Voici l'homme fort qui peut sortir la France du chaos
Lundi 6 octobre, lors du 20 heures de TF1, Gabriel Attal a fait face à Gilles Bouleau pour signifier sa désapprobation concernant la politique menée par Emmanuel Macron. Il en a profité pour glisser qu'il n'était pas opposé à la nomination d'un Premier ministre de gauche.
Quelques minutes plus tard, c'est au tour d'Olivier Faure de faire son apparition sur le plateau de la chaîne française. Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) affirmait que son parti répondrait positivement s'il était invité à poser ses valises à Matignon.
Cet adepte de la vapoteuse, comme un certaine Elisabeth Borne, est en pleine ascension politique grâce à son omniprésence médiatique. Le député de 57 ans entre dans un momentum qui lui est propice et soigne sa réputation de «sphynx» aux «nerfs d'acier», clamait un proche dans les colonnes des Echos.
A la suite de ces deux entretiens télévisés séparés, un conciliabule fortuit s'est formé dans les locaux de la chaîne, avec en prime la présence de l'écologiste Marine Tondelier qui était, elle, sur le plateau de LCI face à Darius Rochebin. «Une rencontre pas tout à fait fortuite», nuance Adrien Gindre, le chef du service politique de TF1-LCI.
Une discussion qui prouve encore une fois qu'Olivier Faure est de plus en plus au centre du jeu. A force qu'Emmanuel Macron épuise ses cartouches, comme le ministre météorique Sébastien Lecornu, la figure du PS se pose en sauveur d'une nation pour éviter que la France ne se défasse et sombre un peu plus dans une grave crise politique.
Après un homme de droite et un homme du centre, rappelait Olivier Faure pour évoquer les derniers Premiers ministres déchus, la logique veut que ce soit au tour de la gauche d'intégrer Matignon.
Pour ce faire, le socialiste se dit capable de compromis. Même si le député n'est pas dans les bons papiers de Macron, il pourrait s'afficher comme l'homme fort capable de tenir à bout de bras les deux pôles d'un monde politique en plein déséquilibre.
Même si les divergences sont fortes sur l'application de la taxe Zucman (un impôt plancher de 2% sur le patrimoine des ultra-riches) et la réforme des retraites. Ces deux aspects, pour la course à Matignon sont en défaveur de Faure, comme il l'exposait en septembre à Ouest France:
Or Emmanuel Macron pourrait lâcher du leste sur la réforme des retraites, même si Faure assure qu'«aucune assurance sur la suspension» n'est encore visible, parlant même d'un «leurre complet».
«Il faut des ruptures de fond», lâchait le socialiste à Nouvel Obs, pour insuffler un nouvel élan au gouvernement français.
Macron, désormais en délicatesse avec ses alliés, pourrait donc lancer les discussions et attribuer sa confiance à un politicien de la trempe d'Olivier Faure. Car le Parti socialiste et les Ecologistes n'ont pas appelé à sa destitution, contrairement à la France insoumise (LFI) qui a appelé à la destitution d'Emmanuel Macron.
De quoi convaincre le président de la République de confier les clés à la gauche, même modérée? Pas sûr. Rupture rime avec fracture, une sensation que le peuple français ressent et le fait comprendre à Emmanuel Macron. Placer un socialiste comme Premier ministre pourrait redorer un brin sa cote de popularité.
Olivier Faure, toujours au 20 heures de TF1, lundi soir, appelait Macron à entendre ses concitoyens:
Alors que même les plus proches alliés du président de la République commencent à douter, ce conciliabule orchestré lundi 6 octobre à la va-vite dans les locaux de TF1 pourrait engager un désir d'atténuer ces «lignes rouges» déplorées par Lecornu lors de son monologue pour annoncer sa démission. Et la grande peur de la gauche est le spectre d'une dissolution qui ferait les affaires de la clique à Marine Le Pen.
Comme l'écrivait Le Monde, l'objectif est de tenir jusqu’à 2027, pour empêcher une dissolution qui risquerait de favoriser l’arrivée de l’extrême droite à Matignon.
Jurant que la gauche ferait «des compromis», Olivier Faure est synonyme de garrot pour stopper l'hémorragie. Il pourra compter sur Marine Tondelier qui tente de s'afficher, elle aussi, en rassembleuse.
«Mais la France a une culture politique qui ne favorise pas les compromis», rappelait Vincent Martigny, professeur en science politique, dans le 28 Minutes d'Arte, liée «à l'hyperresponsabilité du président de la République», renseigne-t-il. Il y a péril en la demeure aujourd'hui et le pompier Olivier Faure pourrait atténuer les flammes de l'enfer (politique).
Il lui faudra de l'esprit et du caractère, car le chemin est encore long. Ce matin, LFI et leur figure principale, Jean-Luc Mélenchon, s'offusquaient sur X: «Consternant ralliement d’Olivier Faure au sauvetage du système», qui rebondit sur le probable maintien de Jean-Noël Barrot aux affaires étrangères et Sébastien Lecornu aux armées.
Pour appuyer son boss, Mathilde Panot, a assuré mercredi que son groupe censurerait «tout gouvernement qui continuerait la politique macroniste», estimant que le patron du PS n'obtiendra «que des miettes» en négociant avec Sébastien Lecornu.