Du «Déluge d’Al-Aqsa» aux «Chariots de Gédéon», du massacre du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas, à l’offensive terrestre lancée lundi 19 mai par Israël dans la bande de Gaza dévastée, les références coraniques et bibliques auront servi de caution aux entreprises meurtrières.
En se réclamant des récits mythiques et divins, c’est comme si les protagonistes avaient tenu à s’affranchir des limites humaines, à commencer par celles de la diplomatie et du droit. Le «conflit israélo-palestinien» s’achève à Gaza dans un bain de sang qui trouverait sûrement sa place dans l’Ancien Testament, qui n'en manque pas.
C’est de cet engrenage irrationnel menant à l’anéantissement ou à l’exode, qu’il faut aujourd’hui sortir. Dans sa fuite en avant, le gouvernement israélien semble prêt à éradiquer jusqu’au dernier des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie pour sauver le «peuple juif» de la destruction, remise à l’ordre du jour par le 7 Octobre, vécu comme un retour des progroms et de leur manifestation ultime, la Shoah. Depuis, l’extrême droite suprémaciste au pouvoir est enfermée dans sa terrible logique, sans tenir compte des voix juives qui appellent à la fin du carnage.
Les terroristes du Hamas savaient exactement quelle mécanique folle ils mettaient en route en se livrant à la barbarie que l’on sait contre Israël, le refuge historique et légitime accordé par la communauté internationale aux Juifs persécutés à travers les âges. Vu la réprobation qui s’abat aujourd’hui sur l’Etat hébreu, sans doute le parti islamiste ne désespère-t-il pas gagner, in fine, son pari: faire d’Israël un Etat paria aux yeux du monde, ce qu’il est en train de devenir. D’autant que le Hamas dispose de relais politiques dans l’opinion occidentale.
Le gouvernement israélien donne l’impression de n’avoir que faire de l’image qu’il renvoie. Comme si, lui aussi, à l’instar des islamistes, se projetait dans le long terme, prêt à endurer l’opprobre si cela peut déboucher sur une nouvelle ère de sécurité.
Mais rien n’est sûr, dans ce calcul. Israël a besoin d’alliés. Les Etats-Unis sont en quelque sorte son assurance-vie. Jusqu’à quand? A moins qu’Israël, animé de la politique du pire, ne mise sur une conflagration de type civilisationnel en Europe, entre Occident et islam, au détriment de ce dernier. Relayés par les partis d’extrême droite, les réseaux sociaux sont pleins de ces visions conflictuelles, nonobstant les craintes réelles posées par le djihadisme et l’islamisme politique.
Il y a un moyen de sortir du chaos israélo-palestinien et de ses retombées funestes: c’est en revenant au droit international et à la diplomatie. La communauté internationale ne peut accepter que le peuple palestinien soit chassé de sa terre. Ce serait un crime contre l’humanité. La solution à deux Etats, qui suppose la reconnaissance d'un Etat palestinien, est celle qui correspond le plus à ce que le droit international a jusqu’ici prévu. Sans doute faudrait-il en passer par la force internationale pour imposer et pérenniser ce nouveau plan de partage.