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La confusion règne au Vatican avant l’élection du nouveau pape

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Les cardinaux entrant dans la chapelle Sixtine pour le conclave, en 2013.Image: EPA
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La confusion règne au Vatican avant l’élection du nouveau pape

En règle générale, les cardinaux n'ont besoin que de quelques jours pour élire un nouveau pape. Il pourrait en être autrement pour la succession de François, car, au Vatican, la situation est plus confuse que jamais.
26.04.2025, 08:0026.04.2025, 08:00
Peter Blunschi
Peter Blunschi
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Si vous voulez savoir comment se déroule un conclave, rendez-vous au cinéma. Le film Conclave du réalisateur austro-suisse Edward Berger est encore à l'affiche, et visible en streaming ou en VOD. Il vaut vraiment le détour, même si la fin – autant le dire tout de suite – est un peu trop politiquement correcte.

Le film est basé sur le roman de l'auteur britannique Robert Harris. Les spécialistes du Vatican lui reconnaissent une description très précise de l'élection du pape. Cela inclut les conflits entre réformateurs et conservateurs, qui caractérisent l'Église catholique depuis au moins le 19e siècle. Il ne devrait pas en être autrement pour la succession du pape François.

This image released by Focus Features shows Ralph Fiennes as Cardinal Lawrence in a scene from "Conclave." (Focus Features via AP)
Dans le film Conclave, Ralph Fiennes incarne le cardinal Lawrence, responsable de l'organisation.Image: keystone

De nombreux cardinaux se sont déjà rendus à Rome pour assister aux funérailles. Ils sont en tout 252, un nombre jamais atteint auparavant. Cependant, seuls 135 d'entre eux, soit un peu plus de la moitié, ont le droit de vote. Il s'agit des cardinaux âgés de moins de 80 ans, et 80% d'entre eux ont été nommés par François. C'est donc sans aucun doute «son» conclave qui désignera son successeur.

Grosse incertitude

Selon les règles, le conclave devrait débuter au cours de la première semaine de mai. La dernière fois qu'il a duré vraiment longtemps, c'était en 1831, où 50 jours s'étaient écoulés avant l'élection du pape Grégoire XVI. Depuis, cela n'a jamais pris plus de cinq jours. En 2005, pour Benoît XVI, quatre tours de scrutin ont suffi, et en 2013, pour François, il en a fallu cinq avant que la fumée blanche ne s'élève.

Les choses iront-elles aussi vite cette fois-ci? Il y a lieu d'en douter. Rarement la situation au Vatican a été aussi confuse. La NZZ parle d'une élection papale «pleine d'incertitudes». Presque personne n'ose prédire «quelle dynamique va s'installer dans la chapelle Sixtine». Ni qui sera présenté comme le nouveau pontife, suivi de la fameuse clameur «Habemus Papam».

L'Europe est de moins en moins représentée

Certes, des noms de papables circulent déjà, à commencer par celui du secrétaire d'État Pietro Parolin, le fidèle numéro 2 de François au Vatican. Mais sur le plan géographique, le collège est plus diversifié que jamais. Autrefois, celui-ci était composé exclusivement d'Italiens et de quelques Européens. Aujourd'hui, les Européens et les Nord-Américains sont, pour la première fois, légèrement minoritaires.

epa12046309 (FILE) - Pope Francis with Archbishop of Kinshasa, Fridolin Ambongo Besungu, during the ordinary public Consistory for the creation of new Cardinals in Saint Peters Basilica at the Vatican ...
Le pape François a nommé de nombreux cardinaux issus du Sud mondial, comme Fridolin Ambongo Besungu de la République démocratique du Congo.Image: keystone

Jorge Mario Bergoglio de son vrai nom, le premier pontife originaire de l'hémisphère sud, a délibérément nommé de nombreux cardinaux d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Pour ce faire, il a ignoré des diocèses traditionnels tels que Paris, Milan et Venise, d'où étaient issus les trois derniers papes italiens, Jean XXIII, Paul VI et Jean-Paul Ier.

La «guerre civile» n'est pas loin au Vatican

Mais cela a pour conséquence que beaucoup de hauts responsables de l'Eglise ne se connaissent pas, et ont du mal à s'évaluer entre eux. Cela constitue un facteur décisif pour la formation d'alliances au sein du conclave, qui pourraient être encore plus importantes cette fois-ci que par le passé. Avec ses réformes, même plutôt timides, le pape François a semé le doute, et provoqué des résistances.

C'est pourquoi on spécule souvent sur une lutte pour le pouvoir. Marco Politi, spécialiste du Vatican, a même parlé au média t-online d'une «guerre civile» au sein de l'Eglise, qui diviserait le monde catholique sur les plans géographique, théologique et idéologique. Selon cet expert renommé, des ecclésiastiques conservateurs et réactionnaires auraient tenté de «démolir moralement» François.

Un «nid de conspirateurs»

Pour eux, le pape argentin était déjà allé trop loin en autorisant la communion pour les divorcés remariés. Certains de ces «nostalgiques» aimeraient sans doute revenir sur le concile Vatican II. L'un de leurs porte-parole est le cardinal américain Raymond Burke, archevêque de Saint-Louis et favori des partisans de Trump.

Pour les profanes, il est difficile d'évaluer de tels processus, mais le fait que la Curie soit considérée comme un «nid de conspirateurs» n'est pas une découverte. À lui seul, son mode de vie modeste a sans doute choqué de nombreux prélats soucieux de leur rang. Et le grand nombre de nouveaux cardinaux venus des quatre coins du monde rend la situation confuse.

Le pré-conclave est capital

Le «pré-conclave», au cours duquel les cardinaux se réunissent pour des discussions informelles avant d'entrer dans la chapelle Sixtine, et recherchent des alliés potentiels, devrait donc revêtir une importance particulière. Le film Conclave montre très clairement ces processus. Et pour être élu pape, il faut obtenir une majorité des deux tiers.

C'est aussi pour cette raison que le conclave de 2025 pourrait durer longtemps. Mais peut-être que tout ira à nouveau très vite. Les dignitaires ne seront certes plus enfermés dans la chapelle, où des couchettes avaient été spécialement installées autrefois. Ils pourront séjourner dans la maison d'hôtes Santa Marta. C'est là que l'archevêque de Buenos Aires s'était installé en 2013 et d'où il n'est jamais reparti.

Tout contact avec le monde extérieur leur est strictement interdit, et les cardinaux doivent remettre leur téléphone portable. Mais au final, le déroulement de l'élection papale finira par filtrer, comme toujours dans l'histoire récente. Un candidat de compromis sera probablement trouvé rapidement, car un long conclave ne ferait qu'alimenter les rumeurs. Et une chose est en tous cas sûre: il s'agira d'un homme.

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