Pendant que Donald Trump se démène désespérément pour détourner l'attention publique de Jeffrey Epstein, dont le nom lui colle aux basques depuis près de trois semaines, le reste du pays, lui, refuse de lui accorder le droit à l'oubli. Ce dossier est l'un des plus brûlants de l'été - et le président américain est menacé d'y laisser des plumes.
Donald Trump en est conscient et c'est sans doute pour cela qu'il s'est laissé aller à un énième coup de sang ce jeudi, sur Truth Social. A l'origine: deux nouveaux rapports publiés dans le New York Times et le Wall Street Journal, au sujet de la lettre et du dessin qu'il aurait écrits à son ancien ami, à l'occasion d'un album pour son anniversaire, en 2003.
Si cela peut le consoler, Donald Trump n'est pas la seule personnalité publique à voir resurgir avec effroi ce vieux démon du passé. Près d'une cinquantaine de célébrités du monde des médias, de la politique et des affaires ont contribué à cet album-souvenir, conçu par l'ancienne compagne et femme de main du financier décédé, Ghislaine Maxwell.
Un «cadeau spécial» à l'occasion de ses 50 ans, selon le Wall Street Journal, où la maîtresse souhaitait compiler les mots, croquis ou encore souvenirs personnels des gens importants qui gravitaient autour du couple. Le tout a été ensuite rassemblé grâce à des assistants dans un album en cuir.
Dans une archive retrouvée par le New York Times, Ghislaine Maxwell présente à son compagnon le projet en quelques mots sur une feuille de papier cartonné:
Relié par un professionnel, l'album d'anniversaire comporte plusieurs volumes, ainsi qu'une table des matières. Les contributions y sont classées dans diverses catégories: «Amis», «Affaires», «Sciences», «Brooklyn» ou encore «Famille». Si de nombreux auteurs ne sont pas célèbres, des personnalités notoires ont apposé leur note dans ce livre d'or rédigé seulement trois ans avant la première arrestation de Jeffrey Epstein, en 2006.
Citons notamment un certain Bill Clinton, dont les relations avec le financier décédé ont été documentées. Classé sous la catégorie «Amis», le président américain a griffonné:
On ne peut toutefois que déplorer la triste formule de Bill Clinton évoquant la «curiosité d'enfant» d'un homme condamné par la suite à agression sexuelle sur mineur. Bien qu'un porte-parole ait refusé de commenter ce cas précis, l'ancien président a toujours affirmé n'avoir jamais été courant des crimes présumés du financier.
La créatrice de mode Vera Wang, pour sa part, écrit dans sa note qu'elle songe à inscrire Jeffrey Epstein dans la série The Bachelor et qu'ils devraient aller faire du shopping. Elle a déclaré par la suite au Wall Street Journal en 2023 qu'elle regrettait d'avoir été associée à l'homme d'affaires.
Sur une autre page, c'est le milliardaire et ancien cadre de Microsoft Nathan Myhrvold qui glisse plusieurs photos d'un récent voyage en Afrique. «Elles me semblaient plus appropriées que tout ce que je pouvais exprimer avec des mots», note-t-il. Les photos? Un singe hurlant, des lions et des zèbres en train de s'accoupler ou encore un zèbre dont le pénis est bien visible.
Comme cela a déjà été rapporté, c'est dans la catégorie «Amis» que Donald Trump aurait laissé un croquis et quelques mots. Selon le Wall Street Journal, le dessin représente une femme nue dont les poils pubiens sont la signature de Donald Trump.
Après avoir nié avoir jamais écrit cette lettre, la qualifiant de «FAUSSE» et affirmé n'avoir jamais «peint de tableau» de sa vie ni «dessiné de femmes» (malgré les preuves qu'il a réalisé de nombreux croquis), le président américain a intenté une action en justice de 10 milliards de dollars contre le Wall Street Journal et son propriétaire, Rupert Murdoch.
Or, le New York Times vient tout juste de déterrer une autre missive adressée par Trump à Epstein. Il s'agit d'une dédicace de son livre, The Art of Comeback, écrite quelques années plus tôt. «A Jeff, tu es le plus grand!»
Après une première salve de photos inédites montrant Donald Trump et Jeffrey Epstein publiées par la chaîne CNN cette semaine, le quotidien américain a également ressorti des archives une image encore jamais vue où les deux hommes prennent la pose, tout sourire, aux côtés du chanteur James Brown.
Encore une fois, Ghislaine Maxwell, incarcérée dans une prison de Floride où elle purge une peine de vingt ans de prison, se retrouve au cœur de cette affaire. Au point que Donald Trump, empêtré dans ce scandale dont il n'arrive plus à se défaire, a demandé à son avocat personnel et procureur adjoint, Todd Blanche, de lui rendre visite jeudi.
L'entretien d'environ six heures a été «direct» et «honnête», selon son avocat, et n'a pas manqué de susciter de nombreuses spéculations. D'autant que Ghislaine Maxwell a été photographiée en train de retourner en prison avec les bras chargés d'une mystérieuse boîte. Son contenu n'était pas clair dans l'immédiat et l'avocat de la détenue n'a pas immédiatement répondu à la demande de commentaires du Daily Beast.
Bien que ni le ministère de la Justice ni les avocats présents n'aient divulgué le contenu de cette longue conversation, Todd Blanche a tout de même révélé sur X qu'il rencontrerait à nouveau Ghislaine Maxwell ce vendredi.
Donald Trump a réagi dans la foulée sur son réseau social, en formulant une promesse: «A mesure que les choses seront révélées, et j'espère que cela se fera rapidement, vous verrez qu'il s'agit d'une nouvelle arnaque démocrate. Espérons que les dossiers du Grand Jury mettront fin à cette mystification».