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Barack Obama

Barack Obama était à Zurich, nous aussi, et on l'a vu (de loin)

On est allé voir Obama à Zurich et c'était moins bien que Justin Bieber

Pour sa première visite en Suisse, la pop star de la politique américaine a campé la scène du Hallenstadion pour causer «créativité, responsabilité des entreprises, leadership et transformation par l'action». C'était comment? On vous raconte.
30.04.2023, 09:0705.05.2023, 14:05
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Il n'y a guère que Barack Obama pour nous convaincre de dépenser 80 francs pour une conférence au thème obscur. On s'en tire bien: les plus motivés ont déboursé plus de 500 francs pour être placés au premier rang - voire 2500 supplémentaires pour les petits fours et un selfie avec l'ancien président des Etats-Unis.

A quelques heures de la conférence sobrement intitulée «Une soirée avec le président Barack Obama», samedi soir, on n'en sait guère plus. Selon un communiqué des organisateurs, la soirée débutera «avec des invités surprises extraordinaires». A moitié sérieux, on mise sur Rihanna ou Nicki Minaj. Pour le reste, mystère et boule de gomme.

Pour donner la réplique à Barack Obama, nul autre que le présentateur télé allemand Klaas Heufer-Umlauf. Si le personnage est proprement inconnu de nous autres, welsches, il s'est illustré en Allemagne pour «incitation au cannibalisme» - et, moins exotique, l'interview du chancelier Olaf Scholz.

Entrepreneurs sur canapé

18h20: Une alignée de polos Ralph Lauren, baskets On et sacs Vuitton font sagement la queue devant le stade d’une capacité de 15 000 places.

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On passe dire bonjour à l'entrée VIP, avant de rejoindre le reste de la masse.

Ce soir, la gauche caviar zurichoise s'enfilera currywurst, portion de frites et binches tièdes à la buvette, avant de se marcher poliment sur les pieds pour rejoindre sa rangée. On a connu plus punk au Hallenstadion – la dernière fois, c'était pour faire dégouliner notre mascara et dignité au concert de Justin Bieber.

18h58, premier acte. Les «invités surprises extraordinaires» sont autant d'illustres inconnus. Florian Pachaly, Simona Scarpaleggia et Selma Kuyas (ça vous dit quelque chose, vous?) s'enfoncent dans un canapé pour discuter «productivity», «investisors» et «consumers»... avant de switcher vers l’allemand. On blêmit.

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Les trois invités aussi exceptionnels qu'inconnus ont échangé leurs business plans avec le modérateur, Klaas Heufer-Umlauf.

C’est ça, vraiment, qu’ils nous ont dégoté pour justifier la somme incroyable dépensée pour 20 minutes d’Obama sur les «opportunités de notre temps»?

«On a connu plus excitant et exalté que ça, un mardi matin au Salon du livre»
Commentaire de mon voisin, ronchon

19h25, les invités exceptionnellement superflus dégagent de la scène avec une précision toute zurichoise. Place à l'intermède musical. On prie pour que Nicki débarque et remue un peu tout ça. Ironie du sort, ce sera un certain Nigel Kennedy, violoniste (britannique) de son état. C’est joli et lyrique comme tout, mais bien loin de chauffer la salle – ou de stimuler nos voisins, âgés à gauche comme à droite, de plus de 70 ans.

19h52, la première rangée – la fameuse brochette des places à plus de 550 francs – est enfin complète.

Obama in «beautiful Zurich»

20 heures, 0 minute et 0 seconde, le voilà. Barack. Col de chemise ouvert, veston cintré, cheveux grisonnants, sourire éclatant – enfin, pour ce qu'on en voit.

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N'est-il pas magnifique, ce Barack?
«Hello Zurich, it's good to be there! What a beautiful country»
Barack Obama, dans le Hallenstadion, pour sa première visite en Suisse

En fait, le 44e président des Etats-Unis s'est posé une heure plus tôt à l'aéroport de Zurich. Il a passé la journée à Barcelone, où il s'est sustenté de soleil, paella et visites de monastère avec sa femme Michelle, Bruce Springsteen et Steven Spielberg.

BARCELONA CATALONIA, SPAIN - APRIL 28: Former U.S. President Barack Obama and former first lady Michelle Obama as they leave the Moco Museum on April 28, 2023 in Barcelona, Catalonia, Spain. Barack Ob ...
Pas mal, la vie de retraité post Maison-Blanche.Image: Europa Press

C'est d'ailleurs la première question que lui pose son interlocuteur, Klaas Heufer-Umlauf. Barack, il la vit bien, sa retraite? «Ouais, Michelle était sceptique», se marre l'intéressé. Avant d'évoquer ses 30 ans de mariage et sa lune de miel sur la côte ouest américaine.

L'arrivée de la star 👇

Vidéo: watson

Alors oui, sur le fond, ses réponses frisent la mièvrerie et ne se justifient que parce qu’elles sortent de la bouche de l’un des plus grands orateurs de l’Histoire. Barack pourrait passer une demi-heure à causer de ses tulipes qu'on l'écouterait quand même. Et Dieu merci, il ne se répand pas en conseils Linkedin. On grignote avec délice ses anecdotes sur le buffet de son hôtel ou une rencontre avec une vieille citoyenne américaine lambda.

Au fait, savez-vous ce qui l'a plus surpris, lorsqu'il est devenu président?

«La taille du bureau ovale. A la télé, il a l'air beaucoup plus grand»

De sa belle voix grave et limpide, Obama embraye sur le réchauffement climatique, la pandémie, la démocratie en crise, le rôle des jeunes générations, l'apport des nouvelles technologies, l'Ukraine et l'invasion de la Russie. Bref, les sujets du moment. Il aura même un petit mot pour son ex-vice président.

Applaudissements réguliers dans la salle aux rangs encore clairsemés – les 15 000 billets ne se sont pas tous écoulés. Nos voisins notent frénétiquement les quotes les plus inspirantes.

«Le monde peut guérir grâce aux actions des gens»
Barack Obama, inspiré et inspirant

Il manque pourtant l'énergie des grands discours. Le mode interview devant des milliers de spectateurs fonctionne moyen pour transcender les foules. Barack ne (se) mouille pas la chemise. Pas une fois il ne quittera son fauteuil. Tout juste confesse-t-il son plus grand regret sous sa présidence (la régulation des armes à feu), sa plus grande fierté (Obamacare) et ses prochains plans de carrière (c'est nébuleux).

Après avoir conclu sur l'héritage qu'il souhaite léguer à l'humanité, le prix Nobel de la Paix nous fait un petit coucou, nous remercie et puis s'en va. Sa prestation aura duré une heure pile – bien plus que ce que l'on espérait. Selon la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), il aurait perçu pour la peine un montant à «six chiffres».

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On a aussi tenté le selfie avec Barack sans dépenser 2500 francs. Dommage, il était déjà parti.

On s’extirpe du Hallenstadion aussi exalté que déçu. Comme dirait notre voisin, en quittant la salle: «Bah, ça reste Obama».

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