La Chine s'engage à réduire ses émissions de 7 à 10% d'ici 2035
Intervenant dans un message vidéo à un mini-sommet spécial de l'ONU à New York, Xi Jinping s'est engagé à ce que la Chine réduise ses émissions nettes de gaz à effet de serre de 7 à 10% d'ici 2035, par rapport à son pic qui pourrait intervenir dès cette année, «en faisant tous les efforts pour faire mieux».
C'est conforme à la tradition chinoise de se donner des objectifs très prudents. Le chiffre est en effet beaucoup moins ambitieux que ce que les experts estiment nécessaire pour freiner plus rapidement le réchauffement mondial. Mais la déclaration démontre l'attachement de Pékin au multilatéralisme climatique.
Approche pragmatique
«Ses dirigeants ont choisi la prudence à un moment turbulent pour le monde», a commenté Li Shuo, expert de l'Asia Society Policy Institute.
L'Union européenne est en retard pour sa propre feuille de route et les Etats-Unis, deuxième pollueur mondial, vont se retirer de l'accord de Paris de 2015 qui charpente toute la diplomatie climatique actuelle.
«La transition verte et bas carbone est la tendance de notre époque», a défendu le président chinois. «Bien que certains pays agissent contre elle, la communauté internationale doit maintenir le cap».
Les propos du dirigeant chinois, qui n'était pas nommément prévu au programme, contrastent avec ceux de Donald Trump, qui, la veille dans son discours à l'ONU, a ridiculisé la science climatique.
Les prévisions climatiques viennent de «gens stupides qui ont fait dépenser des fortunes à leurs pays», avait-il dit.
«Menace»
Quelque 120 dirigeants mondiaux sont annoncés à ce sommet climatique de mercredi pour une défense de la science et de la diplomatie climatique. Pour le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, «l'accord de Paris a fait la différence».
«Depuis dix ans, les projections pour l'augmentation des températures mondiales sont passées de 4°C à moins de 3°C, si les feuilles de route actuelles sont pleinement mises en place», a-t-il plaidé.
Le climat actuel est réchauffé d'environ 1,4°C déjà par rapport au XIXe siècle et le monde vise 1,5°C, un seuil probablement atteint dans la décennie. La plupart des pays riches ont passé leur pic d'émissions depuis des décennies mais n'ont pas de plan crédible pour aller jusqu'à zéro dans 25 ans.
Des dizaines de pays vulnérables étaient au programme du sommet convoqué par M. Guterres, dont l'Etat antillais de Saint-Christophe-et-Niévès. Son Premier ministre, Terrance Michael Drew, a déclaré qu'il profiterait de la tribune pour montrer que le changement climatique est bien une réalité, répondant respectueusement à Donald Trump: les algues qui prolifèrent, les tempêtes qui arrivent plus tôt...
«Tout cela est causé par un changement climatique accéléré, qui menace notre pilier économique le plus important: le tourisme», a expliqué le dirigeant.
Européens «traînards»
M. Guterres n'a convié au sommet que les pays prêts à présenter un engagement pour 2035. C'est une obligation de l'accord de Paris: les pays membres, soit la quasi-totalité de la planète sauf une poignée, dont l'Iran, la Libye, le Yémen et bientôt les Etats-Unis, fixent librement leurs objectifs mais doivent les rehausser tous les cinq ans. L'Inde est l'autre grande absente du sommet, avec Washington.
Même parmi les invités, beaucoup restent de grands producteurs ou consommateurs de pétrole et de charbon, et les engagements s'annoncent peu ambitieux. La plupart des feuilles de route ont du retard, le plus spectaculaire étant celui de l'Union européenne, où France et Allemagne négocient des garanties financières pour la transition de leur industrie.
«Il y a un défaut d'ambition de la part des pays qui sont traditionnellement des leaders, et qui deviennent des traînards sur le climat», a déclaré Ilana Seid, diplomate des îles Palaos qui représente un groupe de petites îles. (sda/ats/afp)