat à la présidence et militant anti-vaccin RFK Jr. a été confirmé à la tête du ministère de la Santé et des Services sociaux par Donald Trump en personne jeudi en fin d'après-midi. Une nomination qui risque de secouer méchamment de nombreux experts en santé publique, alors que le nominé a passé des années à défendre de fausses affirmations selon lesquelles les vaccins causent l’autisme.
Ces dernières années, le congressman de Floride s'était particulièrement illustré dans une discipline qui a fait pas mal d'adeptes au sein du trumpisme: semer la pagaille au Capitole et faire capoter les rêves et carrières de ses adversaires. Souvenez-vous, c'est à cause de ce fanboy de Trump, avocat de profession, qu'il a été impossible de nommer un président de la Chambre des représentants pendant plusieurs semaines.
Rajoutez à cela un passé peu glorieux avec les femmes (et les soucis judiciaires qui en découlent), ainsi que des accusations de relation sexuelle avec une mineure, vous obtenez un sous-fifre ingérable, mais loyal. Tout ce que Trump aime. Pourtant, après une semaine de controverses, Matt Gatz s'est finalement retiré du processus de nomination. Son patron a rapidement entériné son retrait, lui promettant un «bel avenir».
L'ancienne députée démocrate d'Hawaï (si, si) est aujourd'hui une trumpiste convaincue qui a rattrapé son retard. En rogne contre son propre parti et le soutien américain à l'Ukraine, Tulsi Gabbard avait présenté sa candidature aux primaires démocrates en 2020, avant de soutenir celle de Joe Biden. La voilà dans les petits papiers de Donald Trump et, surtout, au sommet des agences d'espionnage du pays. Dix-sept au total, dont le FBI et la CIA. Excusez du peu.
Il fallait bien un tout nouveau département aux deux milliardaires Elon Musk et Vivek Ramaswamy, qui viennent de se greffer à l'équipe gouvernementale mardi soir: le «Département de l'efficacité gouvernementale». Lequel se targue de vouloir «démanteler la bureaucratie gouvernementale», «réduire les réglementations excessives», «diminuer les dépenses inutiles» et «restructurer les agences fédérales».
Au-delà de ces objectifs, on ne sait pas encore comment fonctionnera ce département flambant neuf, dont Donald Trump a annoncé qu’il «fournirait des conseils et des orientations en dehors du gouvernement».
Un peu plus tôt mardi, Trump annonçait avoir choisi Pete Hegseth, coanimateur d'une émission sur Fox News et vétéran d'Irak et d'Afghanistan, pour être son prochain secrétaire à la Défense. Fanboy de Donald Trump depuis son premier mandat, il se voit ainsi récompensé pour sa fidélité en étant projeté à la tête du Pentagone et de 1,3 million de soldats en service actif.
La directrice de campagne de Trump 2024 a été le tout premier choix annoncé du président tout juste réélu. Stratège redoutable et collaboratrice républicaine de longue date, Susie Wiles sera accessoirement la première femme à occuper le poste de cheffe de cabinet.
Collaborateur de longue date de Trump, Stephen Miller a déjà œuvré en qualité de conseiller sur la campagne de 2016, puis en tant que conseiller principal à la Maison-Blanche. Il a orchestré certaines des politiques d'immigration controversées de la première administration, notamment celle de «tolérance zéro» quant à la séparation des familles.
Ancien policier et directeur par intérim de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), Tom Homan sera en charge des frontières sud et nord du pays, ainsi que de «toute la sécurité maritime et aérienne» des Etats-Unis. Il lui incombera de mettre en œuvre la promesse de campagne du boss, qui se résume (pour l'instant) à déporter massivement des millions de migrants illégaux.
Membre du Congrès et fervente supportrice de Trump, elle occupe une position de leader à la Chambre des représentants depuis 2021. Décrite par son futur patron comme «dure et intelligente», elle ne mâche pas ses critiques envers l'ONU, en particulier concernant la position de l'organisation sur Israël.
