Dans une soudaine accélération diplomatique autour de la guerre en Ukraine, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi une possible rencontre «très bientôt» avec son homologue russe Vladimir Poutine. Mais il a maintenu la menace de sanctions contre Moscou.
Dans la foulée d'une visite jugée «productive» de son émissaire spécial Steve Witkoff à Moscou, le président américain a estimé mercredi qu'il y avait «une bonne chance qu'il y ait une réunion très bientôt», sans donner de précisions de date ou de lieu. Il répondait à une question sur une possible rencontre avec le président russe ainsi qu'avec le chef d'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky, pendant un échange avec la presse dans le bureau ovale.
Le Kremlin a finalement confirmé que ce face-à-face au sommet allait bien avoir lieu. Et ce «dans les prochains jours». Les préparatifs ont d'ailleurs déjà commencé, a indiqué jeudi le conseiller diplomatique du président russe, Iouri Ouchakov, cité par les agences d'Etat russes.
«A la suggestion de la partie américaine, un accord de principe a été conclu pour organiser un sommet bilatéral dans les prochains jours», a déclaré Ouchakov. La Russie n'a en revanche pas répondu à l'idée américaine d'une rencontre à trois entre Trump, Poutine et le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky.
«Il semble que la Russie est désormais plus encline à accepter un cessez-le-feu. La pression exercée sur elle fonctionne. Mais l'essentiel est qu'ils ne nous trompent pas, nous et les Etats-Unis», a déclaré le chef d'Etat ukrainien mercredi soir.
Le dernier sommet en bonne et due forme entre Russie et Etats-Unis remonte à juin 2021, quand le président américain Joe Biden avait rencontré son homologue russe à Genève. Le démocrate a ensuite coupé les ponts avec la Russie après l'invasion de l'Ukraine en février 2022, mais Donald Trump a rétabli le dialogue à son retour au pouvoir depuis janvier, au travers de plusieurs échanges téléphoniques avec le président russe.
Le républicain a menacé mercredi d'imposer «beaucoup plus de sanctions secondaires», c'est-à-dire des taxes sur les produits en provenance de pays qui commercent avec la Russie. Il a déjà annoncé jeudi porter à 50% au lieu de 25% les taxes sur les importations venues d'Inde, à cause des achats indiens de pétrole russe. L'objectif d'un tel mécanisme est de tarir les revenus de la Russie et ainsi d'enrayer la machine de guerre russe.
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La dernière rencontre en chair et en os entre le dirigeant américain et Vladimir Poutine a eu lieu en novembre 2018 en marge d'un sommet du G20 en Argentine, mais c'est surtout leur sommet de juillet 2018 à Helsinki qui reste dans les mémoires.
Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a affirmé mercredi qu'il y avait «encore beaucoup de travail» avant une éventuelle nouvelle rencontre. Selon lui, Steve Witkoff est revenu de Moscou avec une proposition de cessez-le-feu.
«Nous comprenons mieux sous quelles conditions la Russie serait prête à arrêter la guerre», a dit le secrétaire d'Etat sur la chaîne Fox Business, ajoutant: «Nous devons comparer cela à ce que les Ukrainiens et nos alliés européens, mais bien sûr en priorité les Ukrainiens, sont prêts à accepter».
Le regain d'activité diplomatique intervient à deux jours de l'expiration d'un ultimatum des Etats-Unis à la Russie, sommée de mettre fin au conflit en Ukraine. Dans l'immédiat, il n'est pas clair si cet ultimatum, au terme duquel Washington menaçait de déployer des droits de douane secondaires, c'est-à-dire visant les pays achetant du pétrole et de l'armement russes, est encore d'actualité. Donald Trump a seulement indiqué jeudi que d'autres pays que l'Inde pourraient être visés, y compris la Chine, sans donner de calendrier précis.
La réunion entre Vladimir Poutine et Steve Witkoff a duré «près de trois heures», selon l'agence russe TASS. Elle a été qualifiée de «très utile et constructive» par le conseiller diplomatique du chef de l'Etat russe, Iouri Ouchakov, et de «très productive» par le président américain sur son réseau social Truth Social.
Après cette rencontre, Donald Trump a parlé au téléphone avec Volodymyr Zelensky. Le premier ministre britannique, Keir Starmer, le chancelier allemand, Friedrich Merz, le président finlandais, Alexander Stubb et le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, ont participé à cette conversation. (jzs/ats)