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Le prix de l'essence va encore augmenter et voici pourquoi

L'essence coûte plus de 2 francs le litre et ça va encore grimper: voici pourquoi

Alors que l'on pensait le choc énergétique lié à la guerre en Ukraine surmonté, le prix de l'essence augmente à nouveau soudainement. Les principales questions et réponses.
26.09.2023, 12:1526.09.2023, 14:17
Niklaus Vontobel / ch media
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C'est allé très vite. Cet été encore, le prix relativement bas de l'essence était l'un des rares soulagements pour les porte-monnaies éprouvés. Aujourd'hui, la tendance est à la hausse, et elle est presque vertigineuse. Le litre d'essence coûte de nouveau plus de deux francs dans certaines stations.

D'où vient ce brusque revirement? Le prix de l'essence va-t-il encore augmenter? Ou un retournement de situation va-t-il bientôt se produire, de sorte que le plein d'essence coûte à nouveau moins cher?

Pourquoi cette flambée des prix de l'essence?

Les marchés mondiaux du pétrole brut ont connu un revirement de situation. En juin, le pétrole brut se vendait encore à moins de 70 dollars le baril. Le prix se situe désormais environ à 90 dollars, soit une hausse d'environ 30%.

La situation n'est pas aussi terrible qu'après le début de l'attaque russe contre l'Ukraine. A l'époque, le prix s'était envolé à plus de 110 dollars. Le pétrole, actuellement à 90 dollars, est toutefois nettement plus cher que dans les années précédant la pandémie de Covid, où le prix du baril était généralement bien inférieur à 60 dollars.

La flambée des prix est en partie causée par l'Arabie saoudite et la Russie, qui ont toutes deux réduit leur production. L'Agence internationale de l'énergie a récemment averti que les deux pays «créent ainsi un déficit d'offre substantiel sur le marché mondial».

Qu'est-ce qui a déterminé le prix du pétrole récemment?

Actuellement, le prix du pétrole est fortement stimulé par les attentes futures. De meilleures perspectives pour l'économie aux Etats-Unis ou en Chine ont servi de signal pour une demande accrue de pétrole. Le prix a ainsi augmenté. Dans les jours et les semaines à venir, il devrait continuer à monter, descendre et remonter, selon que les nouvelles statistiques prévoient de bonnes ou de mauvaises perspectives.

En ce moment, la Réserve fédérale américaine est au centre de toutes les discussions: celle-ci parviendra-t-elle à ramener l'inflation sous la barre des 2% sans provoquer de récession?

De tels amortissements progressifs n'ont été réussis qu'une seule fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans le Wall Street Journal, un expert ironise:

«Les avions atterrissent en douceur, pas les économies nationales»

On prédit depuis longtemps une récession aux Etats-Unis – celle-ci se fait toujours attendre.

Comment cela s'est-il répercuté en Suisse?

Comme toujours, la Suisse n'a pas pu se soustraire aux hauts et aux bas des marchés mondiaux. Elle dépend de l'importation de carburants diesel et d'essence raffinés. La Suisse achète en effet environ trois quarts de tous les carburants consommés par le trafic routier. Les 25% restants sont acheminés sous forme de pétrole brut vers la raffinerie de Cressier (NE).

Une personne travaille a la raffinerie Varo Energy ce jeudi 17 janvier 2019 a Cressier. La raffinerie Varo de Cressier fabrique des produits, comme l'essence, le diesel, le kerozene et le mazout. ...
La raffinerie de Cressier.Image: KEYSTONE

Néanmoins, les hausses de prix sur le marché mondial ne se répercutent pas à l'identique sur les prix à la pompe en Suisse. Les conséquences sont fortement atténuées, car d'autres coûts viennent s'ajouter au prix du pétrole brut avant que le prix final en Suisse soit atteint.

Ainsi, les taxes étatiques constituent une grande partie du prix final. Par exemple, les taxes sur les huiles minérales, les taxes d'importation et la TVA. Le prix final comprend également les coûts de stockage, de transport jusqu'à la station-service, les salaires, la compensation des émissions de CO2 et le marketing.

Reste que l'essence et le diesel coûtent à nouveau plus cher. Les prix tournent autour de deux francs le litre, un peu en dessous ou au-dessus selon les stations-service. C'est un peu plus qu'en juin, et beaucoup plus qu'avant le Covid.

Le prix va-t-il encore augmenter?

C'est ce que prédisent de nombreux experts. Voilà la mauvaise nouvelle. La bonne, en revanche, est que cela ne devrait pas aller beaucoup plus haut. Ainsi, la banque d'investissement Goldman Sachs s'attend à ce que le prix du Brent atteigne 100 dollars le baril au cours des douze prochains mois.

Un seuil important serait alors atteint. Mais le prix est déjà supérieur à 90 dollars. L'augmentation prochaine ne sera donc pas beaucoup plus douloureuse pour les porte-monnaies.

Le pétrole coûtera-t-il 150 dollars à l'avenir?

Bien sûr, tout peut encore s'aggraver. Un analyste de la banque américaine JP Morgan évoque dans un rapport de recherche un nouveau «supercycle» qui ferait grimper le prix du pétrole à 150 dollars d'ici 2026.

«Attachez vos ceintures, cela va secouer», a prévenu l'analyste sur la chaîne américaine Bloomberg TV. Les prix resteront élevés pendant des années. L'Opep, le cartel des pays producteurs, réduira sa production. Et comme le tournant énergétique est imminent, les investissements dans l'extraction seront moindres.

Il n'y a toutefois pas lieu de craindre l'arrivée du «supercycle» pendant trois ans. Il peut encore se passer beaucoup de choses d'ici 2026, ce qui pourrait l'empêcher.

On peut par ailleurs s'interroger sur les motivations de l'analyste. Si ses prévisions s'avèrent fausses, plus personne n'y pensera dans trois ans. Mais d'ici là, il se peut que des clients aient suivi son pronostic, qu'ils aient restructuré leur portefeuille et aient ainsi apporté des revenus supplémentaires à la banque...

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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