Economie
Suisse

Immobilier: le «chaos Trump» menace les propriétaires suisses

Nimmt Trump auch die Schweiz in den Fokus? Diese Woche hätte er fast einen Handelskrieg ausgelöst.
Trump prend-il aussi la Suisse pour cible? Il a failli déclencher une guerre commerciale cette semaine.Image: Alexandra Bonnefoy/Rea/Laif

Le franc suisse et les propriétaires sont menacés par le «chaos Trump»

Trump devait lancer une guerre commerciale cette semaine, mais rien ne s'est passé comme prévu. Pourquoi? Parce que le «chaos Trump» a commencé.
10.02.2025, 16:4610.02.2025, 16:51
Niklaus Vontobel / ch media
Plus de «Economie»

Donald Trump avait annoncé des droits de douane contre le Canada et le Mexique – et promis des «résultats spectaculaires». Le spectacle a viré au chaos. Les bourses ont tremblé. Au Mexique, la cheffe d'Etat Claudia Sheinbaum a menacé de représailles. Au Canada, Justin Trudeau a appelé au boycott des produits américains. Et même dans la lointaine Pologne, Donald Tusk a jugé tout cela «inutile et stupide».

Alors Trump a fait volte-face en décidant de tout suspendre pendant un mois. «Que diable vient-il de se passer?», s'est demandé un économiste. Réponse d'un confrère:

«C'est le début du "chaos Trump"»

Mais la situation ne semble plus tout à fait aussi chaotique, à en croire l'ex-stratège en chef de Trump, Steve Bannon, dans le New York Times. Il explique l'obsession des droits de douane et le calcul politique que cela cache. Des tendances se dessinent, et elles n'épargneront pas la Suisse.

Impunité totale de l'élite

Dans son récit empreint d'une bonne dose de colère, Bannon considère que la réélection de Trump fait exploser une bombe dont le compte à rebours a démarré il y a longtemps déjà. Plus exactement lorsque George W. Bush («le président le plus stupide de notre histoire») était aux commandes. Nous étions en 2007, le château de cartes construit par les banques s'est effondré, plongeant le monde entier dans une crise financière – le début de «l'un des plus grands scandales de tous les temps».

Certaines banques sont tombées, toutes ont vacillé avant que l'Etat ne vienne à leur secours. Les petites gens en auraient fait les frais, la plupart ont perdu leur maison – au profit des banques.

Steve Bannon s'insurge:

«Aucun des escrocs responsables n'a été appelé à rendre des comptes. Je parle des avocats, des auditeurs, de toute l'élite»

Lorsque Trump impose des droits de douane élevés, Bannon ne trouve donc pas du tout cela «inutile et stupide». Cela fait partie de la révolution populiste du milliardaire républicain. Pour lui, le système commercial découle d'un ordre injuste d'après-guerre.

Cet ordre n'apporte rien aux petites gens, dit Bannon. Qui seraient néanmoins assommés par des impôts conséquents. Et dont les enfants au service militaire assurent la paix sur le canal de Suez ou dans l'Hindou Kouch. Bannon voit en Trump «l'instrument imparfait» pour mettre fin à tout cela.

Musk, ce «raciste»

Mais l'ex-conseiller et son «armée» populiste doivent se battre pour obtenir les faveurs de l'actuel locataire de la Maison-Blanche. Leurs adversaires: les conservateurs, que Bannon traite de lâches et pire encore, et pour qui les droits de douane de Trump sont «les plus stupides de l'histoire» selon le Wall Street Journal, devenu leur porte-voix.

Et des adversaires, Bannon en a d'autres: Elon Musk ou Jeff Bezos, qu'il insulte avec davantage encore de véhémence. Pour Bannon, Musk en particulier est un «raciste», un «vrai méchant», un «oligarque techno-féodal» qui cherche à asservir la classe ouvrière et la classe moyenne grâce à ses dernières innovations.

En résumé, il y a donc trois groupes qui s'écharpent sur les questions du commerce et des droits de douane:

  • Les populistes.
  • Les conservateurs.
  • Les oligarques.

Tous se battent contre tous. Alors que Trump observe depuis son trône, en laissant parfois un oligarque lécher la poussière devant lui. Il écoutera tantôt les uns, tantôt les autres.

La Suisse, pour une fois plus vulnérable

Il continuera par conséquent à mener une politique commerciale totalement sauvage. Tout peut arriver, à tout moment. Seule certitude: l'incertitude. De quoi provoquer des dégâts. Qui voudra investir alors que, d'un côté, les populistes de Bannon peuvent s'imposer quand bon leur semble et que, de l'autre, les shows de Trump peuvent déraper à tout moment?

