Dans la scrupuleuse préparation du couronnement, le moindre grain de sel dans les rouages royaux doit être envisagé. Ces derniers jours, la presse britannique s'est fait l'écho de la dernière prise de tête des organisateurs: le poids des robes de cérémonie enfilées par Charles lors du sacre. Des robes si lourdes, d'après certains assistants, qu'on craint que le roi ne «trébuche» lorsqu'il s'avancera vers le trône, sous les yeux de millions de téléspectateurs.
Aussitôt dit, aussitôt fait: une rampe spéciale a déjà été aménagée dans l'abbaye de Westminster, afin de faciliter le passage du roi et permettre à ses robes de «glisser» en toute sérénité, informe un porte-parole du Palais au Mirror.
Les assistants royaux ne devraient pas se faire un tel mauvais sang. Depuis des décennies, Charles, l'un des souverains les plus soucieux de sa santé à s’être jamais assis sur le trône, a travaillé son endurance à bras-le-corps.
Malgré les apparences, le job de souverain ne se réduit pas à faire «hello hello» de la main droite depuis le balcon de temps à autre. Il implique aussi, et notamment, de rester debout de longues heures d'affilée.
Pour s'assurer de rester apte à la tâche et de maintenir son poids (73 kilos, selon le Daily telegraph, ce qui, pour une taille d'1m79, lui «confère un indice de masse corporelle presque parfait»), le roi s'impose donc une discipline quotidienne.
Afin de pouvoir toujours enfiler la plupart des uniformes militaires fabriqués pour lui dans sa prime jeunesse - même son uniforme de la Royal air force (RAF) datant de 1971, ce dont il est immensément fier - Charles continue de pratiquer «une activité physique régulière» (oui, la fameuse avec laquelle on vous serine, mmh?).
Une «bataille sans fin», a-t-il plaisanté.
Il n'en a pas toujours été ainsi. Enfant, Charles est de constitution assez fragile. Il traverse plusieurs épisodes de grippe carabinée et souffrira également d'amygdalite, au point de se faire retirer les amygdales, à l'âge de huit ans. Pour l'anecdote, après l'opération, il a insisté pour les trimballer avec lui dans un bocal en verre pendant plusieurs mois. Quelques années plus tard, le prince s'est aussi vu retirer son appendice. L'histoire ne dit pas s'il l'a mis en boîte.
Son séjour tristement marquant au pensionnat pour jeunes garçons de Gordonstoun, où chaque journée débute par une séance de course dans la campagne écossaise et une douche glacée, marque le début de sa transformation physique.
Après un passage par l'armée, le prince, comme son père Philip avant lui, débute sa journée avec un régime de conditionnement physique, le «5BX», qui comprend pompes, extensions, étirements et course sur place. Une boucle d'exercices d'une durée de douze minutes que le roi effectuera jusqu'à deux fois par jour, pendant des décennies.
Casse-cou, le Charles? En tout cas, sa passion pour le polo lui vaudra un bras cassé et douze points de suture au visage.
Aujourd'hui septuagénaire, le roi apprécie toujours dégainer les skis. Sans omettre sa passion de toujours: la nature. Qu'il plante une haie sous une pluie battante, grimpe les sentiers escarpés des Highlands ou taille ses rosiers à Highgrove, c'est là qu'il «trouve la vraie paix».
Surtout, Charles aime marcher. Beaucoup. Tout le temps. Et, surtout vite. Son épouse Camilla n'hésite pas à le comparer à «une chèvre de montagne», dans une chronique pour Country life.
«A 70 ans», complète Camilla à la BBC, il est «l'homme ans le plus en forme» qu'elle connaisse. La reine n'est d'ailleurs pas en reste: pendant la pandémie, elle a suivi les cours virtuels de ballet pour les plus de 55 ans sur Zoom, ainsi que des cours de pilates. Malheureusement, il n'existe pas d'images de la scène connues à ce jour.
