Il renverse le président de Madagascar et assure: «On est dans le cadre légal»
Propulsé à la tête de Madagascar par une mutinerie de l'armée ralliée à un soulèvement de la jeunesse, le colonel Michaël Randrianirina, opposant de longue date, s'apprête à devenir président après avoir provoqué la chute du gouvernement d'Andry Rajoelina.
Ce commandant de 51 ans s'est retrouvé sous les feux des projecteurs samedi en tant que chef du contingent rebelle du Capsat, déclarant dans une vidéo qu'ils allaient «refuser les ordres de tirer» sur les manifestants anti-gouvernementaux.
Une transition éclair
Cet événement a marqué un tournant dans un soulèvement mené par la jeunesse qui avait débuté le 25 septembre: le président maintenant déchu Andry Rajoelina avait fui le pays ce week-end-là, avant d'être destitué quelques jours plus tard pour abandon de poste.
D'une allure soignée, Michaël Randrianirina, qui doit être investi président vendredi par la plus haute juridiction du pays, s'est engagé à piloter une transition vers un pouvoir civil qui, selon lui, durerait moins de deux ans.
De détenu à président
Ancien gouverneur du district d'Androy, dans le sud du pays, Michaël Randrianirina a été arrêté en novembre 2023, accusé d'avoir fomenté un coup d'Etat peu avant les élections contestées qui ont reconduit Andry Rajoelina au pouvoir.
L'arrestation aurait été ordonnée par le général Richard Ravalomanana, un allié de Rajoelina et ancien président du Sénat, dont la destitution (dimanche) faisait partie des exigences du mouvement de protestation.
Placé en résidence surveillée avec son complice présumé, Thierry Rampanarivo, et détenu dans un hôpital militaire, Michaël Randrianirina a été condamné début 2024 à une peine d'un an de prison avec sursis pour «atteinte à la sûreté de l'Etat». Michaël Randrianirina a par ailleurs déclaré par écrit:
Jusqu'à ce que Randrianirina et d'autres soldats du Capsat ne rompent les rangs pour dénoncer la répression violente des plus de deux semaines de manifestations menées par des jeunes.
Un homme de foi inspirant la confiance
Rejoignant des milliers de manifestants à Antananarivo ce week-end, Michaël Randrianirina est devenu le visage militaire du mouvement qui a finalement forcé le départ d'Andry Rajoelina. L'analyste et chercheuse Velomahanina Razakamaharavo a déclaré:
Un précédent soulèvement
Le contingent du Capsat possède également un poids symbolique important. Cette division de l'armée, principalement responsable de l'administration et de la logistique, a joué un rôle central dans le coup d'Etat de 2009 qui a permis la première accession au pouvoir d'Andry Rajoelina.
En mars 2009, des soldats stationnés dans la base du district de Soanierana, à environ six kilomètres du centre de la capitale d'Antananarivo, s'étaient mutinés pour protester contre la répression par le président de l'époque, Marc Ravalomanana, d'un mouvement d'opposition qui secouait le pays depuis trois mois. Velomahanina Razakamaharavo explique:
Lylison René de Rolland (également accusé d'«atteinte à la sûreté de l'Etat» en 2017) se tenait aux côtés de Michaël Randrianirina samedi lorsque le Capsat s'est de nouveau mutiné.
Des élections promises au peuple
Avant son investiture vendredi, Michaël Randrianirina a promis des élections dans 18 à 24 mois et a déclaré que la transition inclurait la restructuration des principales institutions. Il a insisté sur le fait qu'il n'y avait pas eu de coup d'Etat, comme il l'a déclaré à des journalistes jeudi:
Velomahanina Razakamaharavo, quant à elle, souligne:
Selon l'analyste, c'est l'occasion de se poser en «dernier rempart» pour «l'équité et le renouveau national», en garantissant:
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