C'était pas de la tarte. Pas même de la quiche.
Huit mois tumultueux, entre les bye bye à Queenie, les scandales de la belle-fille, les apitoiements du fiston, les lancers d'oeufs anti-monarchiques, les cris indignés des royalistes, les légers dérapages politiques, le serrage de vis familial et ces fringues de couronnement trop lourdes.
Alors oui, pendant qu'on se régalait de ses aventures, Charles a dégusté. Ce week-end, l'héritier qui trépigne depuis plus de 70 ans dans la salle d'attente de son destin a amplement mérité de poser son illustre postérieur sur le trône. Et de souffler un peu, en attendant que déferle le nouvel ouragan Meghan ou l'énième scandale royal. Soyez en sûr, il y en aura. Si la Firme a bien compris quelque chose, c'est que les remous sont aussi embarrassants qu'indispensables à sa survie.
Charles III sera un monarque de transition. Elizabeth II a veillé depuis longtemps à façonner le véritable héritier, son petit-fils William, dans des séances privées qui ont fait crever Harry de jalousie.
Mais qui d'autre que ce roi tampon, mix incompris du traditionalisme dépassé et du progressisme à feu doux, pour servir de joint? Entre la grandiose ère élisabéthaine et l'avènement de Kate et William, ce couple glamour qui brigue les sommets des sondages d'opinion?
Tout fan de botanique qu'il est, le patient prince des patates n'entend toutefois pas se contenter de regarder l'herbe pousser. Il a une patience à rentabiliser, des convictions à mettre sur pied et, surtout, peu de temps devant lui. Une vingtaine d'année tout au plus, en misant sur la généreuse génétique royale.
Ces huit derniers mois et sa cérémonie de couronnement ont donné la couleur: le passage de témoin va permettre au roi de changer discrètement la ligne éditoriale de l'institution. Sa promesse de campagne? Une royauté plus sobre, plus rentable et moins déconnectée. Eviter de saloper le lourd héritage de mummy, bichonner les derniers membres du Commonwealth qui ne sont pas encore sur le départ, et convaincre le contribuable britannique que cette monarchie dispendieuse vaut encore le sou.
C'est peu dire que le souverain fraîchement couronné va devoir puiser dans sa vigueur légendaire pour venir à bout de la tâche.
Certes, Charles fait encore partie des membres les moins populaires de sa royale famille. Il porte, encore et toujours, le fardeau de Lady Di. Il s'encouble régulièrement dans les limites de l'impartialité. Et enfin, son principal problème: il n'est, et ne sera, jamais sa mère.
Mais Charles dispose aussi de ses propres atouts. Des idées modernes, ancrées dans l'ère du temps. Une europhilie profonde, au moment où l'Angleterre post-Brexit semble prête à se réconcilier avec le continent. Une fibre sociale plus que jamais nécessaire, alors que la population plie sous l’inflation et les crises en série.
Sans oublier que son capital sympathie n’est pas encore à enterrer, avec un début de règne qui a permis de dévoiler une personnalité plus attachante qu'on ne lui a jamais soupçonné.
Enfin, le monarque peut compter sur son indéfectible pilier, Camilla, et la perspective rassurante de laisser derrière lui un parfait héritier, William.
Que nous réserve vraiment le règne du roi le plus âgé à ne s'être jamais assis sur le trône? Une disparition prématurée dans trois semaines? Des décisions inattendues? Quelques décapitations familiales? Un retour en grâce du prince Harry?
La seule certitude, avec la famille royale, c’est qu’on n'est jamais au bout de nos surprises.