Comment le Danemark s'est transformé en forteresse anti-russe
Lorsqu'ils se réunissent, les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 pays de l'Union européenne bénéficient normalement déjà du niveau de sécurité le plus élevé. Mais pour la rencontre de mercredi dans la capitale danoise, Copenhague, les mesures ont été encore renforcées. Plusieurs drones d'origine inconnue avaient en effet plongé le pays en alerte pendant plusieurs jours.
La menace russe dans toutes les têtes
Des drones au-dessus d'installations militaires et de l'aéroport de Copenhague. Personne ne sait qui les a envoyés. Pour la première ministre Mette Frederiksen, en revanche, c'est clair: il s'agit d'une «attaque hybride». Sans nommer explicitement la Russie comme responsable, elle précise néanmoins:
Pour garantir la sécurité des chefs d'Etat et de gouvernement, le palais de Christiansborg, au cœur de la capitale, est transformé en véritable forteresse. Des centaines de policiers assurent la protection du siège du gouvernement, surnommé «Borgen», où ont été tournées de nombreuses scènes de la célèbre série politique du même nom.
L'Allemagne à la rescousse
Plus loin dans le port se trouve la frégate «Hamburg», envoyée par l'Allemagne à la demande du Danemark pour renforcer la sécurité. Le navire de guerre, spécialisé dans la défense aérienne, se trouvait déjà dans la région. La semaine dernière, il avait participé, avec le destroyer américain «USS Bainbridge» ainsi que des navires finlandais et suédois, à des exercices de l'Otan en mer Baltique.
As part of the enhanced Vigilance Activity Baltic Sentry, #NATO plans to deploy the 🇩🇪 Navy frigate HAMBURG and, if necessary, other units. Baltic Sentry’s purpose is to deter any attempts to damage critical undersea infrastructure in the Baltic Sea.
— Germany at NATO (@GermanyNATO) September 28, 2025
© Bundeswehr/Steve Back. 1/2 pic.twitter.com/LFDUb1ubmz
Le plus grand et le plus coûteux navire de guerre au monde, le porte-avions américain «USS Gerald R. Ford», a également participé à l'exercice «Neptune Strike».
C'est pendant cette période que la frégate Hamburg a été survolée à basse altitude à deux reprises par des avions de reconnaissance russes. Les militaires ont qualifié ces passages d'«inutiles provocations». La Hamburg doit contribuer à renforcer la surveillance de l'espace aérien danois.
That's something you don't see every day!
— NATO (@NATO) September 28, 2025
The world’s largest aircraft carrier, 🇺🇸 USS Gerald R. Ford, sailing in the Oslofjord 🇳🇴 pic.twitter.com/nJ6xmpo6Xv
Protéger l'Europe de l'Est avec un «mur de drones»
Pour éviter que des drones mystérieux ne survolent à nouveau Copenhague, l'armée allemande a également dépêché 40 soldats équipés de matériel anti-drones. La France envoie un détachement de 35 soldats avec des moyens similaires ainsi qu'un hélicoptère.
La Suède, plusieurs autres pays de l'Otan ainsi que les Etats-Unis ont également annoncé qu'ils aideraient le Danemark à sécuriser le sommet. Le pays ne dispose en effet que de capacités limitées en matière de défense anti-drone à courte portée. C'est pourquoi le Danemark a commandé l'année dernière le système de défense aérienne mobile «Skyranger» de l'entreprise Rheinmetall.
La défense anti-drone sera également au centre des discussions lors du sommet de mercredi. Après l'incident en Pologne, où près de vingt drones d'attaque présumés russes ont pénétré dans l'espace aérien de l'Otan, le renforcement de la défense contre les drones devient une priorité absolue. La Commission européenne propose de créer, pour plusieurs milliards d'euros, un «mur anti-drone» le long du flanc est de l'Europe.
Derrière ce terme se cache un concept encore peu abouti de défense en plusieurs lignes. Outre des radars pour la détection précoce, des moyens de brouillage électronique, mais aussi des dispositifs de tir et des drones intercepteurs devraient constituer ce mur.
Zelensky et KKS également présents
Sur ce point, l'Ukraine s'est imposée ces trois dernières années comme un leader dans le développement de telles technologies. Peu après les incursions de drones en Pologne, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a proposé son aide. Lundi, une équipe de spécialistes ukrainiens est arrivée à Copenhague pour soutenir le Danemark.
Zelensky lui-même sera présent jeudi au palais de Christiansborg, car la réunion sera également ouverte aux pays européens qui ne sont pas membres de l'UE. La Suisse y sera représentée par la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter.
Traduit et adapté par Noëline Flippe
