«Il n'a pas froid aux yeux», affirme Radio-Canada. Doug Ford (60 ans), premier ministre de l'Ontario, n'a pas vraiment le choix: il doit riposter face à Trump et la hausse de 50% des taxes sur tout l’acier et l’aluminium entrant aux Etats-Unis en provenance du Canada. Il est donc entré avec ses gros sabots dans le jeu d'intimidation américain, avec fermeté.
Une réponse bien sentie qui a obligé Donald Trump à rétropédaler, puisque l’Ontario exporte de l’électricité vers 1,5 million de foyers du Minnesota, de New York et du Michigan. Sur le réseau Truth Social, Trump faisait le poing dans sa poche et clamait que cette réponse de Ford allait «affecter la vie de personnes innocentes». En colère, il a ensuite dégainé les menaces en annonçant que le pays à la feuille d'érable allait payer un prix «si élevé que l’histoire en parlera pendant de nombreuses années».
Il faut dire que, si Doug Ford joue les coqs dans la bassecour politique, il a une bonne raison de le faire. L'Ontario devrait être la province canadienne la plus touchée dans la guerre douanière avec les Etats-Unis. Comme le soulignait Radio-Canada, l’Ontario est en tête des exportations vers le pays de Donald Trump, avec un total de 250 milliards de dollars expédiés en 2023.
Mais cette fermeté pourrait se révéler être une arme à double tranchant. Le premier ministre de la province la plus peuplée du Canada s'est lancé dans un jeu dur, pour reprendre le vocabulaire cher au hockey sur glace. Il a donc beaucoup à perdre, lui qui arbore fièrement une casquette «Canada is not for sale» (Le Canada n'est pas à vendre). Doug Ford est à présent, comme il en ressort à maintes reprises dans les éditos politiques au Canada, en passe de devenir le politicien canadien le plus connu des Etats-Unis.
Réélu le 3 mars dernier pour un troisième mandat, Ford a affirmé qu'il ne céderait pas face à l'ogre républicain. Ce jeudi, il sera d'ailleurs en mission à Washington pour évoquer cette crise commerciale qui vampirise le monde.
A la suite d'une conversation avec le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, Doug Ford estimait que «la température doit baisser afin de faire avancer le dossier». Il s'est également exprimé dans les colonnes du Toronto Star, affirmant sa fermeté:
Le Canadien s'est déjà montré intraitable, en mettant fin à un important contrat avec la firme Starlink d’Elon Musk. Une situation cocasse puisque, comme le rappelle le média The Walrus, l'élu était à l'origine de cet accord avec Elon Musk. «Les fournisseurs installés en Ontario auraient dû être priorisés», écrivait le magazine.
Mais Doug Ford est en train d'inverser la tendance. Le bonhomme incarne la rébellion actuelle de la nation canadienne, tout en se montrant prêt à négocier avec les Etats-Unis, comme il l'écrivait sur X: «Au cours des prochaines semaines et mois, je travaillerai de bonne foi avec le secrétaire américain Lutnick, nos partenaires fédéraux et tous les premiers ministres afin de signer un accord de libre-échange équitable pour les deux pays».
Avec Mark Carney désormais à la tête du pays et Doug Ford pour s'opposer à Trump, le Canada se muscle pour répondre à ses voisins.