Bien que rarement malade et peu enclin à rester au lit, même lorsqu'il a été infecté par le Covid, le roi ne se déplace nulle part sans ses médecins, et ses propres réserves de sang.
Autre condition sine qua non pour conserver sa silhouette: se tenir à l'écart des fastueux banquets d'Etat et limiter, tant que faire se peut, les excès de bonne bouffe. Pas de problème pour ce flexitarien autoproclamé, qui s'abstient d'ingérer de la viande et du poisson deux jours par semaine. Charles a même failli devenir complètement végétarien à la fin des années 1970 et à la demande d'un missionnaire bouddhiste.
Pour ce qui est du petit-déjeuner, Gwyneth Paltrow n'aurait rien à redire: Charles se sustente de fruits de saison, noix, graines, thé noir (sans sucre), ainsi que de célèbres œufs à la coque qui lui ont valu de devenir la risée du royaume. En 2006, dans son livre On royalty, l'auteur Jeremy Paxman révèle au monde entier que le prince, pointilleux, impose aux chefs royaux de faire bouillir sept œufs différents, avant de choisir celui qu'il estime avoir une consistance parfaite.
Ce ne serait d'ailleurs pas la seule lubie de Charles. Lui qui déteste l'ail, le café et le chocolat est un amateur reconnu de fromage et apprécie grignoter un morceau à la fin de ses repas, accompagné d’un biscuit. Mais attention: le tout doit avoir été préchauffé au préalable.
D'ailleurs, Charles serait si attaché à l'idée de ne pas finir dans un Dunkin' Donuts, quand il est déplacement, qu'il emporte même une boîte de petit-déjeuner spéciale lorsqu'il voyage. Du muesli, des fruits secs et six types de miel différents, d'après l'ancien chef du palais, Graham Newbould.
Une fois ses graines avalées, Charles ne mange plus rien jusqu'à 17 heures. Le déjeuner est considéré comme un «luxe» et une perte de temps inutile, qui interfère avec son emploi du temps chargé. D'ailleurs, il ne s'embarrasse pas non plus de boire de l'eau durant la journée. Chaque minute de la journée étant «comptabilisée et scrutée», selon un courtisan, Charles refuse de céder au risque d’une pause pipi imprévue.
Evidemment, Charles III ne serait pas vraiment britannique s'il ne s'interrompait pas pour l'indétrônable tea time à 17 heures. Là, il s'autorise quand même une croque dans de petits sandwichs et une tranche de cake. Toute notion de gaspillage est impensable. «Si les sandwichs qui sont préparés pour mardi ne sont pas mangés mardi, ils feront une autre apparition mercredi et même jeudi si nécessaire», indique une source au Telegraph.
Le régime de Charles a beau être passablement ascétique, le roi, comme sa défunte mère, ne lésine pas sur un petit cocktail avant le dîner. Invariablement? Un martini sec, «si fort que vous pouvez voir les fumées qui s'en dégagent», glisse une source au Telegraph, suffisamment proche pour le savoir.
On sait également Charles est friand d'un petit gin-tonic de temps en temps: «Il peut être assez difficile en matière de nourriture et d'alcool», admet une source au Mirror. «Il emportera de l'alcool lors des visites royales avec lui afin qu'il y ait toujours quelque chose qu'il aime boire. C'est un comportement assez étrange, mais pour Charles, c'est logique!»
Enfin, s'il arrive au souverain de siroter un verre de vin pendant le dîner, son martini reste le seul apéritif constant de la journée. A des lieues des verres de gin, champagne et autres Dubonnet que s'envoyait quotidiennement la regrettée Elizabeth.
Avec une longévité éprouvée dans la famille (rappelons que ses membres ont tendance à vivre jusqu'à plus de 90 ans) et un mode de vie plus sain que n'importe lequel de ses prédécesseurs, Charles est en bonne voie pour devenir le premier monarque à atteindre l'âge respectable de 100 ans. D'ici là, il a déjà pour objectif d'atteindre son jubilé d'argent - et on sait que le roi a le goût de l'achevé.