Une fois de plus, Bally a un nouveau propriétaire: une filiale de la société d'investissement américaine Regent a repris la marque traditionnelle suisse appartenant auparavant à JAB Holding, comme l'ont annoncé officiellement les sociétés concernées jeudi dans un communiqué de presse commun. La veille déjà, le CEO de Bally, Nicolas Girotto, avait informé tous les collaborateurs de l'entreprise dans un e-mail. Il y évoquait «une nouvelle ère et de nouvelles perspectives pour l'entreprise».
Fondée en 1851 à Schönenwerd, dans le canton de Soleure, l'entreprise Bally a déjà changé de mains à plusieurs reprises au cours de sa longue histoire. Depuis l'an 2000, le siège national et international se trouve au Tessin, à Caslano. L'administration de l'entreprise ainsi qu'une partie de la production y résident: environ 180 000 paires de chaussures y sont fabriquées chaque année, ce qui correspond à un quart de la production annuelle de chaussures de Bally dans le monde.
L'entreprise compte environ 1450 collaborateurs dans le monde, dont 340 travaillent en Suisse – 270 à Caslano. Il n'y a plus que quelques magasins purement Bally en Suisse: à Lugano, Zurich, Lausanne, Lucerne, Genève, Bâle, Davos et St-Moritz. Mais les produits sont vendus dans des centaines de magasins dans le monde entier.
Aucune information n'a été donnée sur le prix de vente à Regent, ce qui n'est pas étonnant puisque Bally ne communique pas non plus de chiffres officiels sur la marche de ses affaires. Selon les estimations, le chiffre d'affaires annuel – avant la pandémie – s'élevait encore à environ 350 millions de francs.
Pendant la crise de Covid-19, l'entreprise spécialisée dans la chaussure et la maroquinerie de luxe ainsi que dans les accessoires de mode a fortement souffert, car les ventes ont par moments totalement disparu sur son principal marché, la Chine, ainsi que dans les boutiques des aéroports. Avec une part de 27%, la Chine est le principal marché de Bally, devant l'Europe (20%), les Etats-Unis (15%) et le Japon (10%).
Bally est désormais intégré au portefeuille de Regent, qui comprend, outre divers titres de médias, des marques de luxe comme Escada et Club Monaco. Sur le site web de Regent, Bally est déjà en bonne position.
Selon lui, cette marque incarne, outre une histoire de 170 ans, un design intemporel, l'élégance et l'artisanat suisses ainsi qu'une qualité incomparable:
La JAB Holding, dont le siège est au Luxembourg et qui gère les actifs de membres de la famille d'entrepreneurs allemande Reimann, avait déjà voulu vendre Bally. Elle avait racheté l'entreprise en 2008 à la société de capital-investissement TPG, qui avait du mal à redresser la marque traditionnelle suisse. En 2018, JAB voulait céder l'entreprise au groupe chinois Shandong Ruyi, mais la transaction a échoué à la dernière minute.
Bally se porte-t-elle bien sur le plan économique? Il est difficile de le dire. Le portail Inside Paradeplatz a publié en juin 2024 un article selon lequel il y aurait des «licenciements à la chaîne» à Caslano. D'autres publications ont parlé d'un gain de chiffre d'affaires par rapport à l'année précédente. Certains observateurs du marché sont convaincus que la vente actuelle n'est pas due à des difficultés économiques, mais que JAB fait simplement le ménage et met de l'ordre dans son portefeuille.
JAB veut en tout cas donner l'impression que l'entreprise qu'ils ont vendue est en bonne santé:
Selon lui, la marque Bally jouit d'une reconnaissance mondiale, tout comme son orientation créative et sa force de renouvellement.
Cette déclaration doit être comprise comme une allusion au directeur créatif Simone Bellotti. Ce dernier a quitté Gucci en 2023 pour prendre la succession du designer Rhuigi Villaseñor, dont le passage chez Bally a duré moins de deux ans. Selon le site internet de mode «Women's Wear Daily», tant Bellotti que Nicolas Girotto, qui occupe le poste de CEO depuis 2019, conserveront leur emploi.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci