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Pourquoi le chocolat restera cher ce Noël

Voici pourquoi le chocolat sera cher pour la période de Noël.
Le cacao fléchit, mais les prix du chocolat restent élevés à l’approche des fêtes.Image: SIA KAMBOU / AFP / Unsplash, montage watson

Pourquoi le rayon chocolats ne profite pas de la chute du prix du cacao

Après être montés en flèche pendant deux ans, les cours du cacao sont largement retombés cette année, mais sans répercussion sur les prix du chocolat à quelques jours des fêtes de fin d'année. Explications.
11.12.2025, 14:5711.12.2025, 14:57

La Côte d'Ivoire et le Ghana sont les principaux fournisseurs de cabosses, les fruits du cacaoyer, desquels sont extraites les fèves de cacao utilisées pour le chocolat.

Ces deux pays d'Afrique de l'Ouest concentrent plus de la moitié de la production mondiale, le reste étant principalement réparti entre le Nigeria, le Cameroun, ainsi que l'Equateur, l'Indonésie et le Brésil.

Cette concentration de la production mondiale dans quelques zones géographiques rend le marché très vulnérable aux aléas climatiques de l'Afrique de l'Ouest et aux maladies des cacaoyers.

Une explosion historique des prix en 2024

Les récoltes des «saisons 2021-2022, 2022-2023, et 2023-2024 ont été déficitaires» par rapport à la demande, entraînant une hausse mécanique des prix, explique Oran Van Dort, de Rabobank.

Ce déficit s'explique, selon lui, par les mauvaises conditions météorologiques, mais aussi des problèmes systémiques dans les plantations ghanéennes et ivoiriennes, comme «le vieillissement des arbres, la propagation du swollen shoot virus (œdème des pousses du cacaoyer) ou la faible utilisation d'engrais et de pesticides», faute de revenus suffisants.

Résultat, en décembre 2024, le prix du cacao a atteint le niveau inédit de 12 000 dollars la tonne à la bourse de New York, lui qui s'échangeait entre 1000 et 4000 dollars depuis les années 80.

Un agriculteur étale des fèves de cacao en une couche fine et uniforme pour les faire sécher dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby Tiassa, en Côte d'Ivoire.
Un agriculteur étale des fèves de cacao en une couche fine et uniforme pour les faire sécher dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby Tiassa, en Côte d'Ivoire.Image: SIA KAMBOU / AFP

Des cultivateurs mieux compensés

Au Ghana et en Côte d’Ivoire, le prix payé aux producteurs est fixé par l'Etat, qui l'a largement augmenté pendant l'année 2025, après l'avoir longtemps maintenu inchangé malgré la hausse des cours. Kwame Adu, de la région d'Ahafo au Ghana, témoigne:

«Pour la première fois depuis des années, j'ai l'impression que nous cultivons avec le soutien du gouvernement»

La hausse des revenus a permis aux producteurs d'acheter des engrais et des machines pour améliorer la récolte, ainsi que de planter de nouveaux arbres, favorisant leurs perspectives.

Jean Kouassi, agriculteur ivoirien de 50 ans, qui possède 4 hectares de plantation, explique:

«L'année passée (réd: saison 2024/2025), ça s'est bien passé parce qu'au moment où le cacao a donné les fruits, il y avait la pluie.»
Un producteur ivoirien montre des fèves lors du cassage des cabosses dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025.
Un producteur ivoirien montre des fèves lors du cassage des cabosses dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025.Image: SIA KAMBOU / AFP

Des décisions contraignantes

Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank, souligne:

«Le coût record des matières premières a contraint les fabricants de chocolat à prendre une série de décisions impopulaires: réduction des quantités, augmentation des prix, mais aussi la dilution discrète de la teneur en cacao dans les produits.»

La pratique peut même coûter l'appellation «barre au chocolat» à certains produits, comme c'est arrivé aux biscuits Penguin et Club de la marque McVitie's cette année au Royaume-Uni, qui impose un minimum de teneur en cacao.

La demande des géants comme Mondelez, Mars, Ferrero ou Nestlé s'est affaiblie, ce qui, ajouté à la bonne récolte 2024-2025, a entraîné une baisse des cours. La tonne de cacao évolue désormais à New York aux alentours de 6000 dollars.

Des prix qui restent élevés

Mais la baisse des prix du cacao ne profitera pas aux amateurs de chocolat durant les fêtes, celle-ci arrivant «bien trop tard pour affecter les assortiments de Noël déjà produits et dont les prix ont été fixés il y a plusieurs mois», tranche Ole Hansen.

Interrogé, Nestlé reconnaît:

«Les récentes fluctuations des prix du cacao sont encourageantes, mais le marché reste volatil. Il est encore trop tôt pour se prononcer sur des changements spécifiques concernant les prix.»

L'espoir demeure pour les œufs et les lapins de Pâques, selon Hansen, à condition que le marché se stabilise autour des niveaux actuels.

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