Derrière ce titre putaclic au possible qu'on m'a forcé à écrire se cache en fait un constat assez simple. Cynique, mais pragmatique. La princesse Kate, en déclarant publiquement être atteinte d'un cancer, va sauver de nombreuses vies. Dont peut-être la vôtre, d'ailleurs. Si, si.
Après Charles, voilà que Kate doit elle aussi affronter cette saloperie. Comme beaucoup de monde, au final. Laissez-moi vous raconter une petite histoire personnelle.
D'abord, posons les bases. Quand ce sont les stars qui font face au cancer, elles forcent le public à s'y confronter. Ce fut le cas en 2013 lorsqu'Angelina Jolie, porteuse d'une mutation sur le gène BRCA1, a subi une double mastectomie préventive. Suite à la médiatisation de l'opération de l'actrice, qui a écrit une tribune dans le New York Times, de nombreuses femmes se sont fait tester. En 2022, c'est l'acteur Ryan Reynolds qui a, lui aussi, médiatisé sa coloscopie. Un geste qui lui a peut-être sauvé la vie.
Alors forcément, lorsque la princesse a déclaré être traitée pour un cancer, le site du National Health Service (NHS), l'agence publique pour la santé, a été pris d'assaut.
Selon le journal anglais The Sun, sur le site du NHS, il y a eu 4172 recherches entre 18 heures et 21 heures le vendredi juste après la vidéo de Kate, soit plus du double du taux habituel. Et dans les 24 heures qui ont suivi, les visites étaient cinq fois plus élevées que d'habitude.
Même constat du côté du Macmillan Cancer Support, l'association caritative britannique contre le cancer, qui a révélé qu'il y avait eu une hausse des visites de +10%, avec près de 100 000 clics sur son site de vendredi à dimanche. Une hausse similaire avait été enregistrée en février après l'annonce du cancer de Charles.
Over the weekend we saw a spike in traffic of nearly 100,000 visits to the information and support pages of our website after Her Royal Highness the Princess of Wales' announcement of her cancer diagnosis. These were the highest weekend levels seen since March 2020 and the first… https://t.co/0Q4sLPsJli
— Macmillan Cancer Support (@macmillancancer) March 27, 2024
Assez pour les chiffres, revenons à «l'humain», comme on dit. La maladie s'invite partout, dans tous les foyers. Aujourd'hui, c'est la famille royale, hier, c'était ma famille. Il y a quelques mois, c'est ma mère qui a eu droit à son diagnostic de cancer. Ma maman. Le ciel s'est effondré sur nos têtes.
Et c'est en cherchant du réconfort auprès de mes amis que j'ai réalisé à quel point de nombreuses familles sont touchées par cette maladie. Je le découvrais, naïvement, maladroitement, en mettant mes gros sabots dans le plat. Car je n'en avais franchement aucune idée, voyez-vous? «On ne parle pas vraiment de ces choses-là», me répondait-on le plus souvent. Par pudeur, par «crainte d'emmerder avec ces histoires d'hôpital, tu comprends?». Non, je ne comprends pas.
Suis-je désolée d'avoir emmerdé mes amis avec les histoires de cancer de ma maman? Absolument pas. J'étais soulagée de trouver une oreille attentive lorsque j'en avais besoin, fière de leur raconter les avancées dans son traitement et heureuse de pouvoir leur dire que je voyais son sourire revenir. Rien que de l'écrire, les larmes de joie me montent, et j'en suis reconnaissante.
Ce cancer a été rendu plus supportable, pour moi en tout cas, grâce aux actions menées pendant Octobre Rose, ou Movember. Grâce aussi, et surtout, aux personnes qui ont porté leur combat en public. Comme Nuria Gorrite, la conseillère d'Etat vaudoise qui a raconté dans la presse être atteinte d'un cancer du sein. Ou comme Sophie Hoffmann, une journaliste qui a raconté son parcours dans un podcast. On en cause, on fait du bruit, on fait tomber les tabous et la honte. C'est grâce à tout cela.
Qu'il s'agisse de Nuria Gorrite, de Kate, de Sophie Hoffmann, d'Angelina Jolie, de Charles, de ma maman... En osant en parler, que ce soit face à des millions de personnes ou à la caisse à Manor, toutes et tous ont contribué et contribuent à sensibiliser le public.
En ouvrant cet article, vous avez sans doute cru (et à raison) à un énième machin putaclic sur Kate. Nope. Et en poursuivant sa lecture, vous vous êtes peut-être dit «rhôô, encore un sujet sur le cancer». Eh oui. Et là encore, je ne suis absolument pas désolée. Pas désolée de relater les combats de celles et ceux qui, en rendant la maladie moins taboue, plus visible, en nous poussant à nous faire dépister, nous sauveront peut-être la vie.