Les conjonctures incertaines incitent les investisseurs à la prudence – et en matière de «valeur refuge», quoi de plus sûr que le franc suisse? C'est ce qui s'est passé lors de la crise financière, lorsque le franc s'est fortement apprécié par rapport à l'euro. Idem lors de la crise de l'euro et, dans une moindre mesure, pendant la pandémie de Covid et la guerre en Ukraine. Mais pas cette fois-ci:

«Ce statut de lieu sûr ne joue aucun rôle dans le contexte actuel»
Karsten Junius, économiste en chef de la Banque J. Safra Sarasin

Car la Suisse pourrait tout aussi bien que l'Union européenne être frappée de droits de douane par Trump. Elle est en outre «plus vulnérable». La Suisse n'a qu'un petit marché intérieur. A contrario, celui de l'UE est énorme et lui confère un pouvoir de négociation beaucoup plus grand.

Le mythe de la valeur refuge ne suffit donc pas. Les marchés financiers surveillent de près la position de chaque pays et les conséquences possibles au cas par cas de la tornade Trump. Le franc ne devrait ainsi pas s'affaiblir, mais il ne s'appréciera pas comme il l'a fait par le passé. Les investisseurs ne l'utiliseront plus comme un refuge, car ils le savent désormais que même la monnaie helvétique n'est plus à l'abri des frasques du républicain.

Hausse des taux d'intérêt

Et les propriétaires suisses ne sont pas non plus à l'abri. Si l'on écoute Steve Bannon pester, il est clair que la politique américaine entraînera une hausse globale des taux d'intérêt, y compris chez nous. D'autres forces s'exercent bien sûr par ailleurs, de sorte que les taux d'intérêt suisses pourraient continuer à baisser, mais il y a un effet Donald Trump indéniable, qui pousse les courbes vers le haut.

Car, selon l'ancien conseiller, derrière la querelle sur les droits de douane se cache un autre enjeu – lié aux finances publiques. Bannon veut mettre, comme il dit, «un pistolet sur la tempe des oligarques et des conservateurs». Ils doivent retirer leurs lobbyistes et permettre des économies radicales – en premier lieu sur le «budget obscène de la défense».

Ainsi, ils n'auraient plus à se battre les uns contre les autres dans la coalition du président. Tout le monde y trouverait son compte. Ses «petites gens» verraient leurs impôts diminuer. Les riches «idiots» continueraient à être faiblement imposés, dans le sillage de la baisse voulue par Trump lors de son premier mandat. Les finances publiques seraient plutôt solides.

Du rêve au cauchemar

Mais ce doux rêve pourrait bien ne jamais se réaliser. Economiser, plus facile à dire qu'à faire. Les coupes radicales dans les finances de l'agence de développement USAID ne serviront pas à grand-chose. Son budget représente moins d'1% des dépenses publiques. Et Trump n'a probablement pas réalisé que, ce faisant, il a privé les agriculteurs américains, qui vendent également leurs céréales via l'USAID, d'une manne de plusieurs milliards.

Les droits de douane ne permettent pas non plus de rentrées suffisantes pour couvrir d'importantes pertes fiscales. Les économistes s'accordent largement sur ce point. Et de toute façon, lorsque Trump impose des droits de douane à la Chine, ce n'est pas elle qu'il pénalise, mais bien les consommateurs américains, sur qui se répercuteront des prix plus élevés.

Le rêve de Steve Bannon risque par conséquent de virer au cauchemar. Les droits de douane alimentent l'inflation et les biens de consommation courante deviennent plus chers. La banque centrale américaine, la Fed, ne peut plus réduire ses taux directeurs, elle doit même faire à nouveau l'inverse. Le président d'UBS, Sergio Ermotti, a récemment mis en garde en ce sens. Trump continue de ne pas trop imposer les riches et tient des promesses électorales coûteuses - et tant pis pour les mesures d'économies. L'Etat américain contracte de nouvelles dettes gigantesques et doit payer des intérêts plus élevés qu'auparavant.

C'est au plus tard à ce moment que le «chaos Trump» impacterait également les propriétaires en Suisse. Car selon la banque J. Safra Sarasin, les taux d'intérêt sur les dettes publiques fluctuent généralement ensemble suivant une tendance mondiale. Ainsi, si l'Etat paie des intérêts plus élevés aux Etats-Unis, il n'en ira pas autrement chez nous. Cela entraînerait une hausse de tous les taux d'intérêt, donc aussi des hypothèques.

(Adaptation française: Valentine Zenker)

Un tigre prédit qui va gagner le Super Bowl
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Des employés de Brack.ch doivent postuler à leur propre job
Une restructuration du site de vente en ligne a poussé l'entreprise à recruter dans l'IT. Ceux qui veulent garder leur emploi peuvent envoyer leur candidature.

Imaginez, vous êtes employé dans une entreprise, et votre poste est mis au concours, alors que vous l'occupez toujours. Vous apprenez ensuite que, si vous voulez garder votre emploi, il vous faudra envoyer votre candidature à votre propre employeur...

L’article