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L'amour de Trump pour les taxes inquiète l'économie américaine

L'amour de Trump pour les taxes inquiète l'économie américaine
Trump a déclaré que «les taxes sont le plus beau mot du dictionnaire».Keystone

L'économie redoute «une chute dans l'abîme» à cause de Trump

Après la pandémie et la guerre en Ukraine, une victoire de Trump pourrait provoquer le prochain choc mondial des taux d’intérêt. Les entreprises américaines prennent déjà des mesures.
05.11.2024, 20:51
Niklaus Vontobel / ch media
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Cette semaine, Donald Trump pourrait devenir le nouveau président des Etats-Unis, la plus grande économie mondiale. La simple perspective de son retour influence déjà les marchés boursiers et les entreprises, qui se préparent à cette éventualité en anticipant les conséquences de quatre nouvelles années de Trump: inflation, hausse des taux, récession.

L'inflation pourrait revenir

Partout aux Etats-Unis, les entreprises dépendant de fournisseurs étrangers envisagent déjà des augmentations de prix, comme l’a récemment rapporté le Washington Post. Elles souhaitent réagir aux lourdes taxes douanières annoncées par Trump, qui justifie cette rupture avec le libre-échange occidental en affirmant: «Je crois aux droits de douane». Et:

«Les droits de douanes sont le plus beau mot du dictionnaire»

Un magasin d’articles de sport annonce par exemple: «Nous allons augmenter les prix» et avertit: «Il sera très, très difficile de rendre ces produits abordables pour les Américains». Un responsable de vente de pièces automobiles indique également:

«Nous augmentons les prix à l’avance. Nous savons combien les taxes seront élevées»

D’autres entreprises tentent de faire le plein de marchandises chinoises avant que Trump ne puisse imposer ses nouvelles taxes. Les importations de Chine ont augmenté de manière notable, d’après une analyste qui se demande:

«Les entreprises accumulent-elles des réserves en prévision d’une possible guerre commerciale?»

Le retour des taux d’intérêt élevés aux Etats-Unis

Les taux hypothécaires ont récemment augmenté de manière marquée aux Etats-Unis. Marc Zandi, chef économiste de Moody’s Analytics, explique ce phénomène par la conviction croissante des marchés d’une victoire de Trump. Ils croient à ses promesses de hausses des droits de douanes, de réductions d’impôts et de déportations massives d'immigrés.

Selon Zandi, les politiques de Trump feraient monter l’inflation et le déficit public, entraînant ainsi une hausse des taux d’intérêt. Les marchés anticipent déjà tout cela, ce qui conduit à une hausse des taux dès maintenant.

«La hausse des taux hypothécaires montre ce qu’une victoire de Trump signifierait pour l’économie, selon les investisseurs»
Marc Zandi

Après le Covid et la guerre en Ukraine, le «choc Trump»

«Les droits de douane feront plonger l’économie dans l’abîme, où elle restera jusqu’à la normalisation des tarifs», prévoit Marc Zandi. Maurice Obstfeld, ancien économiste en chef du FMI, avertit que d’autres pays pourraient suivre si Trump impose ses taxes. Il dit:

«Ce serait comme lancer une grenade au cœur du système de libre-échange»
Maurice Obstfeld

Un choc économique serait également provoqué par la déportation de 11 millions de migrants illégaux vivant aux Etats-Unis, une mesure plusieurs fois évoquée par Trump durant la campagne, avec des arguments racistes.

Au-delà des souffrances énormes que cela causerait en séparant 5,1 millions d’enfants de leurs parents, le procédé serait aussi extrêmement coûteux. Selon une étude récente, l’économie pourrait chuter de 6,8 % à cause de la perte de consommateurs, travailleurs et contribuables que cela représenterait.

Un autre choc possible serait la mise en place d’une «commission d’efficacité» dirigée par Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, auquel Trump pourrait donner carte blanche. Musk souhaite réduire les dépenses de l’Etat de 2000 milliards de dollars, soit 30% des dépenses totales, en éliminant des programmes vitaux pour des millions de personnes.

Un tel assaut contre l’Etat entraînerait «quelques difficultés temporaires», selon Musk, mais serait, selon lui, nécessaire pour garantir la prospérité. Il a laissé entendre que les déportations massives et les coupes budgétaires devraient faire plonger les marchés avant que l'économie ne connaisse une reprise rapide.

«Les deux prochaines années pourraient être historiques»
Elon Musk

Les banques centrales réduisent leurs taux directeurs

Alors que le double choc – Covid puis guerre en Ukraine – semblait être en passe d’être surmonté, l'inflation et les taux d’intérêt pourraient repartir à la hausse.

Aux Etats-Unis, l’inflation a baissé en septembre à 2,1%. La Réserve fédérale devrait abaisser son taux directeur la semaine prochaine, probablement de 0,25%. Dans la zone euro, la situation est moins favorable: en octobre, l’inflation a légèrement augmenté, mais reste à 2%, dans la cible de la BCE. Sa présidente, Christine Lagarde, a récemment déclaré: «L’objectif est en vue».

En Suisse, l’inflation est faible, voire trop faible. Les prix à la consommation ont légèrement baissé de 0,1% en octobre par rapport au mois précédent. Sur un an, l’inflation n’est que de 0,6%. Il est donc probable que la Banque Nationale suisse réduise encore son taux directeur de 0,25% en décembre et en mars 2025, le ramenant à 0,5%.

(Traduit de l'allemand par Tim Boekholt)

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