Pourquoi le rayon chocolats ne profite pas de la chute du prix du cacao
La Côte d'Ivoire et le Ghana sont les principaux fournisseurs de cabosses, les fruits du cacaoyer, desquels sont extraites les fèves de cacao utilisées pour le chocolat.
Ces deux pays d'Afrique de l'Ouest concentrent plus de la moitié de la production mondiale, le reste étant principalement réparti entre le Nigeria, le Cameroun, ainsi que l'Equateur, l'Indonésie et le Brésil.
Cette concentration de la production mondiale dans quelques zones géographiques rend le marché très vulnérable aux aléas climatiques de l'Afrique de l'Ouest et aux maladies des cacaoyers.
Une explosion historique des prix en 2024
Les récoltes des «saisons 2021-2022, 2022-2023, et 2023-2024 ont été déficitaires» par rapport à la demande, entraînant une hausse mécanique des prix, explique Oran Van Dort, de Rabobank.
Ce déficit s'explique, selon lui, par les mauvaises conditions météorologiques, mais aussi des problèmes systémiques dans les plantations ghanéennes et ivoiriennes, comme «le vieillissement des arbres, la propagation du swollen shoot virus (œdème des pousses du cacaoyer) ou la faible utilisation d'engrais et de pesticides», faute de revenus suffisants.
Résultat, en décembre 2024, le prix du cacao a atteint le niveau inédit de 12 000 dollars la tonne à la bourse de New York, lui qui s'échangeait entre 1000 et 4000 dollars depuis les années 80.
Des cultivateurs mieux compensés
Au Ghana et en Côte d’Ivoire, le prix payé aux producteurs est fixé par l'Etat, qui l'a largement augmenté pendant l'année 2025, après l'avoir longtemps maintenu inchangé malgré la hausse des cours. Kwame Adu, de la région d'Ahafo au Ghana, témoigne:
La hausse des revenus a permis aux producteurs d'acheter des engrais et des machines pour améliorer la récolte, ainsi que de planter de nouveaux arbres, favorisant leurs perspectives.
Jean Kouassi, agriculteur ivoirien de 50 ans, qui possède 4 hectares de plantation, explique:
Des décisions contraignantes
Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank, souligne:
La pratique peut même coûter l'appellation «barre au chocolat» à certains produits, comme c'est arrivé aux biscuits Penguin et Club de la marque McVitie's cette année au Royaume-Uni, qui impose un minimum de teneur en cacao.
La demande des géants comme Mondelez, Mars, Ferrero ou Nestlé s'est affaiblie, ce qui, ajouté à la bonne récolte 2024-2025, a entraîné une baisse des cours. La tonne de cacao évolue désormais à New York aux alentours de 6000 dollars.
Des prix qui restent élevés
Mais la baisse des prix du cacao ne profitera pas aux amateurs de chocolat durant les fêtes, celle-ci arrivant «bien trop tard pour affecter les assortiments de Noël déjà produits et dont les prix ont été fixés il y a plusieurs mois», tranche Ole Hansen.
Interrogé, Nestlé reconnaît:
L'espoir demeure pour les œufs et les lapins de Pâques, selon Hansen, à condition que le marché se stabilise autour des niveaux actuels.
