«La balle est dans leur camp.» Voilà plus d'un an qu'un prince amer, mâchoires serrées et yeux embués, lâchait les chiens et cette punchline sur le plateau d'une chaîne britannique nationale. Ce 8 janvier 2023, ses mémoires explosives, Spare, étaient exposées sur les rayons des librairies du monde entier depuis deux jours. Sa série, Harry & Meghan, disponible sur Netflix depuis quatre petites semaines. Autant d'exutoires bruyants à des années de frustration péniblement ravalée par le cadet rebelle. Harry la grenade avait fini par exploser.
Face à l'attitude et aux appels du fils blessé, le père a préféré la réponse musclée. C'est comme ça que ça marche, chez les Windsor. Retrait forcé de Frogmore Cottage, dernier pied-à-terre de Harry au Royaume-Uni. Humiliant troisième rang à son couronnement. Un mur de silence, pas même fissuré le temps d'un coup de fil pour lui souhaiter un joyeux 39e anniversaire, en septembre.
Les mois ont passé. Les attaques ont cessé. La crise d'adolescence et de relations publiques s’est apaisée. Le jeune homme frustré s'est exprimé, laissant place à un adulte posé qui a canalisé son énergie sur d'autres batailles. Le duc de Sussex a laissé aux chroniqueurs royaux, tabloïds et presse people le soin de décortiquer les signes encourageants d'une possible réconciliation. L'annonce du cancer de Charles, ce lundi, pourrait être le dernier.
En se jetant dans le premier avion pour le Royaume-Uni, quitte à se prendre les grilles de Buckingham Palace dans les dents, Harry vient de faire un pas décisif, spontané et courageux. Charles, qui aurait veillé à ce que son fils soit informé de son diagnostic de cancer en même temps que les autres membres de sa famille, en a fait de même.
Mais le monarque doit aller plus loin. Le temps des basses vengeances a assez duré. Lorsque le mioche repenti se pointera sur son palier, à lui de lui ouvrir les bras et de pardonner.
«S'il vous plaît, les garçons… ne faites pas de mes dernières années une misère», aurait supplié Charles à ses fils, à la mort de son propre père en 2021, selon les mémoires de Harry. Ces supplications prennent une nouvelle dimension aujourd'hui. Au patriarche de saisir cette opportunité et de faire de ses dernières années une ère de paix. La balle est dans son camp.