Trump voudrait jouer la paix comme Taylor Swift ses tubes
Les Etats-Unis sont-ils trop petits? Anecdotiques? Sans grand intérêt? Think outside the box disait l’autre. Donald Trump est décidément très à l’aise dans son costard de demi-dieu de la pacification, mais une fois le cul en dehors de ses frontières.
Car dans les grandes villes américaines, la terreur règne, insufflée par la police de l’immigration, l’armée et la détestation de tout ce qui ne vote ou ne légifère pas à droite. Pendant qu’il fanfaronne au Moyen-Orient, à coups de grands mots et de tacle à Emmanuel Macron, et savoure son implication bourrine dans la trêve inespérée, mais fragile entre le Hamas et Israël, America is vraiment pas encore great again.
Pour faire court, la politique étrangère de Trump n’a pas grand-chose à voir avec celle qu’il applique dans son propre pays. Bien que cavalières, ses manières dans le reste du monde permettent aujourd’hui aux Gazaouis de souffler deux minutes sur leurs ruines et leurs cadavres.
Un traité de paix historique, bien qu’encore plongé dans l’inconnu en ce qui concerne son avenir, que le milliardaire a su imposer grâce à une qualité qu’il n’a plus une fois de retour à Washington: la capacité à négocier avec quiconque ne partageant pas forcément ses valeurs.
Business is business? Maybe. C’est en tout cas ce que Trump suggère dès qu’il en a l’occasion. La semaine dernière, sur Fox News, le président a invoqué les tarifs douaniers pour expliquer comment il a su convier autant de pays arabes autour de la table des négociations.
En d’autres termes, les affaires n’ont que faire de la morale, des sentiments ou des idéologies. Si le porte-monnaie est en jeu, tout est possible. Et, «les droits de douane ont apporté la paix dans le monde, je vous le dis. Ils ont apporté la paix dans le monde», s’est-il encore exclamé sur la chaîne conservatrice.
Depuis les élections de 2020 et l’assaut du Capitole, les Etats-Unis sont, pour Trump, des territoires qu’il dédie à la vengeance personnelle. Un ressentiment perpétuel contre la justice, les médias, les démocrates, les «wokes», les pauvres. En ses terres, tout ne semble qu’amertume et colère, ses escapades à Mar-a-Lago mises à part.
C’est aussi pourquoi «sa présidence populiste a régulièrement adopté des lois fiscales et budgétaires impopulaires, privilégiant les intérêts des entreprises et des riches», notait le New York Times cette semaine.
Alors que le président se montre incapable de respirer le même air que le gouverneur de Californie Gavin Newsom et de négocier avec ses propres ennemis politiques pour le bien et l’avenir des Américains, il parvient à battre des cils devant le Hamas pour camper le «faiseur de paix» dans le reste du monde. Une cote de popularité meilleure à l’étranger, alors que son pays brûle à petit feu, qui lui confère un petit air de Macron 2022, lorsque le président français, applaudi dans le reste du monde, passait encore des coups de fil à Poutine.
Même s’il y croit très fort, draguer le Qatar, la Turquie, l’Arabie saoudite et l’Egypte à coups de promesses économiques n’ira jamais dans le sens de son si cher «America First», comme le prétendait le très conservateur New York Post dans un éditorial, mardi matin.
En réalité, Donald Trump aimerait jouer la paix comme Taylor Swift ses tubes: sous les plus gros projecteurs mondiaux en faisant des cœurs avec les doigts. Or, il oublie que la chouchoute de Travis Kelce a aligné les réussites dans son pays avant de briller dans le reste du système solaire. N’oublions pas non plus que c’est aussi pour ses errances et ses décisions brutales aux Etats-Unis que le Nobel a échappé au milliardaire.
Ce n’est pas tout de viser les stades et les acclamations du plus grand nombre. Encore faut-il ne pas aligner les fausses notes dans les petits clubs de son patelin d’origine.