Les forces armées espagnoles souffrent d'un manque chronique de personnel. L'armée, qui intervient également lors de missions de paix internationales et de catastrophes nationales, est très bien perçue par la population. Problème: les mauvais salaires et la vie en caserne n'attirent pas les jeunes.
Mais les troupes reçoivent désormais des renforts en haut lieu: le roi d'Espagne Felipe VI, formellement commandant en chef des forces armées, envoie son héritière du trône, la princesse Leonor, âgée de 17 ans, dans l'armée. Sa fille aînée, qui deviendra un jour reine d'Espagne et cheffe des armées, a commencé le 17 août une formation d'officier de trois ans à l'académie militaire de la ville de Saragosse.
La princesse Leonor s'est exprimée pour la première fois sur sa future vie de militaire:
On sait que l'adolescente la plus célèbre d'Espagne a été préparée dès son plus jeune âge à hériter de la couronne et à ainsi devenir la première femme cheffe d'Etat de l'histoire démocratique espagnole. Elle a reçu une éducation d'élite – d'abord dans une école privée à Madrid, avant de passer les deux dernières années au vénérable Atlantic College britannique au Pays de Galles, d'où elle sort avec un diplôme lui ouvrant la porte des études supérieures. Elle parle plusieurs langues, est sportive, est considérée comme travailleuse et consciencieuse.
Vient maintenant le service militaire. Ou «la mili», comme on l'appelait autrefois en Espagne, lorsque le service militaire était obligatoire pour les jeunes hommes. Il a été aboli il y a plus de 20 ans déjà. Depuis, l'Espagne entretient une armée professionnelle dans laquelle les femmes jouent un rôle de plus en plus important: elles y sont maintenant 13%. La ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, espère que Leonor deviendra un modèle et que la proportion de femmes augmentera.
La princesse se prépare depuis des semaines à sa formation militaire, étape jusqu'ici la plus difficile de son parcours de future reine. Elle a passé ses vacances avec le roi Felipe (55 ans) et la reine Letizia (50 ans) ainsi qu'avec sa jeune sœur Sofía (16 ans) au palais d'été de Majorque. Mais au lieu de se prélasser au bord de la piscine ou de la plage, elle en a profité pour se remettre en forme avec un entraîneur de fitness en vue de sa prochaine formation de base.
La cour rapporte qu'elle a également changé de chaussures: au lieu de porter des baskets et des talons, elle se promène désormais dans le palais en bottes militaires. La ministre de la Défense Robles souligne qu'il n'y aura pas de traitement de faveur pour Sa Majesté dans la caserne:
Elle devra donc aussi – au moins au début – marcher au pas cadencé, se mettre au garde-à-vous, ramper dans la boue et apprendre à manier une arme.
Au cours de ses trois années d'instruction au sein de l'armée de terre, de la marine et de l'armée de l'air, la noble élève-officier Leonor sera tout de même un peu favorisée. Et ce, grâce à un «plan de formation spécial», comme l'admet le ministère de la Défense. Selon ce dernier, l'héritière du trône doit être formée moins pour une éventuelle mission de guerre que pour son futur rôle à la tête de l'Etat. Il s'agirait donc avant tout d'encourager de la discipline, de l'aptitude au commandement, du courage et du dépassement de soi.
Leonor sait qu'elle doit encore se battre pour gagner le respect du peuple espagnol. Le dur service militaire est une étape importante sur son chemin vers le sommet de l'Etat:
Après sa formation d'officier, elle veut faire des études, mais n'a pas encore révélé lesquelles. Peut-être que sa formation académique lui permettra de suivre les traces de son père: après son passage dans l'armée, le roi Felipe a étudié le droit et les relations internationales.
Felipe, qui a repris la couronne de son père Juan Carlos II en 2014, est aujourd'hui reconnu comme un chef d'Etat royal pondéré. Dans les sondages, il obtient de meilleurs résultats que tous les hommes politiques élus par le peuple. Il est parvenu à redorer quelque peu le blason de la monarchie. Sous Juan Carlos II, qui avait dû quitter le pouvoir après une série de scandales, le prestige de la maison royale était tombé au plus bas.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci