Une victoire de Donald Trump cette semaine ouvrirait aussi les portes de la Maison-Blanche à JD Vance, son vice-président désigné. Une perspective qui file des cheveux gris à une brouette d'analystes et de spécialistes. Il faut dire que l'auteur du livre à succès Hillbilly Elegy, adapté par Netflix, est un personnage qui interroge.
En 2020, c'est Mike Pence, le vice-président de l'époque qui, alors que Trump restait passif lors de l'attaque du Capitole, avait reconnu la défaite de son clan. Et si JD Vance avait été à sa place? Difficile d'imaginer que le sénateur de 40 ans se serait donné la peine d'apaiser la situation, lui qui n'est pas ami avec le consensus.
Lors de son débat face à Tim Walz en octobre, le colistier est apparu vaillant, le discours clair, sans jamais piocher. Il est resté prompt et précis; il aurait même remporté le débat, «à condition qu'on se fiche de la vérité», écrivait Vanity Fair.
Sa ligne est parfois brutale: sur l'avortement par exemple, l'un des axes principaux de campagne de son parti. Une administration républicaine dirigée par JD Vance utiliserait-elle le pouvoir exécutif pour aider les Etats républicains à surveiller les femmes américaines? «Oui, il le fera», écrivait The Atlantic.
Celui qui a toujours refusé d'admettre la défaite de Trump en 2020 avait déjà affirmé, sans se cacher, qu'«il aimerait que l'avortement soit illégal à l'échelle nationale».
Le sénateur de l'Ohio ne se montre pas plus tendre sur l'immigration. Face à Tim Walz, il a fait montre d'un ton alarmiste, nourrissant les peurs et le fantasme du grand remplacement.
Les chefs d'entreprise s'inquiètent, eux aussi, de l'influence que JD Vance pourrait avoir sur Donald Trump et l'avenir du Parti républicain. Des «red flag» qui pousseraient les entrepreneurs à redouter des résultats financiers médiocres à l'avenir, selon Politico.
JD Vance est en résumé un tremplin pour le populisme qui infuse aux Etats-Unis. Certains se mettent même à redouter que celui qui peut être perçu comme le successeur de Trump remplace son boss plus tôt que prévu si celui-ci devait passer la main de manière anticipée.
A 78 ans, l'ancien président inquiète la presse américaine. Et ce n'est pas son récent meeting en Pennsylvanie où le leader des trumpistes haranguait les foules dans un gloubi-boulga de syllabes et de chorégraphies surprenantes, qui va rassurer le pays.
La méfiance grandit donc face à JD Vance, comme le résume cette tribune du Los Angeles Times. Celle-ci pointe ses prises de position radicales de Vance, mais aussi son improbable virage à 180 degrés. Rappelons que, dans un passé pas si lointain, le colistier républicain était «partisan du mouvement Never Trump» et décrivait son nouveau patron comme le «Hitler de l'Amérique». Il affirmait aussi:
JD Vance semble utiliser les extrêmes pour étancher sa soif d'ambition. Un tel retournement de veste fait dire aux observateurs qu'il serait capable de pousser vers la sortie son chef sans sourciller si l'occasion se présentait. Une victoire de Trump cette semaine va-t-elle faire entrer le loup dans la bergerie?