La mort de la reine, le stress du trône, ou encore l'éloignement du prince Harry et son livre choc ont-ils causé l'apparition du cancer dont souffre le roi Charles III?
C'est en tout cas ce qu'a laissé entendre Stéphane Bern. Dans une interview pour Le Parisien publiée lundi 5 février, l'expert en royauté affirme qu'il y a un lien entre chocs et cancers.
Une affirmation qui a beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux, notamment auprès de médecins, qui ont tenu à donner leur point de vue sur la question.
Le roi Charles III est atteint d’un cancer. Pour Stéphane Bern, cela pourrait avoir un lien avec Harry : «On sait que les cancers peuvent se développer à la faveur de chocs émotionnels. Et, avec Harry, l’épreuve a été très douloureuse» (Le Parisien)
— Dr. Oceane MINKA (@MinkaOceane_Dr) February 6, 2024
Non on ne sait pas.
Des propos que Stéphane Bern a ensuite lui-même nuancés sur X le lendemain de la publication de l'article du Parisien:
Rectifions les choses cher @le_Parisien jamais je n’ai dit que le cancer du roi était dû aux problèmes avec son fils Harry. Je sais par ses proches qu’il a douloureusement vécu la mort de ses parents et l’éloignement de son fils qu’il aime tendrement. Je me réjouis de son retour https://t.co/Pi8QhJy22K
— Stéphane Bern (@bernstephane) February 6, 2024
Mais l'expert royal n'est pas le seul à s'emmêler les pinceaux. Dans la population, beaucoup pensent qu'il existe un tel lien entre choc et cancer. Alors, qu'en est-il réellement d'un point de vue purement scientifique?
Des études ont bel et bien été menées sur le sujet, mais pour l'heure, aucune ne permet de confirmer ni d'infirmer qu'il existe un lien entre chocs et cancers. C'est ce qu'explique notamment, en France, l'Institut National du Cancer dans une note sur son site internet présenté ainsi:
Rappelons que les causes d'un cancer peuvent être multiples. Différents facteurs, comme l'hérédité, l'âge (avec un risque accru à partir de 60 ans), le mode de vie, l'environnement, peuvent jouer un rôle. Par ailleurs, certaines personnes présentent des prédispositions en raison de certaines mutations sur un ou plusieurs gènes.
Il est possible de prévenir certains cancers en agissant sur les facteurs externes, en adoptant un mode de vie plus sain, comme en modérant sa consommation d'alcool, en ne fumant pas, en ayant une activité physique régulière, en adoptant une alimentation saine et équilibrée, etc.
Ainsi, environ 40% des cancers pourraient être évités, mais les professionnels de la santé rappellent toutefois que le risque zéro n'existe pas.
Sur quoi se basent donc Stéphane Bern et ceux qui pensent qu'il y a un lien entre cancers et chocs émotionnels? Sans doute sur une croyance populaire, basée sur des résultats mal interprétés. Des travaux menés conduisent bien à une association entre un nombre important d'épisodes de vie traumatiques ou stressants et certains cancers, comme celui du sein par exemple. Mais corrélation ne signifie pas causalité. Il faut plutôt regarder le nombre répété d'événements sur la durée.
Par ailleurs, le délai de latence entre l'exposition à ces facteurs de risque et l'apparition de la maladie est long: d'une dizaine d'années à quarante ans. Et encore une fois, l'âge du malade au moment de l'apparition du cancer joue un rôle primordial.
En revanche, il est vrai que les épisodes traumatiques peuvent conduire à des comportements à risque, comme le tabagisme, l'abus d'alcool, un manque d'activité sportive, une mauvaise alimentation, une hygiène globale déplorable... Des comportements qui favorisent l'apparition de cancers.
Ainsi, laisser entendre que les disputes entre le prince Harry et le roi Charles pourraient être à l'origine de la maladie du monarque, lui causant un stress si conséquent qu'un cancer était «inévitable», c'est interpréter un peu trop rapidement les explications des scientifiques, dont les travaux ne cessent de permettre des avancées sur le sujet.