Si on peut affirmer un truc à propos de la présidentielle de 2024, c'est qu'Hollywood n'a pas eu la moindre envie de se ranger du côté du candidat Donald Trump. Mais lorsqu'il s'agissait de prendre part au mariage du milliardaire avec une top model d'origine slovène aux yeux de chat du nom de Melania Knauss, il y a vingt ans... C'était une tout autre histoire.
Il faut dire qu'à l'époque, Donald Trump est encore loin d'être l'homme politique controversé et populiste que nous connaissons aujourd'hui. Au début des années 2000, ce n'est «qu'un» puissant promoteur immobilier qui vient de lancer - avec succès - sa propre émission de télé-réalité The Apprentice, dans laquelle il campe le rôle d'un magnat des affaires judicieux et respecté.
Autant dire que son troisième mariage, en janvier 2005, est un évènement très attendu. The place to be où se presse tout le gratin de la politique, des médias, du sport et du divertissement des Etats-Unis.
Pour ne citer que quelques noms parmi les 350 convives: Elton John, Heidi Klum, Anna Wintour, Bill et Hillary Clinton, Arnold Schwarzenegger, Russell Simmons, Mort Zuckerman, P. Diddy ou encore Usher, escortés à bord de breaks Volvo blancs vers Mar-a-Lago, le club privé adoré de Palm Beach, en Floride.
Curieusement, mis à part une poignée d'articles dans la presse de l'époque, on en sait finalement assez peu sur la cérémonie qui a vu s'unir Donald Trump, 58 ans, et Melania Knauss, 34 ans, le 22 janvier 2005. En 2016, The Hollywood Reporter avait bien tenté de solliciter des commentaires auprès de 89 participants. Aucun n’a répondu.
Même chose en ce qui concerne les photos. Appareils et téléphones portables étant rigoureusement prohibés, peu d'images de l'évènement ont filtré, à l'exception de quelques clichés officiels. On raconte que la journaliste Katie Couric, décrite comme la «faiseuse de troubles de la soirée», a été repérée par d'autres invités en train d’utiliser un petit appareil photo, en violation totale des règles. Quant aux journalistes et paparazzi qui ont essayé de soudoyer le chef d’orchestre pour qu’il les fasse entrer en douce, ils ont lamentablement échoué devant les grilles dorées du domaine de Floride.
Le romancier Joseph O’Neill est l'un des rares à avoir partagé ses souvenirs de la soirée dans une chronique pour le New Yorker, en 2016. Comme les autres convives, l'écrivain a eu toute la liberté de vaquer au spa du club, autour de la piscine ou à peaufiner son swing sur le green de golf, avant la fête du soir même.
Grâce à un article du New York Times publié le lendemain, on sait qu'il était environ 19 heures lorsque Melania est descendue dans l'allée centrale de l'église au son de l'Ave Maria, «magnifique» dans sa robe bustier et la tête entièrement recouverte d'un voile blanc d'une longueur de 5 mètres. Cela ne vous étonnera sans doute pas, mais le mot «obéir» a été magistralement absent des vœux du prêtre.
Sitôt le couple proclamé «mari et femme» et la mariée embrassée (non pas une, mais trois fois), c'est en direction de Mar-a-Lago et de sa salle de bal de style Versailles fraîchement rénovée (d'un coût total estimé entre 35 et 42 millions de dollars), avec ses moulures en or 24 carats et son kilomètre carré de marbre d'un kilomètre, que les invités ont conflué.
En effet, c'est à Melania qu'on doit l'organisateur de cette fête affriolante: après une bataille acharnée pour rafler le poste, son choix s'est porté sur le créateur d’événements new-yorkais Preston Bailey pour créer, selon ses propres termes, un mariage «très classique et très blanc», sur une palette de couleurs «très crémeuses et blanches». Ordre de la future Madame Trump?
Très classique et très blanc, peut-être, mais définitivement pas très sobre - entre les tables recouvertes de dentelle de satin et de brocart blanc et doré, les serviettes en lin enveloppées d'orchidées blanches, les fleurs «très romantiques et traditionnelles», à foison, sans oublier des candélabres d'1m50 de haut (pour «ajouter de la hauteur»).
C'est dans ce décor qu'on imagine un poil pompeux que les convives ont pu déguster champagne Cristal et petits hors d'œuvres de la main du chef Jean-Georges Vongerichten, alors à la tête du restaurant du Trump International Hotel de New York. Et puisqu'on est en Amérique, le menu du dîner de réception comprenait également une entrée de «salade de crevettes à la vapeur avec vinaigrette au champagne» et, en guise de plat de résistance, un filet de bœuf.
Les détails ne manquent pas non plus sur la bague de la mariée: un anneau du joaillier londonien Graff de 12 carats que Donald Trump aurait acheté 1,5 million de dollars, soit la moitié de son prix de détail (ou, selon la personne à qui on le demande, gratuitement, en échange d'une promotion dans The Apprentice).
Sinon, aussi soucieuse de la bande-son de son mariage que de tous les autres détails, Melania a exigé un orchestre à cordes complet de 46 cordes, complété par un saxophone, un piano, une basse et une batterie - sans oublier des sérénades chantonnées par Tony Bennett et Elton John. Une partie au terme de laquelle l'afterparty avec DJ s'est prolongée jusqu'aux petites heures du matin.
Mais la star de la soirée est ailleurs. Si la robe de la mariée, une création somptueuse signée Dior en satin blanc ayant nécessité près de 90 mètres de tissu et 550 heures de broderie à la main, était l'une des grandes stars de la cérémonie, une autre création toute aussi volumineuse a attiré l'attention.
Cette vedette, c'est un gâteau de mariage à sept étages d'1,88 m de diamètre et d'un poids de plus de 90 kg - une autre idée de Melania, selon Cédric Barberet, l'ancien chef pâtissier de Mar-a-Lago qui a réalisé l'opus final - un sponge cake classique jaune et or, blanc et parfumé au zeste d'orange, fourré de crème au beurre et imbibé de Grand Marnier.
Composé de 2000 roses en sucre confectionnées individuellement, il a fallu deux mois à l'équipe du pâtissier pour construire la plateforme et l’infrastructure de câblage du gâteau, «qui ressemblait à un gros bouquet».
Le hic? Avec tous les fils nécessaires pour tenir la structure, aucun des invités n’a pu en manger, rigole le pâtissier. Il a alors fallu à Cédric et son équipe préparer en urgence des mini «gâteaux de secours» individuels aux truffes au chocolat. Quant à l’original, il a été servi au personnel après le mariage», se souvient-il.
On ne sait pas si vous, mais ce qui nous concerne, à l'évocation de tout ce blanc soyeux, de ces dorures foisonnantes et de ces tons crème à foison, pas sûr qu'on ait encore très faim.