Joe Biden, ainsi que sa famille, affronte désormais un cancer de la prostate, de stade 5, après seulement quatre mois de retraite politique. Un véritable coup dur pour l’homme de 82 ans qui, malgré tout, peut compter sur les progrès de la médecine et les meilleurs praticiens à son chevet pour espérer survivre à cette bestiole «agressive», qui présente une métastase jusqu'aux os. C’est l’angle empoigné par le New York Times cette nuit, qui a convoqué quelques spécialistes pour évaluer ses chances.
Selon l’analyse d’un autre spécialiste de la prostate, Joe Biden «pourrait, espérons-le, décéder de causes naturelles et non d'un cancer», lit-on toujours dans le journal new-yorkais. Comme pour le roi Charles et la princesse Kate, c’est un combat qui sera mené en privé, en famille en priorité.
A l’annonce du diagnostic, dimanche, l’entier de la classe politique américaine a rangé les armes, le temps de prier pour le 46e président et sa famille. Le couple Clinton, les Obama, Kamala Harris et les huiles démocrates en fonction ont logiquement dégainé les hommages.
Michelle and I are thinking of the entire Biden family. Nobody has done more to find breakthrough treatments for cancer in all its forms than Joe, and I am certain he will fight this challenge with his trademark resolve and grace. We pray for a fast and full recovery.
— Barack Obama (@BarackObama) May 18, 2025
Un collège de soutiens auquel les ténors républicains se sont joints, du moins en public, pour adresser par exemple «nos vœux les plus chaleureux à Jill et à sa famille» et souhaiter «à Joe un rétablissement rapide et réussi», comme l’a écrit son éternel ennemi Donald Trump sur les réseaux sociaux. Même la maga-complotiste Marjorie Taylor Greene, connue pour habiller Joe Biden d’insultes aiguisées, a dévoilé un grain d’humanité, en évoquant son père, «décédé d’un cancer de la prostate en 2021». De quoi réchauffer les cœurs les moins dégoulinants.
Fin de l’histoire et début du combat personnel contre la maladie? C’est peu probable.
Sur les réseaux sociaux, autre ambiance. L’armée MAGA, qui n’a pas de responsabilités sur les épaules, a sorti la sulfateuse contre le couple Biden et le clan démocrate. Les fidèles anonymes, mais également les stars du mouvement, jusqu’à la famille Trump.
Pour faire court, l’extrême droite américaine a sauté à pieds joints dans le complot, sans se mouiller la nuque. Mais s’ils peuvent le faire de manière aussi décomplexée, c’est parce que la santé, mentale et physique, de Joe Biden a été au cœur de l’attention politique depuis bientôt deux ans. Avant qu’il n’abandonne la course à la Maison-Blanche, les démocrates et les républicains se sont focalisés, chacun à sa façon, sur les capacités du 46e président à rempiler.
Moqueries, fake news et harcèlement à droite, chuchotements stratégiques à gauche. L’annonce de ce cancer «agressif» ne fait que relancer les théories, parfois fumeuses, autour d’une certaine omerta au sommet du pouvoir américain.
Pour ne rien arranger, la sortie d’un livre d’investigation, le 20 mai prochain, vient secouer le linge sale du clan Biden. Ecrit par deux journalistes stars de CNN et d’Axios, The Original Sin affirme que l’entourage du président a tout fait pour planquer sa santé mentale et physique défaillante en public, allant jusqu’à envisager une potentielle élection en chaise roulante. Le bouquin de Jake Tapper et Alex Thompson est avant tout un livre politique, à charge contre le parti démocrate, qui déroule un argumentaire voulant prouver que ces longs mois de cachotteries ont fait élire Donald Trump.
Alors que Joe Biden a annoncé son cancer de la prostate quarante-huit heures avant la sortie de la bombe littéraire, on peut raisonnablement penser que son contenu va aggraver la santé du parti démocrate, qui peine à se relever de la gifle électorale de novembre dernier.
Aujourd’hui isolé, officiellement affaibli et sans grand soutien parmi les siens, le 46e président devra à la fois combattre la maladie avec courage et observer son clan se renvoyer violemment une patate chaude qui porte en partie sa responsabilité, mais qui ne le concerne plus.
Donald Trump, lui, n’aura même pas besoin d’en rajouter pour que cette interminable chute démocrate se vautre peu à peu dans un passé indécrottable qui, sans grand doute, a vu Joe Biden rater sa fin de carrière.