Farouche défenseur de Trump au cours de son premier mandat, l'ex-représentant de l'Etat de New York au Congrès occupera le poste d'administrateur de l'Agence de protection de l'environnement (EPA). Il compte «restaurer la domination des Etats-Unis sur le secteur énergétique», revitaliser «l’industrie automobile pour ramener des emplois américains» et, enfin, faire de son pays le leader mondial de l’intelligence artificielle. Tout un programme.
Ancien officier de la Garde nationale et vétéran de guerre, notamment en Afghanistan, Mike Waltz est représentant à la Chambre depuis 2019. Réputé pour sa position agressive sur la Chine et l'Iran, il assumera son rôle dans le contexte des guerres en cours, en Ukraine et à Gaza.
La gouverneure du Dakota du Sud, une loyaliste longtemps pressentie pour servir de colistière, a été choisie pour superviser le département de la Sécurité intérieure (DHS), une agence tentaculaire qui gère presque tout - des douanes à la protection des frontières, en passant par l'Agence fédérale de gestion des urgences, jusqu'au Secret Service. L’agence dispose d’un budget de 60 milliards de dollars et de centaines de milliers d’employés.
Marco Rubio sera le nouveau secrétaire d'Etat sous Donald Trump. Véritable «faucon» en matière de politique étrangère, note le New York Times, le sénateur de Floride a adopté une ligne dure à l'égard de la Chine, de l'Iran, du Venezuela et de Cuba en particulier. Il a également réitéré son souhait d'un soutien sans faille des Etats-Unis à Israël.
En parlant d'Israël, c'est l'ancien gouverneur de l'Arkansas Mike Huckabee qui sera chargé d'y représenter les Etats-Unis. Un pays qu'il connait très bien, puisqu'il organise depuis des années des visites de groupes touristiques payantes sur place - et dont il fait la promotion dans les médias à tendance conservatrice.
Ancien membre du Congrès, le conservateur texan fera son retour en tant que grand patron de la CIA. Par le passé, John Ratcliffe a déjà occupé le poste de directeur du Renseignement national entre 2020 et 2021 pendant le premier mandat de Trump - ce qui lui avait valu à l'époque d'être accusé d'avoir déclassifié des renseignements pour les intérêts de l'ancien président.
Ex-membre du Congrès, avocat et vétéran ayant servi en Irak, Doug Collins occupera le poste de secrétaire aux Anciens Combattants. Le républicain devra gérer une agence majeure, chargée de veiller aux intérêts de plus de 16 millions de vétérans - de l'éducation aux prêts immobiliers, en passant par les soins de santé, les obsèques et les indemnités d'invalidité.
Ancienne star de la télé-réalité avant son élection à la Chambre des représentants en 2010 pour le Wisconsin et animateur d'une émission sur Fox Business, Sean Duffy, ancien élu du Congrès de 53 ans et partisan de la responsabilité fiscale, obtiendra un vaste portefeuille fédéral de dépenses pour les infrastructures et de réglementations. «Il donnera la priorité à l'excellence, à la compétence, à la compétitivité et à la beauté lors de la reconstruction des autoroutes, des tunnels, des ponts et des aéroports américains», a indiqué sur futur patron, Donald Trump, dans un communiqué. Sans oublier de mentionner qu'il est le père de «neuf enfants» et sait donc «à quel point il est important pour les familles de voyager en sécurité».
Après s'être revendiqué démocrate durant de nombreuses années, le PDG de la banque d'investissement Cantor Fitzgerald e de 63 ans sera à la tête du département chargé notamment des restrictions aux exportations de produits américains de haute technologie vers la Chine. Il n'a jamais caché son soutien à la volonté du président élu d'imposer des droits de douane de 10 à 20% pour l'ensemble des produits entrant aux Etats-Unis et jusque 60 à 100% pour les produits arrivant de Chine.
De nombreux départements et postes importants sont encore à distribuer, notamment ceux de ministre du Commerce, Travail, Transports, Education, Affaires des anciens combattants, Logement et développement urbain (HUD) ou encore Trésor. Et les prétendants se pressent au portillon et même devant les grilles dorées de Mar-a-Lago. Affaire à suivre!