Bad Bunny, 40 millions d'abonnés sur Instagram, est sans doute le rappeur le plus populaire auprès des Latinos-Américains. Bad Bunny est portoricain. Et Bad Bunny a choisi un moment fort pour (enfin?) soutenir publiquement la campagne de Kamala Harris. Dimanche soir, un certain Tony Hinchcliffe, animateur du potcast humoristique Kill Tony, s'est fendu d'une vanne raciste durant le rallye de Donald Trump au Madison Square Garden de New York.
To ALL Puerto Ricans, this is what this guy just said at Donald Trump's fascist gathering in Madison Square Garden. And don't forget that Trump forced Puerto Rico to wait TWO YEARS for full hurricane relief. Your vote counts. Make it for #HarrisWalz. pic.twitter.com/hNh3Ae06Iz
— rolandsmartin (@rolandsmartin) October 27, 2024
Donald Trump a-t-il contrôlé et validé les prises de paroles de ses (nombreux) soldats chargés de faire monter la sauce avant sa montée sur scène? Partage-t-il les propos racistes de l'animateur de podcast? Toujours est-il qu'au sein du GOP, la vanne a été avalée de travers. A l'image de la députée républicaine de Floride Maria Elvira Salazar, élevée à Porto Rico, qui s'est empressée d'affirmer que «cette rhétorique ne reflète pas les valeurs du parti républicain».
Sans surprise, le responsable du parti conservateur à Porto Rico est lui aussi en colère. Dans un communiqué plutôt salé, Ángel Cintrón a qualifié ces propos de «malheureux, ignorants et totalement répréhensibles», avant d'affirmer qu'il s'agit d'une «piètre tentative de comédie qui, tout comme elle a été fermement rejetée par le public lors de l'événement, mérite d'être répudiée par tous».
Ce n'est pas tout, puisque le sénateur républicain Rick Scott a enfoncé le clou en disant que «cette blague a fait un flop pour une raison: elle n’est ni drôle ni vraie».
This joke bombed for a reason. It's not funny and it's not true. Puerto Ricans are amazing people and amazing Americans! I’ve been to the island many times. It’s a beautiful place. Everyone should visit! I will always do whatever I can to help any Puerto Rican in Florida or on… https://t.co/b00eYWkx85
— Rick Scott (@ScottforFlorida) October 27, 2024
Enfin, comme s'il fallait prouver que le malaise est profond, même la campagne de Donald Trump a dû sortir l'artillerie lourde pour tenter de sauver les meubles:
Forcément, la gaffe a immédiatement été empoignée par le camp démocrate. Et Tim Walz, le colistier de Kamala Harris, n'a pas mâché ses mots pour s'offusquer de la métaphore, traitant l'humoriste trumpiste de «trou du cul».
Peu après, le rappeur Bad Bunny a partagé une récente vidéo de la vice-présidente détaillant sa stratégie pour ce petit territoire américain. Suivi de près par J. Lo, Ricky Martin et Luis Fonsi, autant d'artistes d'origine portoricaine qui, une fois réunis, collectionnent près de 500 millions d'abonnés. De quoi donner le tournis aux stratèges du 45e président des Etats-Unis.
Alors que les deux candidats se chamaillent un vote latino jugé crucial, à moins de dix jours du scrutin, on peut se demander quelle mouche a piqué le clan MAGA pour s'en prendre à une communauté qui pourrait faire la différence, notamment dans les Etats clés.
Car les Portoricains, c'est tout de même un million d'électeurs à New York et un poil plus en Floride. Mais surtout 450 000 citoyens en Pennsylvanie, 100 000 en Caroline du Nord, 65 000 dans le Wisconsin et 50 000 au Michigan. Dans une élection où chaque voix compte, l'insulte risque de coûter très cher à Donald Trump.
Tony Hinchcliffe a-t-il été sermonné en fin de rallye par le milliardaire républicain? Mystère. Ce qui est sûr, c'est que l'humoriste a bien compris que sa vanne n'est pas passée. Toutefois, au lieu de distribuer une série d'excuses, l'homme a cru bon d'attaquer ceux qui n'ont pas ri: «Ces gens n'ont aucun sens de l'humour. C'est fou qu'un candidat à la vice-présidence prenne le temps, malgré son emploi du temps chargé, d'analyser une blague sortie de son contexte pour la faire passer pour raciste».
Alors que Donald Trump comptait sur sa prestation au Madison Square Garden pour confirmer sa mainmise sur le parti républicain et provoquer les démocrates sur leurs terres new-yorkaises, le voilà éclipsé par une blague raciste qui n'a fait rire personne.