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«100%» de femmes? Le secret du bonheur pour ces Chinoises

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On ramasse des piments dans «L'Univers imaginaire de Keke». Image: AFP

Ces Chinoises nous ont révélé leur secret du bonheur

En Chine, de plus en plus de communautés entièrement féminines se créent. Les femmes sont séduites et s'échappent ainsi des pressions culturelles et sociales liées à leur genre.
07.09.2025, 11:5607.09.2025, 11:56
Ludovic EHRET, chine / afp
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Un potager, des oies, mais pas d'homme: ce gîte rural fait partie des communautés féminines qui essaiment en Chine. Les femmes y cherchent détente et entraide, loin des pressions socio-professionnelles et des jugements masculins.

Leurs motivations? «Parler librement de sujets intimes», «se faire des amies» ou «se sentir en sécurité», expliquent les participantes dans cette maison blanche à flanc de colline.

Après avoir confectionné des pains vapeur à la viande dans la cuisine avec vue sur les montagnes, les femmes discutent dans le salon cosy, où les rires fusent autour d'un jeu de société et de cafés latte.

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C'est l'heure du repas chez «Keke»Image: AFP

«Un espace 100% féminin, c'est sécurisant. Entre femmes, on parle plus facilement de certaines choses», comme des relations amoureuses et de ses blessures, raconte Zhang Wenjing, 43 ans, une participante.

Chen Fangyan, 28 ans, renchérit:

«En présence d'un homme, on fait davantage attention» à notre attitude.

Les participantes paient 30 yuans (3,40 francs suisses) par nuit, puis 80 yuans (9 francs suisses) à partir du quatrième jour, dans ce lieu nommé «L'Univers imaginaire de Keke», du surnom de la fondatrice, Chen Yani, 30 ans.

Chen Yani (2e à droite), également connue sous le nom de « Keke », joue à un jeu de société avec des amis et des invités.
Chen Yani (2e à droite) joue à un jeu de société avec des amis et des invités.Image: AFP

«Durant mes expériences professionnelles et entrepreneuriales, j'ai été harcelée par des hommes», au point «d'être souvent incapable de travailler normalement», raconte-t-elle, ajoutant que c'est là qu'elle a commencé à réfléchir à «un lieu où l'on n'aurait pas d'appréhension».

Vivre enfin sereinement, entre femmes

Elle retape alors cette maison située à Lin'an, dans la province du Zhejiang (est du pays) et organise via le réseau social Xiaohongshu (le «Instagram chinois», aussi appelé RedNote), un séjour chez elle durant le Nouvel an chinois.

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Image: AFP

Douze femmes viennent, notamment pour échapper aux questions intrusives de leurs parents durant les fêtes, la pression en Chine pour se marier avant 30 ans étant particulièrement forte.

«En famille, les femmes doivent souvent s'occuper des grands-parents, des enfants, du ménage. Sans compter les responsabilités au travail. Elles ont besoin d'un endroit où elles ne sont pas obligées de jouer un rôle».

Grâce à leur indépendance économique et à un niveau d'études plus élevé, les femmes ont aujourd'hui davantage de choix, estime Yuan Xiaoqian, 29 ans, une autre participante.

Et sur RedNote notamment, ces communautés féminines se multiplient.

La charge mentale que supporte les Chinoises

Pour quelques jours ou mois, elles proposent davantage qu'un hébergement: elles se veulent des lieux de solidarité entre femmes. Comme celui que Yang Yun, 46 ans, a ouvert début juin à Xiuxi, un village du Zhejiang. Un endroit aux airs d'hôtel de charme, avec meubles bruts et calligraphies aux murs.

Contre 3980 yuans (50 francs) d'adhésion à ce club, nommé «Son Espace», les membres peuvent y venir à tout moment et à vie.

Yang Yun, qui revendique déjà 120 membres explique:

«Si elle perd son emploi, ses parents, se dispute avec son mari, est épuisée par la vie urbaine, elle sait qu'elle peut venir trouver un peu de chaleur. Cela leur donne une force mentale.»

Les membres peuvent devenir partenaires, en investissant dans la rénovation de maisons du village, qu'elles peuvent ensuite louer aux touristes.

Ces espaces non-mixtes sont par certains accusés de nourrir l'antagonisme entre sexes ce que Chen Yani récuse:

«Comme les enfants ou les seniors (...), les femmes constituent un groupe social avec des trajectoires de vie, des problèmes similaires. C'est plus facile de se comprendre et de faire preuve d'empathie.»

Des colocations pour vieillir entre femmes

D'autres lieux réservés aux femmes ouvrent en Chine. «Les hommes ont plein d'occasion de socialiser, lors de soirées arrosées ou en faisant du sport», souligne Lilith Jiang, 34 ans, fondatrice à Pékin de la librairie-café non-mixte «La moitié du ciel».

Des espaces d'échanges que «les femmes n'ont pas», explique-t-elle.

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Voici l'espace crée par Lilith Jiang.Image: AFP

Si Chen Yani concède que son «modèle économique n'est pas viable» elle assure que «tant qu'il y aura une demande, il continuera d'exister» et «d'inventer une autre manière de vivre».

«Certains disent sans cesse aux femmes: "si tu ne te maries pas, qu'est-ce que tu deviendras en vieillissant?"», souligne Lilith Jiang.

Pour elle, en alternative aux relations amoureuses, «des colocations 100% féminines sur le long terme, pour vieillir entre femmes, ça pourrait être une solution».

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source: keystone
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