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Jasmine Crockett, la démocrate qui s’inspire de Trump

Jasmine Crockett, la démocrate qui veut copier «l’infâme» Trump
Pour Jasmine Crockett, 43 ans, Donald Trump est un «homme faible» dont il faut s’inspirer.images: getty, montage: watson

Cette démocrate veut s’inspirer de la «pute de Poutine»

Jasmine Crockett, 43 ans crève l’écran. Alors que son parti est encore sonné par la défaite de novembre dernier, elle dégaine des grossièretés pour décrire et défier le président MAGA. Mais derrière ses manières cavalières, la députée du Texas pointe adroitement les défauts des démocrates.
14.03.2025, 05:3714.03.2025, 05:37
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Il y avait l’éternel Bernie Sanders, 83 ans. La charismatique députée de New York Alexandria Ocasio-Cortez, aussi. Voilà. Depuis la victoire de Donald Trump en novembre dernier, la résistance démocrate est quasi inexistante aux Etats-Unis.

Encore groggy par la défaite cuisante de Kamala Harris, le parti fouille péniblement son ADN pour se chercher un avenir, alors que le président met le pays et le monde à sac. Face aux grosses semelles MAGA, un tout frais porte-voix du Congrès compte bien montrer les crocs. Depuis quelque temps, une certaine Jasmine Crockett, 43 ans, ouvre sa gueule et ne s’embarrasse pas d’une quelconque bienséance.

Un truc à dire à Trump?

«Arrête d’être la pute de Poutine!»
Jasmine Crockett

Le regard vif, la verve au bord des lèvres, jamais elle n’évite la confrontation ou les micros qui se tendent avec délectation sous son nez. De quoi corser les interviews et animer la Chambre des représentants, comme lorsqu’elle a qualifié l’extrémiste de droite Marjorie Taylor-Greene de «fausse blonde dans un corps d'homme mal bâti», en réponse à une insulte concernant ses cils.

Un truc à dire à Musk?

«Va te faire foutre»
Jasmine Crockett

Ce franc-parler lui a offert une renommée express, alors que la Texane n’est députée que depuis deux ans. Les républicains se doivent évidemment de gonfler leur muscle labial face à cet ouragan démocrate, mais ses manières se retrouvent au cœur d’un questionnement plus sérieux autour de l’identité des démocrates: la grossièreté est-elle une nouvelle arme pour reconquérir la base?

Car elle n’est pas la seule à laisser sa langue se balader en liberté depuis l’élection présidentielle de novembre dernier. Hélas, les autres semblent se dévergonder de force, feindre une coolitude urbaine qui ne leur ressemble pas, à l’image de Maxine Elizabeth Dexter, représentante de l’Oregon depuis à peine deux mois.

«Je ne jure pas très bien en public, mais il faut aller baiser Trump. S'il vous plaît, ne dites pas à mes enfants que je viens de faire ça»
Députée démocrate de l’Oregon

«La clé, c'est de ne pas en faire trop et de ne pas forcer», disait Caitlin Legacki, une vétérane de la campagne démocrate, à Politico. Pour l’instant, Jasmine Crockett jure encore dans les clous et connait ses limites. Avocate de profession et spécialiste des droits civiques, cette enfant du Midwest maîtrise la loi comme sa poche et embrasse la colère des plus faibles depuis ses débuts dans les prétoires. Ses ras-le-bol sortent du bide, comme des jets de bile qu’elle refuse de garder pour elle.

«On se bat avec le Groenland, avec le Canada, avec le Mexique, mais on adore Poutine? Il se passe quoi? Ce n’est pas l’Amérique! C’est un terrible cauchemar, giflez-moi pour me réveiller, putain, je n’en peux plus»
Jasmine Crockett

Lors du discours de Donald Trump sur l’état de l’Union, la semaine dernière, Jasmine Crockett s’est levée et s’est cassée. Mais l’explication vient toujours accompagner l’incartade: «Il est là-haut, il débite toutes sortes d'absurdités. On n'allait pas rester là», qu’elle avait balancé dans une vidéo postée sur Facebook dans la foulée. Si certains l’accusent de copier bêtement celui qu’elle considère pourtant comme un «homme infâme, faible et déplorable», son larcin n’est pas gratuit.

Derrière la forme, le fond

Dans une longue interview à Vanity Fair, en décembre dernier, la députée argumente sa volonté affichée d’emprunter certaines armes au président MAGA. D’autant que ça concerne plus volontiers son parti que sa petite personne.

Selon elle, si Trump a gagné en novembre, c’est notamment grâce à sa «très grande cohérence». Il entretient une image, une personnalité forte et, surtout, définissable: «Je parle souvent du manque de stratégie de marque des démocrates, ce qui nous a valu une image emplie de faiblesse».

«La réalité, c’est que les démocrates doivent se libérer de leurs pensées et comprendre que nous sommes un produit. Et ce produit, on doit réussir à le vendre»
Jasmine Crockett, dans Vanity Fair
NEW YORK CITY - OCTOBER 15: The Late Show with Stephen Colbert and guest Rep. Jasmine Crockett during Tuesday's October 15, 2024 show. (Photo by Scott Kowalchyk/CBS via Getty Images)
Sur le plateau de Stephen Colbert, trois semaines avant l’élection présidentielle. Image: CBS

Pour que l’on cerne mieux son analyse, elle prend appui sur sa propre carrière politique. Si elle veille à ce que sa circonscription soit informée des politiques qu’elle défend et des projets de loi qui ont été promulgués, ça ne suffira jamais: «Je gagne aussi parce que les gens m'apprécient et apprécient mon image, à savoir que je suis une agitatrice».

Il faut avoir un logo. Le mien, c’est le feu. Je suis une battante. Mes électeurs ne parviendront peut-être pas à vous citer tous mes dossiers, mais savent qui je suis et ce que je défends»
Jasmine Crockett

Et quand le journaliste Eric Lutz lui demande quelle est aujourd'hui «l’image de marque» du parti démocrate, elle répond: «Je ne sais pas». Vous l’aurez compris, cet argumentaire plane sur l’un des plus grands défauts de la campagne de Kamala Harris, à qui l'on a surtout reproché l’absence d’une identité politique claire.

Mais, attention, Jasmine Crockett ne se place pas en accusatrice d’une campagne démocrate manquée. Non seulement elle en fut la directrice adjointe, mais elle n’est pas dénuée de stratégie: «Je vous assure que ce qui fonctionne, c'est que les gens croient que vous vous battez pour eux, même s'ils ne sont pas d'accord».

Aujourd’hui figure montante de l’opposition, elle reste persuadée que les électeurs doivent avant tout «ressentir l’indignation qui nous habite, nous, politiciens». Le langage fleuri et les invectives semblent faire partie du processus, comme une bonne dose d’ayahuasca, même si certains ténors du parti, anonymement, ronchonnent en rappelant que «ça passe par des manœuvres législatives, pas par des insultes occasionnelles dans un podcast», lit-on dans Politico.

Jasmine Crockett, elle, jure qu’elle se soigne.

«Oui, j’ai vraiment la bouche pleine de grossièretés, surtout quand je suis en colère. On y travaille. On va même prier pour ça»
Sa mère mange sa crème glacée, il appelle la police
Video: watson
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