International
Donald Trump

Qui est Dana White, le trumpiste qui fricote avec Zuckerberg

Dana White, le cogneur de Trump qui a peur de mourir
Dana White, soutien du gourou MAGA, fricote désormais avec Mark Zuckerberg.images: gettty, montage: watson

Dana White, le cogneur de Trump qui a peur de mourir

Cette semaine, le patron de la puissante ligue UFC, a posé l'une de ses valises au conseil d'administration de Meta. A l'heure où Mark Zuckerberg drague le président Trump, retour sur la carrière successful, cabossée et controversée d'un homme d'affaires à l'ancienne.
07.01.2025, 20:5707.01.2025, 20:59
Plus de «International»

On lui donnait précisément 10,4 années à vivre. Nous sommes en 2022 lorsque Dana White réalise que son style de vie est une lame de guillotine en stand-by, prête à s'abattre sur sa nuque à n'importe quel moment. En cause, un taux de triglycérides très élevé, qui peut se révéler fatal si le puissant patron du célèbre Ultimate Fighting Championship ne se prend pas en main. Réveillé au beau milieu de la nuit par un certain Gary Brecka, le jeune quinquagénaire va sonner l'alarme.

«Les triglycérides sont une mesure de la graisse dans le sang et ne devraient pas dépasser 149. 200 ou 300 est déjà un niveau cataclysmique, mais le sien était à 768»
Gary Brecka

Gary Brecka est un pseudomédecin (dixit L'Equipe), un biohacker controversé et un obsédé de la vie éternelle. Après avoir glissé une poignée de conseils à Cristiano Ronaldo et une substance interdite à Paul Pogba, le type aurait ainsi sauvé la vie du roi de la castagne à l'américaine. Brecka fut surtout un ancien employé d'assurance-vie chargé de prédire la date de la mort des clients.

Chacun jugera. Reste que Dana White va être frappé par un immense instinct de survie et se jettera sans réfléchir sur les techniques de ce gourou du développement personnel. A 54 ans, deux ans de plus et dix-huit kilos de moins, le boss de l'UFC est un autre homme en juin 2024.

Image
source: instagram de Dana white

«En pleine forme», le voilà fin prêt pour muscler la campagne de son pote de toujours, Donald Trump. En quelques semaines, il va l'aider à fédérer une bonne grappe de jeunes mâles blancs américains d'ordinaire peu familiers avec les urnes. Sa stratégie? Dérouler le tapis rouge au candidat MAGA à chaque combat et décapsuler un discours de soutien qui fera date, lors de la convention républicaine, au côté du milliardaire de Mar-a-Lago.

Ce n'est pas tellement un hasard si les deux hommes s'entendent comme deux compères de comptoir. Propulsés par la gagne et le refus d'abandonner, ils ont gravi leurs propres échelons en n'oubliant jamais le petit coup de main au copain. Sans la passion de Donald Trump pour la baston en cage, ce sport violent autrefois en marge ne serait sans doute jamais devenu la puissance politique et culturelle qu'il incarne aujourd'hui.

«Donald sera toujours un allié. Il était là quand les autres m'ont laissé tomber»
Dana White

C'est aussi dans l'adversité que les similitudes sautent aux yeux. Une fois dans la mouise, les deux colosses de la liberté d'expression restent invariablement debout. Qu'il ait été filmé en train de gifler sa femme dans un club en 2023 ou qu'il réhabilite la bière Bud Light alors que les conservateurs l'ont mise à mort, Dana White possède une «vision à long terme de la publicité» et considère qu'on «n'annule pas les gens, ce ne sont pas des manières».

Alors que le sénateur John McCain comparait le MMA à un dangereux combat de coqs en 1996, trois ans après la naissance de la ligue UFC, Donald Trump a été le seul entrepreneur à accepter sans tiquer que le sang coule en ses murs.

«A l'époque, personne ne nous a pris au sérieux. Sauf Donald Trump»
Dana White

En 2001, alors que Dana White est le manager des combattants stars Tito Ortiz et Chuck Liddell, il apprend que la ligue UFC, étranglée par les dettes, est à vendre. Quelques coups de fil plus tard, son ancien pote d'école Lorenzo Fertitta, qui fait pousser des casinos à Vegas, rachète la franchise et hisse White à sa tête. En exagérant un poil, ce sera la dernière fois que les bagarres en cage auront mauvaise presse.

En février 2001, c'est l'homme d'affaires Donald Trump qui accueillera le premier combat sous l'ère White, au Taj Mahal d'Atlantic City. Les débuts d'un empire qu'il imaginait déjà lorsqu'il tapait dans un sac dans sa jeunesse, à Boston.

