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Voici les principales faiblesses du plan de paix de Trump

Un pas (peut-être) vers la paix: Donald Trump et Volodymyr Zelensky se serrent la main dans le bureau ovale de la Maison Blanche.
Peut-être un pas vers la paix: Donald Trump et Volodymyr Zelensky se serrent la main dans le bureau ovale de la Maison-Blanche.Image: Presidential Press Service / EPA
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Voici les principales faiblesses du plan de paix de Trump

Les premiers résultats de la grande rencontre à la Maison-Blanche suscitent des réactions contrastées en Ukraine. Notre reporter de guerre est allé recueillir des témoignages sur place.
21.08.2025, 05:2721.08.2025, 05:27
Kurt Pelda / ch media
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Beaucoup de gens en Occident espèrent une fin rapide de la guerre en Ukraine. Commençons donc par l'aspect positif des discussions tenues en Alaska et à Washington: jamais, au cours des trois dernières années et demie, un accord n'avait semblé aussi proche qu’aujourd'hui, cela ne fait guère de doute.

Il faut reconnaître ce mérite au président américain Donald Trump, malgré toutes les critiques légitimes dont il fait l'objet.

La paix n'a jamais été aussi proche

Mais quiconque a suivi la stratégie de la Russie au cours des dernières décennies sait comment le Kremlin négocie: il formule d'abord des exigences maximalistes absurdes, pour ensuite accepter, in fine, un compromis avantageux pour Moscou. Pour l'heure, Vladimir Poutine ne s'est pas encore exprimé clairement et publiquement sur les résultats du sommet de Washington.

En particulier, il n'a pas réagi aux propositions occidentales portant sur des garanties de sécurité pour l'Ukraine. Jusqu'à présent, le maître du Kremlin les a toujours rejetées avec véhémence. De plus, aucune confirmation officielle n'a encore été donnée à Moscou quant à la tenue d'une rencontre directe entre Poutine et Zelensky.

Poutine entend-il enfin raison?

Sur un point toutefois, Vladimir Poutine a effectivement reculé: au lieu de revendiquer l'ensemble des quatre régions de l'Est et du Sud de l'Ukraine, que ses troupes ne contrôlent que partiellement, il concentre désormais ses exigences sur les deux oblasts orientaux de Donetsk et de Lougansk. Si les Ukrainiens devaient se retirer sans combattre de ces territoires, comme l'exige Moscou, le dirigeant russe serait, dit-on, prêt à geler la ligne de front dans les deux autres régions de Kherson et de Zaporijia.

A Washington, on a également laissé entendre que les troupes russes pourraient se retirer des petites zones qu'elles occupent encore dans les régions de Kharkiv et de Soumy. Ce serait alors sans doute le fameux «échange de territoires» dont parlent sans cesse Donald Trump et son naïf envoyé spécial Witkoff, bien entendu sans la moindre connaissance de la géographie ukrainienne.

Quel serait le problème d'un tel accord? La Russie conserverait dans tous les cas d'importantes portions du territoire ukrainien. Le Kremlin serait ainsi récompensé pour son invasion en violation du droit international et pour les innombrables crimes de guerre commis en Ukraine. La question de l'étendue précise des territoires concernés devrait alors être tranchée lors des négociations entre Poutine et Zelensky.

Céder trois fois la superficie de la Suisse?

En cas de gel de la ligne de front actuelle, cela représenterait environ 19% du territoire ukrainien, soit près de 115 000 kilomètres carrés. C'est un peu moins du triple de la superficie de la Suisse.

Carte de l'Ukraine indiquant les territoires revendiqués par la Russie dans le pays (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson) et en Crimée (annexée en 2014), ainsi que l'avancée des troupes ...
Carte de l'Ukraine indiquant les territoires revendiqués par la Russie dans le pays (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson) et en Crimée (annexée en 2014), ainsi que l'avancée des troupes russes, selon les données de l'Institute for the Study of War and AEI's Critical Threats Project.Image: GUILLERMO RIVAS PACHECO, JEAN-MICHEL CORNU / AFP

Rappelons-le: lors des mini-invasions de 2014, les Russes s'étaient déjà emparés de 7% du territoire ukrainien. Depuis l'offensive massive du 24 février 2022, et après des centaines de milliers de morts et de blessés côté russe, ils ont conquis près de 12% supplémentaires du pays.

Si, dans le cadre d'un accord, les Ukrainiens devaient réellement se retirer des régions de Donetsk et de Louhansk, Moscou gagnerait encore quelques points de territoire. Actuellement, la Russie contrôle presque entièrement l'oblast de Lougansk et environ les deux tiers de celui de Donetsk.

Une évacuation massive est à craindre

«Nous voulons vraiment tous la paix», déclare Irina, employée de bureau dans la ville portuaire d'Odessa, sur la mer Noire.

«Mais nous n'avons pas beaucoup d'attentes concernant les négociations. Personnellement, je ne crois pas que Poutine renoncera un jour à ses prétentions sur l'Ukraine.»

Un constat similaire émane d'un soldat de front expérimenté, qui sert presque sans interruption depuis 2014 comme volontaire dans différentes unités. L'homme, connu sous le nom de guerre de «Ninja», affirme que, même en cas d'accord de paix, peu de choses changeraient pour lui et ses camarades.

«Il faut bien que quelqu'un s'assure que les Russes n'avancent pas simplement, car nous ne pouvons pas nous contenter de croire leurs promesses»

Son unité devrait donc continuer à assurer le service en première ligne, et, dans le meilleur des cas, il obtiendrait deux jours de congé pour pouvoir rentrer chez lui à l'occasion de l'anniversaire de son jeune fils.

Un officier de la garde présidentielle ukrainienne, engagé dans l'Est du pays, fait partie de la minorité qui pense que Zelensky pourrait céder aux pressions de Trump et accepter de renoncer à la région de Donetsk. L'homme, qui préfère ne pas voir son nom publié, raconte que de nombreux civils, anticipant de nouvelles frappes russes de drones, ont déjà commencé à rassembler leurs affaires et à fuir, devançant ainsi une évacuation massive.

Sans cessez-le-feu, un massacre annoncé

Le scepticisme reste fort en Ukraine, y compris quant à la mise en œuvre d'un accord une fois conclu. Trump estime ainsi qu'il serait possible de parvenir directement à un accord de paix, sans cessez-le-feu préalable. Mais imaginons un instant que Kiev accepte réellement le retrait de ses troupes de la région de Donetsk.

Il s'agit de la portion de front la plus âprement disputée, et des dizaines de milliers, voire plus de cent mille Ukrainiens, avec leurs chars, missiles antiaériens et artillerie lourde, devraient se replier sur environ 50 kilomètres en pleine guerre. Comment cela pourrait-il fonctionner sans cessez-le-feu? Ce serait un massacre programmé. Une situation similaire, quoique à plus petite échelle, avait déjà été vécue par les Ukrainiens en 2014 dans l'oblast de Donetsk.

Il faut ajouter que le tiers de Donetsk que les Ukrainiens devraient évacuer comprend les principales villes encore sous contrôle de Kiev, en particulier Kramatorsk et Sloviansk, deux véritables bastions. Si ces villes relativement importantes étaient occupées par la Russie, il ne resterait guère de localités capables de freiner les troupes du Kremlin en cas de reprise des combats, que ce soit vers le nord, en direction de la métropole de Kharkiv, ou vers l'ouest, en direction du fleuve Dnipro.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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Un bâtiment en flammes après un bombardement russe, Kiev.
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L'Ukraine attaque une ville russe située à 1300 km de ses frontières
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