«Croyez-vous vraiment que cette tempête est totalement naturelle?» C'est ainsi qu'un compte très populaire sur X, baptisé «Donald J. Trump 🇺🇸 News», a évoqué Milton, «l'ouragan du siècle» qui s'apprête à engloutir une bonne partie de la Floride. On parle ici d'une véritable catastrophe annoncée. D'un phénomène «inédit» qui s'est intensifié à une «vitesse historique» durant ces dernières heures, dans le golfe du Mexique.
L'heure est grave. Des météorologues pleurent en direct à l'antenne et la maire de la ville de Tampa, piste d'atterrissage estimée de cet ouragan de catégorie 5 (sur 5), n'enfile plus de gants pour mettre en garde sa population:
La région de Tampa Bay, sur la côte ouest de la Floride, a raison de craindre le pire: Milton sera le premier ouragan à frapper directement cette zone métropolitaine, qui compte désormais 3,3 millions d’habitants, depuis les années 1920. Alors que sa petite sœur, Helene, n'a pas encore révélé tous ses cadavres, on nous promet déjà un deuxième service encore plus dévastateur, au point que les débris de l'ouragan précédent deviendront des projectifs extrêmement dangereux dès mercredi matin.
Alors que l'on pourrait s'attendre à ce que les élus de tous bords s'unissent contre «le monstre», Donald Trump et ses partisans ont choisi de s'emparer du drame pour en faire une arme électorale gorgée de fausses informations. Depuis le passage d'Helene, le candidat républicain est à plein régime pour accuser le gouvernement fédéral de tous les maux.
La stratégie de campagne de Donald Trump peut se résumer en une phrase: faire croire aux citoyens américains que les Etats-Unis sont un véritable enfer sur terre, que lui seul peut sauver. Une technique qu'il applique à l'économie et à l'immigration, comme lorsqu'il maintient que les migrants de la ville de Springfield mangent les animaux domestiques des habitants. L'idée étant de créer une panique suffisamment grande pour que les électeurs comprennent que les démocrates ont transformé le pays en film catastrophe et dystopique.
Ce n'est donc pas étonnant que le candidat républicain utilise aujourd’hui les catastrophes naturelles pour enfoncer le clou. En réponse à ces attaques quotidiennes, Kamala Harris a eu des mots très durs, dans l'émission The View.
Il faut dire que les mensonges de Donald Trump compliquent passablement le travail des secouristes sur le terrain, notamment en Caroline du Nord, où la région se relève péniblement des dégâts causés par l'ouragan Helene.
Les médias américains parlent «de fortes tensions» au sein des populations sinistrées, en raison «des rumeurs infondées» propagées par les trumpistes. Mais tous les républicains ne sont pas d'accord avec le 45e président des Etats-Unis. A l'image du sénateur républicain Kevin Corbin, originaire d'une région particulièrement dévastée, qui se montre exaspéré sur Facebook:
Mais il y a pire et encore moins crédible. Pour une certaine frange du mouvement MAGA, la plus extrémiste, les ouragans qui frappent le sud du pays «ne sont pas naturels». Autrement dit, le gouvernement Biden fabriquerait des tempêtes de toutes pièces pour des raisons politiques.
Des conspirations improbables qui sont portées par des personnalités importantes et des élus de premier plan. A commencer par Marjorie Taylor Greene, représentante républicaine de la Chambre, qui prétend que les démocrates «contrôlent» les catastrophes «avec des lasers», pour «faire en sorte que les dévastations causées par l'ouragan affectent les élections».
Ce n'est pas la première fois que l'élue trumpiste invoque les lasers pour tenter d'exterminer «l'Etat profond». En 2021, elle prétendait déjà que les incendies de forêt qui ont brûlé une grosse partie de la Californie provenaient d'une sorte de «laser spatial juif». Le hic, c'est qu'elle n'est de loin pas la seule à penser que les ouragans qui ravagent actuellement la Floride sont une création de l'ennemi politique.
Alors que Donald Trump n'a pas terminé de propager des mensonges au sujet de la reconstruction du pays après le passage d'Hélène, l'arrivée de Milton devrait encore compliquer les choses dans les jours qui viennent. D'autant que les rumeurs sont dévastatrices quand «des populations entières n'ont soudain plus accès aux médias traditionnels à cause des coupures de courant», expliquait encore mardi Juliette Kayyem, ancienne secrétaire adjointe au département de la Sécurité intérieure.