ATLANTIC CITY, NJ - FEBRUARY 23: Jens Pulver (L) defeats Caol Uno to win the UFC Bantamweight Championship at UFC 30 at the Trump Taj Mahal on February 23, 2001 in Atlantic City, New Jersey. (Photo by ...
Jens Pulver bat Caol Uno lors de l'UFC 30 au Trump Taj Mahal d'Atlantic City, le 23 février 2001.Image: Zuffa LLC

L'entrepreneur sait aussi entretenir le mystère et encore plus quand ça souligne la sinuosité de son existence. Il raconte notamment avoir fui Boston d'un jour à l'autre, poursuivi par des hommes de main du chef présumé du Winter Hill Gang. La raison? Une dette de 2500 dollars qui «venait de nulle part». Ce qui semble sûr, c'est son envie de bouffer son rêve américain sans mâcher.

«Dana disait tout le temps qu'il y a "tellement d'opportunités dans l'Ouest dans l'Ouest, dans l'Ouest!"»
Peter Welch, un boxeur de Boston avec qui il a travaillé, cité par le New York Times.

Et sa conquête de l'Ouest se résumera à faire de Las Vegas son terrain de jeu et d'un sport de mâles supposément mal éduqués «le Super Bowl des arts martiaux mixtes». Car White a très vite compris que sans divertissement, le MMA n'allait jamais attirer la foule dans les gradins et les télévisions familiales, effrayées par les coups et la cage. Bien sûr, tout ne sera pas aussi rapide qu'un coup de pied dans une mâchoire. Les premières années, les propriétaires perdront jusqu'à 40 millions de dollars.

Mais celui qui voulait devenir boxeur professionnel va finir par mettre KO toutes les autres ligues de combat professionnelles. Comme Trump avec «The Apprentice», c'est avec une émission de télé-réalité qu'il parviendra à installer la bagarre dans la vie quotidienne des Américains: «The Ultimate Fighter». Faisant de Dana White une petite célébrité de Vegas. Ce sera suffisant pour commencer à engranger les millions.

Car Dana Wight est avant tout un homme d'affaires qui adore que «les choses marchent comme sur des roulettes» et déteste quand «l'Amérique est trop molle». La joute politique n'a jamais été un vrai hobby. Du moins jusqu'à la pandémie de Covid-19, quand le patron des cages, comme beaucoup de libéraux conservateurs, va péter un plomb.

En colère contre la stratégie des vaccins et surtout les confinements généralisés, sa grogne va fricoter avec celle de la plupart des commentateurs proches de Donald Trump. Il va notamment croiser la route de Tucker Carlson & Cie, critiquer ouvertement les décisions du gouvernement Biden et se mettre à détester les grands médias généralistes. De quoi en faire un MAGA pur jus? Presque. Depuis toujours, White est moins guidé par les idéologies que par un opportunisme très américain: le pognon d'abord.

Et ça va même plus loin que ça, puisqu’il a affirmé, deux semaines après une élection où il a joué un rôle clé, en avoir terminé avec la politique, qu'il trouve «dégoûtante».

«Je ne veux plus rien avoir à faire avec cette merde»
Dana White, au New Yorker

Soit. Aujourd'hui, l'UFC a fusionné avec la célèbre ligue de catch WWE, donnant naissance à un monstre du divertissement sur ring valorisé à plus de 20 milliards de dollars. En janvier 2025, on ne sait toujours pas si la politique américaine s'est inspirée des combats en cage ou si Dana White s'adapte à la société dans laquelle il fait fructifier ses affaires. Saviez-vous qu'il est également derrière cette nouvelle discipline qui consiste à s'envoyer professionnellement des gifles?

Le petit gars de Boston aimante chaque année davantage de jeunes blancs, jusqu'à faire craquer Mark Zuckerberg. Passionné lui aussi de MMA et soucieux de rester dans les jupes du nouveau pouvoir à Washington, le patron de Meta vient de lui ouvrir les rangs de son conseil d'administration. «Je crois fermement que les médias sociaux et l'IA sont l'avenir», dira Dana White au moment d'accepter le nouveau défi.

Que ce businessman de 54 ans le veuille ou non, du ring aux algorithmes, tout semble désormais mener à la Maison-Blanche de Donald Trump. Et il en porte une part de responsabilités, puisque son allié de toujours y dormira pendant quatre ans.

Une question reste néanmoins sans réponse. A-t-il toujours peur de mourir, alors qu'il lui resterait 7,4 ans à vivre sans les conseils de son étrange gourou?

On a goûté la raclette Dubaï et le chocolat Zurich
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Donald Trump fait ressurgir une étrange maladie
Lorsqu'il passait ses journées au tribunal, en 2024, le futur président était persuadé que ses ennemis souffraient d'un trouble mental. Alors qu'il vient d'annoncer le recrutement de 1000 fonctionnaire «exceptionnels», ce mal ressurgit et porte un nom: le «Trump derangement syndrome». Le quoi?

L'heure de l'apéro de bienvenue approche et, avec elle, son lot de nouveaux employés qui vont fouler la moquette de l'administration américaine pour la première fois. Le 20 janvier, Donald Trump prêtera serment et emménagera pour la deuxième fois à la Maison-Blanche. Pour fêter ça, jeudi matin, le milliardaire de Palm Beach a annoncé l'engagement de 1000 premiers fonctionnaires. Des gens forcément «exceptionnels à tous égards».

L’article