C'est ce qui s'appelle vouloir marquer le coup. Non content d'être investi président des Etats-Unis, Donald Trump se rêvait aussi crypto-milliardaire. A quelques heures de reposer ses fesses dans le Bureau ovale, le futur chef d'Etat a ainsi lancé sa propre monnaie virtuelle. Un jeton sobrement baptisé $TRUMP et au succès fulgurant.
Déployée sur la blockchain Solana, avec un approvisionnement initial de 200 millions de jetons, $TRUMP a augmenté la valeur nette du président de plusieurs milliards de dollars - enfin, sur le papier - avec une valorisation boursière atteignant les 12 milliards.
Preuve que l'intérêt est familial, les deux fils aînés du président – Don Jr et Eric – s'étaient déjà lancé depuis quelques mois dans cette industrie encore méconnue du commun des mortels, en lançant leur propre société l'été dernier, World Liberty Financial.
Quant à sa femme, Melania Trump, elle n'a pas tardé à emboîter le pas en introduisant dimanche son propre «memecoin», $MELANIA, par le biais de sa société MKT World LLC - jusqu'alors plus connue pour commercialiser des portraits de la première dame. Celle-ci a rapidement grimpé de plus de 40%, dépassant les 2 milliards de dollars.
Un signal clair que Donald Trump a fait de l'industrie des cryptomonnaies une priorité politique - et que son clan est prêt à saisir de nouvelles opportunités commerciales pendant son mandat, malgré sa promesse de ne pas lancer de nouvelles entreprises durant sa présidence.
Si le succès des deux monnaies virtuelles du couple a été aussi intense que bref (la valeur de $TRUMP a chuté de 50% depuis son lancement, se stabilisant autour de 37 dollars jeudi, quand celle de $MELANIA a dégringolé de 80%), l'intérêt des Trump pour la crypto a surtout eu don de susciter une volée d'inquiétudes et de critiques parmi les investisseurs et les représentants du domaine.
«C’est absolument absurde qu’il fasse ça», s'est notamment lamenté Nic Carter, co-fondateur d'une société d’investissement en cryptomonnaie, dans Politico.
Car les «memecoins» (aussi surnommées «shitcoins») sont des actifs numériques hautement volatiles dont la valeur fluctue de manière imprévisible. Dénués de véritable utilité commerciale, ils sont avant tout destinés à spéculer et s'avèrent très risqués pour les investisseurs.
$TRUMP, comme $MELANIA, «c'est le Far West», résume ainsi Ravi Sarathy, professeur de commerce international et de stratégie dans la revue économique Northeastern Global News. Et si des investisseurs venaient à subir des pertes significatives, cela pourrait devenir préjudiciable tant pour le président que pour l’ensemble du secteur, déjà soupçonné de favoriser la fraude et de mettre en danger les consommateurs.
«Cela va faire mal à beaucoup de gens, y compris à ceux qui croient aux crypto-monnaies», abonde un autre dirigeant du secteur financier ayant requis l'anonymat, dans les colonnes du quotidien américain.
Ce dernier ne croyait pas si bien dire. Car les nouveaux business de Donald Trump ont d'ores et déjà entraîné d'autres de ses enfants, dans des projets de cryptos non consentis.
C'est le cas d'Ivanka Trump, qui a dénoncé ce jeudi une «fausse crypto-monnaie» portant son nom. «$IVANKA fait l'objet d'une promotion sans mon consentement ou mon approbation. Pour être claire: je n'ai aucun lien avec cette pièce», a asséné la fille aînée du président dans un communiqué.
«Cette promotion est trompeuse et inacceptable. Mon équipe juridique étudie actuellement les mesures à prendre pour mettre fin à l'utilisation abusive de mon nom», conclut l'ancienne conseillère à la Maison-Blanche, qui s'est retirée de la politique.
Selon Forbes, il semblerait que $IVANKA ait été lancé sur la blockchain Ethereum en mai 2024 et n'ait pas encore approché la valeur de 0,01 dollar. Ceci dit, ce n'est pas le seul jeton non autorisé portant le nom de membres de la famille Trump à être en circulation.
Une pièce mème comportant le nom et l'image de Barron Trump semble également avoir été lancée sur la blockchain Solana, en juillet 2024. La pièce a une circulation autodéclarée de «42 quadrillions» et une capitalisation boursière d'un peu plus de 133 000 dollars, bien que ni Barron Trump ni aucun autre membre de sa famille n'ait reconnu un quelconque lien avec cette cryptomonnaie.
Alors que le patriarche rêve faire des Etats-Unis la «capitale mondiale des cryptos», une chose est certaine: ses héritiers vont devoir se préparer à en subir les conséquences.